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Mirages lointains

Jamil NASIR

Titre original : Distance Haze, 2000
Traduction de Pierre-Paul DURASTANTI
Illustration de Wojtek SIUDMAK

POCKET (Paris, France), coll. Science-Fiction / Fantasy n° 5759
Dépôt légal : décembre 2002
Première édition
Roman, 320 pages, catégorie / prix : 7
ISBN : 2-266-10769-0
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     La Fondation Deriwelle a des millions de dollars à dépenser. Bâtie sur des terres sacrées indiennes, elle accueille des prix Nobel et dispose des équipements technologiques les plus sophistiqués. Son but : apporter la preuve scientifique de l'existence de Dieu.
     Pour Wayne Nolan, écrivain à la dérive qui a accepté d'écrire un livre sur la Fondation, ses « chercheurs » sont une bande de fêlés plus ou moins pathétiques, mais lui-même commence à faire des rêves étranges...
     Notamment ceux où un vieux chaman indien propose, pour la modique somme de cinq mille dollars versée sur un compte bancaire anonyme, de lui révéler le secret de la vie...

     Par l'auteur de « La tour des rêves », Grand Prix de l'Imaginaire 2003, dans la catégorie du meilleur roman étranger.
Critiques
     Dans La Tour des rêves, précédent roman de l'auteur critiqué dans le n° 26 de votre revue préférée, on suivait la quête de Blaine Ramsey, prospecteur en archétypes et occidental bon teint désireux de sauver la belle actrice égyptienne Aïda de ses tortionnaires, le tout sur fond d'immeubles qui se pètent la gueule. Dans Mirages lointains, on suit l'immersion de Wayne Dolan dans un environnement particulier, celui de la Fondation Deriwelle : un ramassis de savants (fous pour la plupart) qui cherchent à prouver que Dieu existe ou, au contraire, qu'il n'existe pas. Voilà donc le point de départ de ce roman de trois cents pages (ajoutez à cela une maison sur la plage et vous aurez le décor), sauf que Jamil Nasir ne nous raconte pas cette histoire-là. Il nous en raconte une autre — la sienne sans doute — , celle d'un homme qui essaye de survivre à son divorce, de finir son dernier livre de science-fiction et d'en mettre un petit coup à la fille soyeuse (son fantasme portatif ; une vulgaire pute de luxe en fait). Un homme qui, d'être trop resté adolescent, ne va pas tarder à tomber amoureux d'une insupportable junkie. Une mante religieuse infirme qui va, peu à peu, emporter Wayne avec elle dans sa spirale autodestructrice.

     Livre dickien, psychothérapie rémunératrice, réflexion sur Dieu, l'amour et les filles trop belles, Mirages lointains est tout ça et bien plus encore (la beauté est le plus traître des mirages). Malheureusement, une fois l'ouvrage terminé, la frustration est importante car l'auteur ne répond à aucune des questions science-fictives qu'il pose, préférant répondre aux autres et explorer les confins de sa sexualité déclinante. Dans le même genre, avec franchement plus d'action, j'avais préféré Mysterium de Robert Charles Wilson, petit chef-d'œuvre traduit lui aussi par Pierre-Paul Durastanti. Mirages lointains n'est pas un mauvais livre, surtout en regard du reste de la production, c'est juste un livre étrange, déconcertant et axé principalement sur le traumatisme que constitue un divorce. Autre problème, il s'agit d'un ouvrage qui ne commence réellement qu'à la page 112, de quoi laisser bien des lecteurs en chemin.

CID VICIOUS
Première parution : 1/4/2003 dans Bifrost 30
Mise en ligne le : 1/5/2004


     Après La Tour des rêves (lauréat du Grand Prix de l'Imaginaire 2002, catégorie Roman étranger), où des visions oniriques jaillies de l'inconscient collectif font une incursion alarmante et prophétique dans l'état de veille de toute une population, songes et réalité vont encore se mélanger de façon inquiétante dans ce tout dernier roman de Jamil Nasir, mais sur un plan plus intime.
     À mi-parcours dans sa vie, Wayne Nolan est un homme en crise après avoir subi des échecs dans son mariage et dans sa carrière d'écrivain de science-fiction (on se doute que ce livre contient un certain nombre d'éléments autobiographiques, d'où sa force et son authenticité émotionnelles). Pour le tirer de cette mauvaise passe, son éditeur l'envoie, afin de pondre l'un de ces best-sellers de vulgarisation scientifique, en mission d'enquête auprès de la Fondation Deriwelle. Située près du lac Michigan, cette Fondation, legs d'un milliardaire excentrique, finance très généreusement des recherches destinées à apporter la preuve scientifique de... l'existence de Dieu. Malgré la présence de deux prix Nobel et des équipements ultramodernes, Nolan reste sceptique après un premier aperçu des expériences en cours : tentatives de reproduire par réorientation sensorielle l'état de conscience des yogis, tests pour prouver l'influence statistique des fantômes sur les coups de dés, casquettes servant à mesurer les ondes cérébrales émises lors des transes mystiques, etc.
     Mais en dehors des laboratoires de la Fondation, Nolan se voit lui-même en proie à des états d'esprit bizarres. Est-ce l'influence du magnifique décor naturel au bord de cet immense lac, où la terre, l'eau et l'air se confondent dans la distance en mirages troublants ? Ou peut-être même celle de la frustration sexuelle provoquée par la proximité de charmantes jeunes femmes qui ont loué la maison d'à côté, mais qui n'ont visiblement rien à faire d'un homme usé comme lui ? Quoi qu'il en soit, il y a ce chaman indien qui revient avec insistance dans ses rêves et qui lui propose de révéler le « sens ultime » de la vie et de l'après-mort contre le dépôt de cinq mille dollars dans un compte bancaire numéroté...
     Portrait magistral et poignant du désarroi qui atteint trop souvent les hommes à la quarantaine, quand on lutte pour ne pas lâcher prise sur la raison tout en voulant garder ses illusions les plus chères (l'amour avec un grand A, la vie avec un grand V, ou tout simplement un « happy end » qui donnerait un sens à toute cette souffrance...), ce roman réussit à maintenir une certaine ambiguïté ainsi qu'une tension dramatique assez surprenante jusqu'à la fin. Si, à chaque moment, Nasir nous tend la perche d'une solution raisonnable (canular, suggestibilité, neurochimie défaillante) qui pourrait expliquer les expériences mystérieuses du protagoniste, on partage néanmoins avec ce dernier sa volonté de croire (comme ce « / Want to Believe » affiché par Fox Mulder dans X-Files) que juste en-dessus ou au-delà de cette réalité, il existe un autre monde possible. Psychologiquement, au moins, c'est très convaincant.

Tom CLEGG (lui écrire)
Première parution : 1/4/2003 dans Galaxies 28
Mise en ligne le : 1/9/2005

Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantes
François Rouiller : 100 mots pour voyager en science-fiction (liste parue en 2006)

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