UGE (Union Générale d'Éditions) - 10/18
(Paris, France), coll. 10/18 n° 590-591-592-593 Dépôt légal : 3ème trimestre 1971, Achevé d'imprimer : 23 juillet 1971 Première édition Essai, 512 pages, catégorie / prix : 4 ISBN : néant Format : 10,7 x 18,0 cm Genre : Imaginaire
Sous-titré "ou le chevalier crispé" en page de titre (page 3). Contient 8 pages de documents (photos) encartés entre les pages 256 et 257.
Quatrième de couverture
Francis Lacassin qui, depuis 1962, a réhabilité la bande dessinée en France, présente aujourd'hui le mythe le plus célèbre du monde. Tarzan a inspiré 26 romans tirés à 90 millions d'exemplaires, 42 films de cinéma, 57 films de télévision, 500 émissions de radio, plus de 12 000 bandes dessinées.
1 - Burne HOGARTH, Tarzan un homme mythique à l'âge de la macromachine, pages 5 à 14, préface 2 - Première partie : Le mythe, pages 15 à 364, dossier 3 - Le Rêveur, pages 17 à 44, article 4 - L'Enfant trouvé, pages 45 à 68, article 5 - Le Revenant, pages 69 à 88, article 6 - L'Enfant abusif, pages 89 à 108, article 7 - Le Justicier, pages 109 à 134, article 8 - Le Chant des sirènes, pages 135 à 158, article, illustré par Russ MANNING 9 - Le Voyage, pages 159 à 200, article, illustré par Edgar Rice BURROUGHS 10 - L'Alchimiste, pages 201 à 232, article 11 - Le Messager, pages 233 à 262, article 12 - L'Imposteur, pages 263 à 298, article 13 - Le Reflet, pages 299 à 342, article, illustré par Hal FOSTER & Burne HOGARTH & William JUHRE & Russ MANNING & J. Allen ST-JOHN 14 - L'Insulté, pages 343 à 364, article 15 - Deuxième partie : les instruments du mythe, pages 365 à 504, dossier 16 - Edgar Rice BURROUGHS & Francis LACASSIN, Lexique du langage singe (1939), pages 367 à 375, lexique, trad. (non mentionné) 17 - Romans, pages 377 à 391, bibliographie 18 - Les Matériaux de Tarzan, pages 377 à 451, dossier 19 - Cinéma, pages 391 à 419, filmographie 20 - Films racontés, pages 419 à 423, bibliographie 21 - Bandes dessinées, pages 424 à 435, bibliographie 22 - Théatre, pages 435 à 436, liste 23 - Radio, pages 436 à 438, liste 24 - Disques et chansons, pages 438 à 441, bibliographie 25 - Télévision, pages 441 à 451, liste 26 - Les Tarzanides : Romans, pages 452 à 460, bibliographie 27 - Romans, pages 452 à 461, bibliographie 28 - Les Tarzanides, pages 452 à 476, dossier 29 - Cinéma, pages 461 à 467, liste 30 - Bandes dessinées, pages 467 à 473, liste 31 - Spectacles divers, pages 473 à 474, liste 32 - Parodies, pages 475 à 476, liste 33 - Romans, pages 477 à 498, liste 34 - L'Œuvre de Burroughs : romans, pages 477 à 503, bibliographie 35 - Cinéma, pages 498 à 501, liste 36 - Bandes dessinées, pages 501 à 503, liste 37 - Bibliographie, pages 505 à 507, bibliographie
Critiques
Tous ceux qui suivent avec attention la publication des Tarzan aux Editions Spéciales ne doivent pas manquer l'ouvrage que Francis Lacassin vient de consacrer à leur héros favori, et qui a été publié dans un volume quadruple de 10/18. D'ailleurs, si ce livre peut apporter des renseignements (et enseignements) indispensables à tous les tarzanophiles et burroughsophiles convaincus, il ne s'adresse pas qu'à une clientèle gagnée d'avance. Ceux qui ignorent ou connaissent peu, ou mal, le cycle des romans du Seigneur de la Jungle et l'œuvre d'un des plus grands romanciers d'aventures de tous les temps, ont tout à gagner à prendre connaissance du Tarzan de Lacassin : ouvrir son livre, c'est mettre le pied dans un piège particulièrement efficace, qui ne s'ouvrira, gageons-le, qu'une fois les romans de Burroughs provisoirement épuisés par une première lecture qui risque de n'être pas la dernière...
