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Le Business

Iain M. BANKS

Titre original : The Business, 1999
Traduction de Christiane ELLIS & David ELLIS
Illustration de Philippe TOUTAIN

BELFOND
Dépôt légal : septembre 2001
Première édition
444 pages, catégorie / prix : 19
ISBN : 2-7144-3747-8
Genre : Science-Fiction



Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
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Quatrième de couverture
     Originalité, humour corrosif, personnages excentriques, rythme trépidant : bienvenue dans l'univers d'lain Banks. L'auteur anglais le plus inventif de sa génération nous livre ici une comédie foisonnante, à la fois roman à suspense, roman d'aventures et satire irrésistible du grand capitalisme.

     La finance internationale, un monde d'hommes ? Pas pour Kate Telman... Experte en nouvelles technologies, elle sillonne le monde pour le compte d'une firme semi-occulte : le Business, où, à trente-huit ans, elle brigue le sommet de la hiérarchie. Sexy, d'une intelligence exacerbée, dotée d'un sens de l'humour incisif, Kate ferait une ambassadrice parfaite. Or le Business, qui a pour ambition de s'approprier un pays afin d'obtenir un siège à l'ONU, entame des négociations avec un petit État de l'Himalaya, le Thulahn. Heureuse coïncidence, Kate semble être au goût du maître des lieux, le prince Suvinder... Mais, très vite, des pressions s'exercent de toute part. Si on voulait l'empêcher de mettre au jour un complot interne au plus haut niveau, on n'agirait pas autrement ! Kate n'est pas femme à se laisser impressionner aussi facilement, mais pourra-t-elle éviter les pièges d'un monde d'argent et de privilèges ?
Critiques
     Kate Telman, écossaise sexy, gauchiste et armée d'un humour digne de l'acier chirurgical, travaille comme cadre de niveau trois dans le Business, une entreprise de participations en investissements qui ressemble fort à une secte et posséderait des fonds baptismaux antérieurs à la chute de l'Empire Romain. Une nuit, alors qu'elle vient de s'envoyer en l'air avec son chauffeur personnel (on tue le temps comme on peut), un des cadres de l'entreprise l'appelle et lui mâchonne une histoire à dormir debout : il est allé en boîte de nuit, il y a rencontré une fille qu'il a mis dans son lit et, le lendemain matin, la moitié de ses dents lui manquaient (d'où les drôles de bruits qu'il fait dans le combiné). Qui lui a arraché les ratiches la veille d'une importante négociation ? Et surtout, pourquoi ? Commence alors pour Kate Telman une enquête nonchalante (ce n'est pas vraiment le sujet du livre), entre intrigues hiérarchiques et escapades pittoresques au Thulahn, un petit état de l'Himalaya que voudrait bien « acquérir » le Business afin d'y installer son siège social.

     Ce roman aurait pu être le nouveau chef-d'œuvre de Iain Banks (le pendant littérature générale du Iain M. Banks de La Culture) après A Song of Stone (inédit en français). Il n'en est rien — ce n'est ni plus ni moins qu'un Bridget Jones dans l'univers de la haute finance et de ses magouilles géopolitiques dignes de la C.I.A. Le Business dresse principalement le portrait d'une femme de presque quarante ans qui semble avoir tout et à qui il manque le principal : l'amour. Quant au lecteur de science-fiction, il se régalera à deux ou trois reprises, car Banks cache au milieu de son roman de littérature générale quelques scènes hallucinées dignes de la meilleur S-F spéculative. Reste que si vous voulez lire un grand roman de littérature générale de cet auteur, lisez Un Homme de glace chez Pocket, un thriller impressionnant (et en poche !).

CID VICIOUS
Première parution : 1/1/2002 dans Bifrost 25
Mise en ligne le : 8/9/2003


     Le Business est une gigantesque multinationale, tentaculaire, aux nombreux secteurs d'activité, infiltrée dans tous les cercles de décision, qu'ils soient politiques ou économiques. Au cœur de cette société qui tient à préserver un relatif anonymat, Kate Telman, une jeune célibataire décidée, pas encore en haut de l'échelle mais néanmoins en bonne voie pour briguer l'un des postes les plus importants. Bien qu'elle n'ignore pas les défauts de son entreprise, elle nous la présente toutefois sous son meilleur jour, la décrivant comme une authentique démocratie – les promus doivent leur avancement au vote de leurs collègues – soucieuse de ménager ses employés. Ainsi, au début du roman, Kate profite du congé sabbatique d'un an sur sept généreusement octroyé aux membres du Business. Mais elle ne s'arrête pas pour autant de servir les intérêts de la firme, car elle noue des contacts en sillonnant le monde.
     Un jour, la vie de Kate va s'accélérer. En effet, le Business, qui avance ses pions sur l'échiquier mondial, n'aspire qu'à une chose  : asseoir encore davantage sa puissance en accédant à l'ONU. Une seule solution : devenir une nation. Et dans cette perspective, l'entreprise souhaite acquérir le Thulahn, un petit état de l'Himalaya. Or, le prince Suvinder, actuel potentat du pays, n'a jamais caché son affection pour Kate. La jeune femme ne serait-elle pas la pierre angulaire des projets du Business ?
     Dès la scène d'ouverture, où l'on voit Kate au téléphone avec un de ses subordonnés qui vient brusquement de se faire voler la moitié de ses dents, le ton est donné : il s'agit d'un roman humoristique, voire corrosif. Dans ces conditions, quoi de mieux pour décrire ce monde de la haute finance, habituellement considéré comme masculin, que d'utiliser l'archétype de la femme moderne et libérée, sexy et entreprenante, qui sait jouer des hommes comme de pions ? Elle peut ainsi nous décrire de l'intérieur cet empire, avec ses stratégies souvent à la limite de la légalité, ses liens inavouables tissés de longue date tout autour du globe, et les travers de ses hauts dirigeants – ah, la scène de tir à la mitraillette sur de gigantesques écrans où sont diffusées des images d'avions de guerre ! Mais tous ces vices sont assumés par Kate et son entourage, ce qui rend le propos presque aussi glaçant que sarcastique. Qu'importe, Banks s'amuse à décrire des personnages hauts en couleur (mention spéciale au prince Suvinder, coincé entre ses obligations protocolaires et son tempérament sentimental) et à ciseler des dialogues incisifs –bien que trop nombreux sans doute.
     Il faut néanmoins convenir que le roman, dans sa deuxième partie, s'essouffle. Une fois qu'on a compris le propos de l'auteur, qu'on a admiré sa dextérité à susciter rires et sourires, on aimerait que le roman prenne de l'ampleur. L'auteur a beau entremêler avec art la romance entre Kate et Suvinder, la recherche du traître – car il s'agit aussi d'un roman à suspense – et la description du Thulahn entre utopie et morosité, il faut bien se rendre à l'évidence : il suit la trajectoire qu'il a tranquillement définie dès les premières pages. Cette limitation du propos nuit au roman, dont on aurait aimé qu'il contienne une vraie charge satirique contre les aberrations de la mondialisation forcenée.
     Cependant, que l'on ne s'y trompe pas : malgré cette auto-censure politiquement correcte, le roman reste éminemment lisible, et fera passer un très agréable et délassant moment au lecteur avide de connaître une autre facette, certes romancée mais assez crédible, de ceux qui nous dirigent.

Bruno PARA (lui écrire)
Première parution : 20/10/2001 nooSFere

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