LAROUSSE
(Paris, France), coll. Guide Totem Dépôt légal : septembre 1999 Première édition Encyclopédie / Dictionnaire, 384 pages, catégorie / prix : nd ISBN : 2-03-051112-9 Format : 14,5 x 22,5 cm✅ Genre : Science-Fiction
Patrick Gaumer, Christophe Petit et Martin Winckler sont mentionnés comme collaborateurs.
Quatrième de couverture
Le Guide de la science-fiction vous convie à un voyage sans frontières dans un genre aux multiples facettes : littérature, cinéma, bande dessinée, séries télévisées... Au cours de cette visite des territoires de l'imaginaire, on rencontre Jules Verne et Philippe K. Dick, Alien et Terminator, Valérian et le docteur Spock. Plus d'un siècle de fantasmes et de spéculations, de lendemains qui chantent et de cauchemars programmés.
Organisé de façon alphabétique (plus de 500 entrées), le Guide est jalonné de dossiers thématiques, évoquant les géants de l'âge d'or ou la révolution cyberpunk, les arcanes du multimédia ou les univers de la fantasy.
Richement illustré, fourmillant d'anecdotes, d'analyses et de références, le Guide de la science-fiction est un véritable passeport pour d'autres dimensions.
1 - Préface, pages 5 à 9, préface 2 - (non mentionné), Bibliographie, pages 371 à 372, bibliographie 3 - (non mentionné), Index, pages 373 à 382, index
Critiques
Au poids de l'objet, on tient une première certitude : le guide de Lorris Murail aura une utilité certaine ; il peut déjà servir à donner un coup sur la tête aux ennemis du genre ! Plus sérieusement, les spécialistes seront toujours tentés d'accabler une entreprise de ce genre (quelques-uns se laisseront sans doute aller aux délices du dénigrement gratuit), jamais satisfaisante pour le fan qui n'y apprendra rien mais saura repérer les erreurs que, lui, n'aurait pas faites (en oubliant de mentionner celles qu'il aurait commises à la place de l'auteur !). Murail ayant ses coups de cœur et les revendiquant, il énervera tous ceux qui n'ont pas les mêmes que les siens. Alors, avant d'en venir aux inévitables erreurs, lacunes et omissions partisanes, précisons déjà que ce guide a un mérite essentiel : celui d'exister dans une grande maison bien connue pour son Dictionnaire (au point d'énerver dès la couverture : écrire « Science-fiction » est certes grammaticalement correct, monsieur Larousse, mais jamais usité dans notre domaine).
Chacun cherchera l'inexactitude ou l'erreur flagrante ; à vrai dire, il y en a peu. Signalons-en deux pour apporter notre petite contribution à l'amélioration de la seconde édition : Escales sur l'horizon est parue en 1997 et non en 1998 (page 216) et Fiction a disparu en 1989 et non en 1990 (pages 181 et 232). Plus grave : si Murail évoque Volodine, c'est pour affirmer qu'il s'agit d'un « des seuls talents originaux de la SF française après 1980 » ! Injuste coup de pied de l'âne à la SF française moderne. L'index nous laisse donc médusé : Ayerdhal ? N'existe pas... Bordage ? N'existe pas... Dunyach ? N'existe pas... Wagner ? Si vous espériez Roland, c'est raté. À Wagner, vous trouverez Bruce Wagner, l'auteur américain de comics... Ligny est certes mentionné brièvement, mais uniquement comme auteur jeunesse. On s'interroge : hostilité inexplicable contre la SF nationale ou méconnaissance des évolutions récentes du genre ? Pour la SF française, à l'évidence, Murail a décroché depuis dix ans — au moins. Mais il ignore aussi les évolutions de la SF européenne : écrire à l'entrée Aldani qu'on « ne connaît pas grand-chose d'autre de la SF italienne », c'est faire l'impasse sur Valerio Evangelisti, Luca Masali et tout le renouveau de la SF italienne !
Reste un bien bel objet, à l'iconographie superbe, un bon panorama des principaux événements du genre, témoignant d'une connaissance fine et souvent pertinente de la SF anglo-saxonne. Ce n'est pas si mal ! Murail contribue donc — malgré les réticences que nous avons concernant quelques manques fâcheux — à la grande entreprise de réévaluation de la SF en France et à son institutionnalisation (le phénomène se produit enfin, en cette fin de siècle, à la manière de cet autre « mauvais genre », le polar, qui a fini par avoir ses lettres de noblesse). À ce titre, le guide de Murail entrera dans les bibliothèques et les C.D.I des lycées où il jouera un rôle utile d'instrument de défrichage. Bilan positif : « le Murail » est à recommander à tous ceux qui ne connaissent pas la SF et veulent la (faire) découvrir.
En 1993 paraissait, chez Bordas, un premier ouvrage de Lorris Murail, intitulé Les maîtres de la science-fiction, livre fort bien accueilli dans ces colonnes (critique et interview in Phénix 37). Ce second en constitue une reprise partielle. La forme, tout d'abord, est fort différente. Là où le Bordas était thématique et peu illustré, le Larousse est un véritable dictionnaire alphabétique et l'iconographie est très abondante. Commun aux deux parutions, le souci de garnir les articles de citations de critiques ou d'écrivains, ce qui est souvent instructif. Les textes relatifs aux auteurs sont repris du premier essai, ainsi que ceux concernant certains thèmes. Ce qui est totalement nouveau, par contre, ce sont les très nombreuses entrées consacrées aux autres médias : films, séries télévisées, albums de bande dessinée (dont Bob Morane, oublié précédemment). Il y a là une nette ouverture à l'actualité par rapport à l'ancienne version, plus intellectuelle et ciblée. Tant la forme que le contenu destine cet ouvrage au grand public, celui qui connaît (un peu) la SF, essentiellement par l'image et qui désirerait aller plus loin. Il y apprendra beaucoup sur l'histoire du genre, ses grands anciens, ses classiques, ses mythes (Frankenstein, Star Trek, Star Wars, le Prisonnier, Mad Max) et ses manifestations (fandom, magazines, livres pour la jeunesse). Une lacune, importante certes, concerne la littérature contemporaine non anglophone. Depuis le début des années quatre-vingt-dix, la SF extra anglo-saxonne a, en effet, explosé tant en France qu'au Québec, en Allemagne ou en Italie. Et pourtant, Lorris Murail, à part quelques rares allusions, ne souffle mot d'Ayerdhal, Genefort, Wagner, Bordage, Trudel, Vonarburg, Jetschke, Evangelisti ou Masali. Dommage, car cela suppose que le lecteur, après avoir grâce à lui découvert Bradbury, Heinlein ou Van Vogt, fasse lui-même l'effort de s'aventurer en terrain récent... Saluons cependant l'ensemble, commercial sans doute, parfois hâtif peut-être, mais très bien fait et d'une grande utilité pratique pour le néophyte. La beauté du produit rejoignant l'intérêt des textes, voilà donc un livre fort agréable.