Michael MOORCOCK Titre original : The Golden Barge: A Fable, 1979 Première parution : Angleterre, Manchester : Savoy Books, décembre 1979ISFDB Traduction de Isabelle PAVONI Illustration de Alain BRION
GALLIMARD
(Paris, France), coll. Folio SF n° 114 Dépôt légal : octobre 2002, Achevé d'imprimer : 2 octobre 2002 Roman, 256 pages, catégorie / prix : F6 ISBN : 2-07-042150-3 Format : 11,0 x 18,0 cm✅ Genre : Fantasy
Au pied de la ville, imperturbable, coule le fleuve. La brume matinale enveloppe la cité à flanc de colline ses ruelles, ses clochers, ses immeubles entassés.
Bientôt le soleil dissipera les mystères confus de l'aube. Mais pour l'heure voici Jephraim Tallow ; il s'assied sur la berge et contemple, frissonnant, l'image de son corps étrangement bâti.
Quand devant lui passe le chaland d'or ; il émerge des brumes, illuminé d'une clarté surnaturelle, puis disparaît dans le silence.
Dès lors Jephraim sait qu'il lui faut répondre à son appel irrésistible et descendre le fleuve. Vers des pays légendaires où règnent la guerre, la famine, la tyrannie, mais aussi l'enchantement.
Conte fantastique dans la lignée du Gormenghast de Mervyn Peake, roman d'aventures, fable intemporelle, Le chaland d'or est une oeuvre baroque et sensuelle, où se devinent en filigrane les antihéros mythiques de l'auteur d'Elric le nécromancien.
Père de Gloriana, de Hawkmoon et de Jerry Cornelius, Michael Moorcock est un des géants de la science-fiction et de la fantasy. Son oeuvre la plus ambitieuse, Mother London, a été publiée dans la collection Lunes d'encre aux Editions Denoël.
Critiques
Le premier roman que l'auteur ait achevé en 1958, condensé sept ans plus tard, exhumé totalement après treize autres années, traduit en français après encore quinze ans, nous arrive en poche. C'est une fable, dans un monde hors du temps, vaguement médiéval mais avec fusils et bateaux à moteur. Avec un anti-héros qui perd son nombril, abandonne sa mère et se lance sur le fleuve, poursuivant un fabuleux navire tout juste entrevu, inaccessible, mais revenant toujours à l'horizon malgré les retards, détours et péripéties, la découverte de quelque chose qui ressemble à de l'amour, la traversée d'un pays ravagé, l'arrivée dans une ville où est partagé le sort d'un prêcheur recherché par les sbires du maître des lieux, ou la participation, plus en aval, à une révolution puis à un complot contre-révolutionnaire, avec entre-temps un bref glissement vers un pays plus imaginaire que les précédents... le tout étant émaillé de tortures subies, de trahisons plutôt minables, d'un assassinat particulièrement immonde, de mensonges et de lâchetés, péripéties picaresques qui n'existent que pour retarder ou faciliter la poursuite fondamentale, laquelle oscille pourtant entre vanité et vacuité, tout comme le « nabot » ou la « caricature humaine » qui la vit, même si celui-ci finit par ressentir quelques émotions au contact de qui le rencontre. La métaphore est claire, ou plutôt il est clair qu'il s'agit d'une métaphore que, dans le détail, chacun réinterprétera comme il lui plaira. En regrettant sans doute une abstraction qui ne saurait satisfaire l'amateur d'aventure, et une relative superficialité qui décourage la lecture au second degré... Il n'en reste pas moins qu'on a là un document, une trace archéologique, un ancêtre de tant d'autres romans et de tant d'autres personnages, d'Elric à Gloriana, que cela ne peut que retenir l'attention du passionné, en complément du dossier récemment consacré à Moorcock, sous forme de numéro spécial, par la revue Bifrost.