Enterrée profondément sous la ville de Raccoon City, la Ruche est un complexe scientifique ultra-secret appartenant à la multinationale Umbrella Corporation. Au sein de ses laboratoires travaillent cinq cent trente-trois informaticiens et chercheurs en virologie. Aujourd'hui, à 15 h. 16 heure locale, le complexe a été attaqué. Il n'y a aucun survivant. Qui est à l'origine de cet effroyable carnage ? C'est ce que doit découvrir le commando STAR, une équipe de soldats surentraînés dépêchée sur les lieux. Mais que peuvent de simples mortels confrontés au mal absolu ? Huit cents mètres sous terre, personne ne vous entend crier.
Basé sur la série de jeux vidéo éponymes, Resident evil, avec Milla Jovovich et Michelle Rodriguez, est le nouveau film de Paul Anderson, le réalisateur de Mortal Kombat et Event horizon, le vaisseau de l'au-delà.
Thomas Day est l'auteur d'un recueil de nouvelles, Sympathies For The Devil, et de plusieurs romans dont L'Instinct de l'équarrisseur et L'École des assassins, en collaboration avec Ugo Bellagamba.
Critiques
Il y a une histoire derrière la novélisation de Resident Evil, jeu puis film, mais ce n’est pas celle que vous croyez. De ce que j’ai pu entendre ici et là, et en recoupant des racontars, j’estime pouvoir dire que les choses se sont passées plus ou moins ainsi.
Après la catastrophe du virus-T survenue dans la Ruche, sous Racoon City, le service communication d’Umbrella Corporation a voulu étouffer l’affaire. C’est là qu’a germé l’idée d’une fiction grand public qui viendrait brouiller les repères en mêlant le vrai au faux… Ozwell E. Spencer, fondateur de la boîte, a pensé confier l’écriture du livre à un Français.
Sur le papier, c’était une excellente idée. Imaginez, de l’autofiction bourrée d’adverbes, le nombrilisme élevé en sport national, Marguerite Duras écrivant La Nuit des morts-vivants, tout le monde décrocherait à la troisième page et l’affaire serait enterrée. Umbrella a donc misé sur Héloïse d’Ormesson pour trouver le candidat idéal.
Seulement voilà, l’éditrice a confié le soin de rédiger un chapitre test à trois plumes confirmées de l’Imaginaire : Thierry Di Rollo, Sabrina Calvo et Thomas Day. Thierry a rendu sa copie en premier et le service juridique de la firme a franchement tiré la tronche. Au lieu de l’attendu récit édulcoré, les avocats se trouvaient face à un reportage, du réel vécu à l’état brut. Thierry était tombé juste simplement en l’imaginant. Puis ils ont découvert le texte de Sabrina Calvo. L’essai a été refusé mais, sur sa base, Calvo a été embauchée direct au département Recherches et Prospectives d’Umbrella. On a vu ce que cela a donné par la suite.
Reste Thomas Day qui a fait le taf, et davantage encore. Alors bien sûr certaines références ont vieilli, comme Marylin Manson, et parfois le style est négocié au frein à main sans rétrograder. Mais pour un texte dont la deadline était à rendre hier, le résultat est honorable. D’autant que l’auteur s’y fait plaisir. Mieux, à certains moments, Thomas Day est à la hauteur de son propre univers, comme lorsqu’un dogue se jette sur Clarence avec force détails dans le mignotage de gueule, et déploie même son répertoire si reconnaissable : « ton charme de mâle plein de foutre et d’hormones » ; « gicler la chair des corps pourrissants » ; « tout son être exhale une puanteur atroce où se mêlent le faisandé et l’odeur hautement répulsive — acide — d’une méchante diarrhée ».
Resident Evil ne démontre pas que Thomas Day a du talent, on le savait déjà. Mais le boulot de commande confirme qu’il est un professionnel à l’américaine, capable de tout écrire. Et c’est un compliment.
Un terrible virus se répand dans la « Ruche », centre de recherche scientifique high-tech souterrain. L'intelligence artificielle qui la régit bloque toutes les issues pour empêcher sa propagation à l'extérieur. Un commando d'élite est envoyé pour constater les dégâts et désactiver l'ordinateur. Ils constatent que les 500 travailleurs de la Ruche sont devenus des zombies. Pris au piège, ils doivent terminer leur mission, sauver leur peau et le monde.
La novelisation de Thomas Day colle au plus près au script. Autant dire que l'histoire est classique, gentiment bourrine (ce n'est pas péjoratif), très très légèrement complexifiée par l'amnésie et le double jeu de certains personnages. Pas de scènes en moins, ni en plus ; juste des détails dans les descriptions, les pensées des personnages, une introduction du point de vue de l'intelligence artificielle, ces petites choses que permet un roman et pas un film. Le livre alterne descriptions, scènes de baston, et dialogues/explications pour souffler un peu. Cumulées, les scènes d'actions sont un peu longues (on se doute qu'elles sont bien moins efficaces que dans le film) : le bouquin aurait pu être avantageusement réduit.
Finalement, le livre est à l'image du film : pas prise de tête, sans autre prétention que de vouloir faire passer deux heures plaisantes. Entre deux romans plus sérieux, ça décrasse les neurones. Mais bon, même si un réel effort a été fait sur le prix, ça ne mérite pas de figurer dans la collection « Lunes d'encre », autrement plus prestigieuse et ambitieuse.
La couverture est l'affiche du film. On est prévenu. Et dans les remerciements, celui qui se présente comme non pas l'auteur mais le « novélisateur » clame qu'il a dû écrire ça en trois semaines, à partir de la V.O. On admettra que pour continuer de publier d'excellents livres, dont tous ne trouvent pas leur public, comme les fantasy chinoisantes de Barry Hughart, il peut falloir renflouer une collection avec des « machins » mal qualifiables. L'acteur et patron de cirque Jean Richard disait bien nourrir ses lions avec ses navets.
Faut-il raconter ? On ne saurait dire qu'il ne se passe rien : expérience qui tourne mal, entreprise tentaculaire mais aussi complot révolutionnaire (pour ne vexer personne), commando, huis clos dans des laboratoires souterrains, trahisons, flingues, karaté, lasers découpeurs de corps, ascenseur fou, ordinateur déraillant, noyades, monstres plus ou moins plausibles (le lapinot de Sacré Graal, survitaminé), morts-vivants très voraces, chiens plutôt coriaces, héroïne amnésique parce que c'est une ficelle commode qui permet des rebondissements téléphonés, clins d'œil exaspérés du scribe en direction d'Alien, violence, violence et re-violence, d'autant que, comme on sait, le tout dérive d'un jeu électronique. Ce qui peut d'ailleurs sauver l'opération : même si le film a fait un flop qu'il semble mériter, des joueurs peuvent acheter le volume. S'ils lisent. Sinon, Thomas Day aura en vain perdu vingt et un jours. Sans même parfaire son image d'auteur « quelque peu » violent : on a vu plus rude dans le genre, malgré l'entassement de cadavres.
Cela dit, la chose se laisse d'autant plus lire qu'elle est imprimée en gros caractères et incite peu à penser. Et l'on pourra sans doute se dispenser de la série concurrente au Fleuve Noir. Même si la lire ferait perdre beaucoup moins que trois semaines.