Voici le récit de l'apocalypse attendant notre monde.

     Les survivants ne sont pas les meilleurs, les intellectuels, les chefs. Tant pis pour Darwin : les nantis, privés de leur confort deviennent fous.

     Ceux qui échappent au désastre sont les exclus : ils ont la vie dure et ne s'avouent pas battus.

     Ceci n'est qu'un divertissement, destiné à faire savourer la douceur du meilleur des mondes de Panglos.

     Un jour, la bombe tombe. Les gens fuient, désertant la ville où vit Lago. Mais celui-ci ne comprend pas ce qui se passe. Tout juste voit-il au petit matin qu'il n'y a plus âme qui vive, ou presque. Il faut dire que Lago est simple d'esprit, et de surcroît à la limite de l'autisme. Il rencontre alors un vieux fermier, qui le recueille en lui proposant de devenir son garde du corps. Par la suite, Lago retrouve l'Idiot, un autre débile mental léger, avec lequel il s'entend bien. Malheureusement, le fermier meurt. Dans ces conditions, comment les deux hommes vont-ils se débrouiller pour subsister ?

     On aurait aimé que ce roman, ou plutôt cette novella (à peine 120 pages aérées), renouvelle le thème cent fois rebattu de la survie après un cataclysme. Malheureusement, ce livre accumule allègrement tous les clichés inhérents à ce genre d'intrigue. Aussi verrons-nous successivement Lago piller la ville désertée ; Lago et l'Idiot rencontrer un couple de passage, dont ils tuent le mari pour profiter de la femme ; Lago tomber amoureux d'une jeune fille isolée dans un château  ; enfin, Lago propulsé à la tête d'un groupe de SDF qui tentent tant bien que mal de rebâtir une communauté. Et ce n'est pas la présence des immanquables accessoires « pour faire SF », comme les voitures sur coussin d'air, ou les robots-chiens domestiques, qui nous aidera à nuancer notre jugement.

     Bien sûr, ce livre est l'œuvre d'un écrivain chevronné, de telle sorte qu'il se lit facilement. De même, on sent clairement la volonté initiale de l'auteur de brocarder la société actuelle vue par les yeux de deux simples d'esprit (ce en quoi il rejoint l'un des propos de Robert Merle dans Malevil). Mais ce thème qui, traité convenablement, aurait pu être intéressant, apparaît ici totalement noyé dans la platitude générale de l'intrigue.