VOILÀ DIX ANS QUE PALPATINE A ÉTÉ ÉLU CHANCELIER SUPRÊME POUR SAUVER LA RÉPUBLIQUE ET RIEN NE VA PLUS, LA FORCE EST EN CRISE, LES QUERELLES S'ENVENIMENT, LES SÉPARATISTES PRÉPARENT OUVERTEMENT LA GUERRE ET LE SÉNAT EST PARTAGÉ : FAUT-IL LEVER UNE ARMÉE ? CONTINUER À PARIER POUR LA PAIX ? TOUT EST BLOQUÉ, TOUT POURRAIT VITE SOMBRER DANS LE CHAOS.
Anakin Skywalker a grandi dans une ère de bouleversements. Malicieux et insoumis, hardi et résolu, l'apprenti Jedi est un défi pour son Maître Obi-Wan Kenobi. Le temps n'a pas émoussé ses sentiments intenses qu'il voue à la Sénatrice Amidala : un attentat contre la belle diplomate les rapproche pour la première fois en dix ans.
Mais le côté obscur se déploie, brouillant la perception des événements pour les Jedi. À leur insu, le désastre s'annonce, et ils n'éprouvent qu'un malaise colossal.
Quant aux amants, ils sont reliés par une connexion si intense que tout le reste peut s'affaisser autour d'eux sans qu'ils y prennent garde. Anakin va se perdre dans des pulsions qu'un Jedi, ayant prété serment d'allégeance unique à son Ordre, s'interdit d'éprouver.
Ecrire la novélisation d'un film s'avère généralement un exercice hautement périlleux. Surtout quand il s'agit d'un univers aussi codifié que celui de la Guerre des Etoiles. On imagine que chaque livre de la série doit être supervisé par le maître d'œuvre George Lucas ou l'un de ses assistants ; dans ces conditions, l'imagination personnelle de l'auteur — qu'on oubliera sans doute beaucoup plus rapidement que le film lui-même — n'a aucune possibilité de s'exprimer. Seul transparaît son professionnalisme, à travers sa manière de trousser des scènes efficaces et cinégéniques. Sur ce point, on peut faire confiance à R. A. Salvatore, auteur prolifique — certains diront plus péjorativement tâcheron — qui s'est notamment signalé par de nombreux livres situés dans l'univers des Royaumes Oubliés. Son expérience lui permet de nous livrer une novélisation qui donne une bonne idée de ce qu'est le film. A savoir une oeuvre à mi-chemin entre la trilogie originelle et La menace fantôme. De la première, L'attaque des clones semble retrouver tant soit peu l'âme, qui manquait cruellement au premier épisode. Mais de la seconde, ce roman retient malheureusement la subtilité de l'éléphant dans un magasin de porcelaine.
On le sait depuis bien longtemps, ce tome de la saga s'attache à la relation que nouent Anakin Skywalker et Amidala. Et là, malheureusement, il faut s'attendre au pire : leur amourette digne d'un médiocre Harlequin s'étale sur de nombreuses pages sans grand intérêt. Heureusement, l'intrigue est découpée en deux fils parallèles, l'autre montrant de manière autrement plus convaincante un Ob-Wan Kenobi qui va de découverte en découverte. Les autres bonnes surprises sont la relative absence de l'ineffable Jar-Jar Binks, omniprésent dans le premier épisode, et un travail sur les personnages nettement plus approfondi que dans La menace fantôme.
Toutefois, ces bons points ne sauraient faire oublier le véritable point faible de cette nouvelle trilogie : un cruel manque d'originalité. A chaque nouvelle histoire, on cherche vainement ce qui, dans le scénario, renouvelle un tant soit peu le thème. Dans le cas de L'Attaque des Clones, il faut se rendre à l'évidence : Lucas reprend une nouvelle fois les mêmes ingrédients pour les mixer différemment. Aussi aurons-nous droit au début du roman à une course-poursuite très efficace et, à la fin, à un combat au sabre-laser qui ne l'est pas moins. Bien sûr, un épisode de Star Wars sans duel au sabre ne serait pas vraiment un Star Wars, mais au-delà de ces contraintes de base, la pauvreté du scénario est frappante (hormis une scène violente sur Naboo, mais chut).
Bref, le nouvel opus Star Wars marche sur les traces de son prédécesseur. Il comble certaines lacunes et rend un brin de souffle à la saga. Nul doute que les effets spéciaux du film seront encore une fois grandioses. Mais on ne pourra s'empêcher de penser que tout cela sent très fort le carton-pâte recyclé.