Marc Drake, auteur d'heroic fantasy à succès, est en panne d'inspiration. C'est alors qu'il apprend qu'il est le seul héritier d'une vieille écossaise qui lui lègue entre autres un mystérieux château-fort. Il s'y rend donc, en compagnie d'un jeune avocat lui-même grand amateur de fantasy. Les choses se compliquent lorsque le patron de l'avocat, un sosie d'Hitler, dérobe une lettre d'instructions émanant de la défunte... et surtout lorsque le château se révèle truffé de créatures fantastiques et magiques !
Même si le coup de l'héritage providentiel ne brille pas par son inventivité, les premiers chapitres du Château sans nom sont sympathiques, d'autant plus qu'on s'imagine un temps tenir une aimable parodie où l'auteur-protagoniste serait confronté aux situations qu'il imagine d'ordinaire.
Hélas, les héros se découvrent trop vite être des mages-guerriers qui s'ignoraient. Dès lors, fini l'éventuel décalage, la profession de Drake n'a plus aucune importance. Il n'y a plus que de l'action, de l'action et encore un peu d'action, avec comme seul enjeu l'opposition entre une reine noire et, devinez quoi, une reine blanche !
Tout se passe alors comme dans un jeu vidéo de type Dungeon Master (désolé, mes références datent un peu). Les personnages doivent s'équiper avec ce qui traîne, récupérer des armes toujours plus costaudes, boire des potions pour ne pas perdre trop de points de vie, bastonner des quantités de monstres dont on se demande bien ce qu'ils font là — il faut dire que personne ne prend le temps de leur poser la question... De temps en temps, il y a des gentils quand même.
Evidemment, le lecteur qui cherche autre chose qu'une succession effrénée de péripéties et de combats peut passer son chemin, d'autant plus qu'après deux tomes, soit quelque 640 pages, on ressort quelque peu éreinté de l'épreuve — le dénouement du Gouffre de l'Enfer n'ayant pas d'intérêt supplémentaire, malgré le changement de couleur des reines.
« Roman d'aventures survolté » et « texte de pur divertissement » nous dit l'éditeur. Difficile de prétendre le contraire. Les amateurs d'action désireux de retrouver en littérature l'ambiance de leurs jeux favoris seront sans doute comblés. L'écriture est dynamique et il règne une bonne humeur générale qui rend la lecture plutôt plaisante. Si on a quelques heures devant soi sans avoir envie de « se prendre la tête », pourquoi pas ?
Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 1/10/2002 dans Asphodale 1
Mise en ligne le : 1/6/2004