Les Chevaliers d'écume est la toute première incursion de Malagoli dans la littérature pour la jeunesse, après des débuts dans le domaine de la fantasy adulte chez Mnémos puis aux éditions Bragelonne. Il s'agit ici encore de high fantasy, l'Archipel de la Lyre étant un « monde secondaire » où l'exotisme emprunte tout de même de nombreux motifs à notre bonne vieille Terre, entre îles grecques, archipels coralliens et savane africaine. Dans cet univers maritime et îlien, une prophétie raconte qu'un Léviathan attend depuis mille ans de se réveiller pour monter des profondeurs de la mer où il est maintenu. Il déchaînera alors l'océan et menacera d'engloutir l'Archipel. Chaque mal ayant son remède, il faudrait, pour éviter ce cataclysme, aller quérir la Lyre magique d'Amma — déesse protectrice du monde et principe antagoniste du Léviathan — auprès des Faiseurs d'étoiles.

     Deux jeunes héros, compagnons de fortune, vont prendre sur leurs frêles épaules la responsabilité de la sauvegarde de l'Archipel. Il s'agit d'Aram, un garçon qui, parce qu'il souffrait de sa différence, a quitté le peuple des Semeurs, et d'un jeune Minotaure qui ne se reconnaît pas dans la violence de son peuple.

     Des ingrédients très classiques, somme toute : le temps cyclique, la prophétie, le péril, la quête de l'artefact magique et salvateur, l'initiation de jeunes protagonistes marqués par le sceau du destin et de la différence. Cela se lit sans déplaisir, sans déclencher non plus un enthousiasme excessif. Le style de Malagoli s'est délié depuis Le Sang d'Arion — aux éditions Mnémos — et ne ternit plus la poésie des images suscitées. Il manque tout de même un peu de chair à ce monde. Les événements se succèdent tambour battant, au pas de charge, et on n'a guère le temps de s'attarder quand on le ferait volontiers et quand à maintes reprises il y aurait matière à approfondir un peu, ne serait-ce que pour susciter de plus vives impressions. Attendons la suite pour affiner le jugement.