Les légendes du Roi Arthur et de la Table Ronde sont fort prisées dans les pays anglo-saxons, où on les voient très fréquemment resurgir dans la fantasy moderne. L'exemple le plus connu en France est bien entendu Les dames du lac et Les brumes d'Avallon de Marion Zimmer Bradley qui, malgré une version française tronquée et trafiquée, a connu un immense succès de librairie, mais c'est un véritable sous-genre de la fantasy qui s'est créé autour de Merlin et d'Arthur : Gillian Bradshaw, Richard Monaco ou Parke Godwin en sont parmi les représentants les plus visibles actuellement chez les anglophones.

     Du côté de la France, on ne peut pas vraiment dire que les légendes arthuriennes connaissent un grand renouveau : sorti de quelques éditions pour enfants (chez Folio-Junior, en Casterman-Epopée et dans les romans les plus récents de Michel Cosem) et de L'Enchanteur de René Barjavel (désormais disponible chez Folio) c'est le grand vide. Y aura-t-il un jour un éditeur assez fou pour rééditer la pentalogie de Xavier de Langlais  ? Toujours est-il que c'est dans cette lignée que s'inscrit le roman de Florence Trystam. Elle s'est concentrée sur le personnage de Lancelot, ne gardant de l'ensemble des mythes de la Table Ronde et de la Quête du Saint Graal que les éléments concernant directement le chevalier que l'ont dit successivement du Lac, à la Charette ou Chevalier Blanc. Et si je dit qu'elle s'inscrit dans la lignée de Xavier de Langlais, c'est qu'elle a adopté la même technique de narration : une sorte de non-style qui ne développe pas les descriptions ou la psychologie et ne s'attarde pas non plus dans des descriptions, mais rend simplement compte des faits, de manière assez sèche — trop peut-être.

     Ce n'est donc pas tant comme un texte littéraire qu'il faut juger ce livre, mais plutôt comme un document, un récapitulatif plaisant et accessible des légendes concernant le chevalier Lancelot. Florence Trystam avait déjà plusieurs fois œuvrée aux frontières du fantastique et de la SF, et son avant-dernier roman mettait même en scène le même Lancelot de nos jours, dans l'univers des motards.