En gros, l'étude de Lacassin porte sur quatre parties principales : présentation de l'auteur et enfantement de Tarzan ; puis Tarzan à travers les livres ; les films ; les bandes dessinées.
Mais ces différentes approches ne sont pas qu'un simple résumé de thèmes ou un survol esthétique. Lacassin a creusé beaucoup plus profond, et dans les chapitres réservés par exemple à la genèse du personnage, il produit notamment des lettres restées jusqu'alors inédites de Burroughs et de son éditeur, qui éclairent de façon tout à fait concrète la dialectique de la création d'une série « populaire » selon la chaîne public (demandeur) — éditeur (organisateur) — écrivain (exécutant), ceci n'étant qu'une précision matérialiste et sociologique qui n'enlève rien au talent de l'auteur... De la même façon, Lacassin, toujours à l'aide d'exemples précis puisés dans les textes, cloue définitivement le bec aux tenants de certaines interprétations hâtives (Tarzan raciste ou colonialiste, par exemple), en même temps qu'il explique grâce à une analyse structurale très simple les raisons du succès mondial de ce héros (archétype de l'enfant perdu et retrouvé des romans du XIXesiècle, plus l'évasion hors de la civilisation déjà contraignante).
Si les chapitres consacrés à la bande dessinée et au cinéma sont plus rapidement enlevés, c'est que Lacassin est surtout préoccupé par la créature de Burroughs à l'état brut, et non pas tellement par les moules successifs dans lesquels d'autres créateurs et d'autres modes d'expression l'ont enfermé, voire humilié (pour reprendre l'expression dont usait Lacassin lui-même dans son précédent essai, Tarzan, mythe triomphant,mythe humilié, paru en 1963, dans un numéro introuvable de la désormais défunte revue Bizarre). D'ailleurs Lacassin a la dent dure pour le cinéma hollywoodien qui, à coups de détournements, d'hypocrisie, de trahisons conscientes ou inconscientes, et avec l'aide du code Hays, a complètement « décodé » le mythe originel pour en faire une pièce inoffensive de l'american way oflife. La révision récente, à la télévision, de quelques-unes des productions de Sol Lesser, avec Johnny Weissmuller, ne peut que confirmer cette opinion...
Bref, Tarzan ou le chevalier crispé, malgré ses 500 pages, s'avale comme un verre de bière par un beau jour d'été. On ne peut certes rien reprocher à cette étude passionnante (si ce n'est une insuffisance iconographique — mais la publication en format et prix poche a ses inconvénients qu'il faut savoir accepter), qui est complétée par une préface de Burne Hogarth en personne, et des annexes comprenant aussi bien un lexique du parler des Grands Singes que le recensement complet de TOUS les livres, TOUS les films (cinéma et TV), TOUTES les bandes — y compris les plagiats, contrefaçons, rencontres, satires... Et si on ne peut rien lui reprocher, c'est naturellement parce que Francis Lacassin connaît son sujet et l'aime — deux propositions indispensables à une telle entreprise, et qui sont, hélas, bien peu souvent réunies (sinon même absentes l'une et l'autre) chez ceux qui essayent ici ou là de disserter sur la littérature fantastique.
Il nous suffira pour conclure de répondre au lecteur d'un Courrier de Galaxie qui réclamait dans une des deux revues une étude sur Tarzan : inutile chez nous, c'est maintenant chose faite (et bien faite) ailleurs...