Dans sa préface à l'Invention de Morel, le roman qui a établi la célébrité mondiale de Bioy Casares, le grand écrivain Jose Luis Borges notait : « Si fantastique que soit cette invention, elle n'a rien d'impossible. » La phrase s'applique exactement à ce nouveau roman de Bioy Casares, Plan d'évasion. L'étrange pénitencier où débarque un jour le héros du livre, Henri, a beau porter le nom historique de Cayenne, il n'en est pas moins surtout le symbole d'un étrange Purgatoire, confinant à un Enfer humain tout aussi étrange. Pourquoi Henri est-il envoyé là ? Pourquoi a-t-il quitté sa jeune femme, Irène, qu'il aime pourtant profondément ? La réponse à ces deux questions, c'est au lecteur de la chercher : elle variera selon chacun. Peut-être l'existence d'Henri au pénitencier est-elle l'image de l'existence tout court ? Peut-être Castel, le directeur tout-puissant de cette île du Diable, qui se livre à des expériences physiologiques et psychologiques sur ses « sujets », est-il un aspect de la raison démente qui régit le monde ? Peut-être Antoine, l'oncle de France, que Henri tient au courant, par lettres, de ses expériences, n'est-il qu'un autre aspect de cette déraison : celui des fausses bienveillance de la divinité ? Même le destin final d'Henri nous laisse sur un point d'interrogation...
Tel est ce roman, où Bioy Casares rompt, une fois de plus, totalement, avec les traditions classiques de la fiction littéraire, et qui vous prend si bien, pourtant, dans les mailles de sa trame que l'on en vient à se demander si là ne sont pas la vraie réalité et le vrai réalisme.
[Texte du rabat de couverture]
En 1952, le collection « Pavillons » publiait L'invention de Morel ; en 1964, Le songe des héros. Puis, coup sur coup, en 1970 et 1971, ont paru Journal de la guerre au cochon et Nouvelles d'amour qui, soudain, ont ramené l'attention sur Adolfo Bioy Casares, dont le nom, dans le mouvement littéraire argentin, est constamment associé à celui de Jorge Luis Borges.
« Depuis que Ia traduction systématique des œuvres de Bioy Casares a été entreprise, écrit Claude Fell dans Le Monde, les Français s'aperçoivent que cet Argentin, qui semble avoir hérité de ses ancêtres béarnais une sainte horreur des idées reçues, un goût évident pour le paradoxe et un solide sens de l'humour, a accumulé au cours des années une série de livres dont on peut dire que le premier mérite est d'offrir une intrigue constamment originale et insolite ». Et Hector Biancotti dans La Quinzaine Littéraire : « II était temps que I'un des écrivains les plus singuliers et les plus représentatifs de la littérature contemporaine de langue espagnole occupe la place qui lui revient. »