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Les Enfants de la Lune

Fabrice COLIN


Illustration de MANCHU

MANGO Jeunesse (Paris, France), coll. Autres Mondes n° 09
Date de parution : 6 septembre 2001
Dépôt légal : août 2001, Achevé d'imprimer : août 2001
Première édition
Roman, 240 pages, catégorie / prix : 9 €
ISBN : 2-7404-1255-X
Format : 13,0 x 20,0 cm
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     Paris sous l'Occupation. Deux jours avant Noël, le jeune Adrien intercepte un étrange message destiné à son grand-père... mort il y a plus de dix ans : « Aux temps maudits de l'Exode, vous avez aidé les nôtres. Une fois encore, nous faisons appel à vous...  » Signé : Leydamoon du peuple Annwyn.
     Adrien décide de porter secours à Leydamoon et aux siens, pourchassés par les Siths, d'abominables créatures associées aux nazis. Hélas, tous les passages permettant aux Annwyns de quitter notre univers sont en train de se refermer. Tous, sauf un. S'engage alors une dramatique course contre la montre.
Critiques
     Hiver 1942. Affligé par l'occupation allemande, le cœur de Paris se couvre d'un manteau de neige. Adrien, qui n'a que treize ans, doit subvenir aux besoins de sa grand-mère paralytique, la seule famille qui lui reste. Cette maturité forcée fait de lui un garçon solitaire qui n'apprécie guère la compagnie des enfants de son âge.
     L'arrivée d'une lettre destinée à son grand-père, décédé depuis plus de dix ans, va le précipiter « de l'autre côté du voile »  : il s'agit d'un appel au secours des Annwyns, sortes de fées-lutins qui ont depuis toujours vécu en marge de l'humanité en se nourrissant des songes des hommes. Mais la survie de ce peuple discret et pacifique est désormais menacée par la folie d'un vingtième siècle où les rêves ont de moins en moins leur place. Depuis la Première Guerre Mondiale, de nombreux Annwyns se sont exilés vers Tir-nan-Og, le Pays des Fées situé sur la Lune, grâce à une machine inventée par l'ingénieur Joseph Berthelot, le grand-père d'Adrien. Les derniers Annwyns doivent partir rapidement, car si la prophétie qui annonce la chute d'une effroyable bombe sur le pays du Soleil levant se réalise, ils mourront dans d'atroces souffrances  ! Cependant, d'autres créatures fantastiques, les sombres et cruels Siths, se sont alliées aux nazis pour empêcher cet ultime départ...

     Pour sa première incursion dans la « littérature jeunesse  », Fabrice Colin a écrit une merveilleuse fable au croisement de plusieurs genres. L'irruption d'un second monde, d'un « petit peuple  » — ici dans un dramatique contexte historique — , est certes le propre de la fantasy la plus classique, mais le roman flirte aussi avec le steampunk et la SF. Par exemple, c'est la science de l'ingénieur Berthelot qui permet le voyage vers la Lune, grâce à un étonnant aérostat qui tire son énergie de fantômes capturés à la façon des Ghostbusters (S.O.S. Fantômes). Quant à la petite « parcelle de vie  » qui subsiste dans les fossiles et qu'exploitent les Siths pour recréer des ptérosauriens, elle peut paraître surnaturelle, mais le jeune lecteur qui a vu Jurassic Park n'aura aucun mal à en faire un fragment d'ADN – sans que ce terme apparaisse dans le roman. L'intrigue peut finalement être interprétée de manière magique ou rationnelle  : le choix est laissé au lecteur.
     Les Enfants de la Lune réserve ainsi plus d'une surprise, en compagnie d'une galerie de personnages pittoresques comme le soupçonneux monsieur Fisher, un marionnettiste juif qui se terre dans son magasin et posséderait un mystérieux double, ou bien l'excentrique baron de Martelle, dont la famille a étudié le Monde invisible, l'impressionnant Luther, son majordome géant, ou encore le crocodile Kronos – clin d'œil à Peter Pan – dans le rôle du chien de garde...

     Colin a eu le courage de situer son intrigue dans un passé historique douloureux qui rend évidemment l'abord du thème de l'autre peuple plus délicat. Par bonheur, le drame ne verse jamais dans le mélodrame  : l'horreur de la guerre et du racisme – nazis contre juifs et Siths contre Annwyns – imprègne le roman sans jamais être démonstrative ni pesante. Les sombres heures de l'Histoire – les étoiles jaunes, le marché noir... – ne sont pas éludées, mais l'action et le merveilleux occupent le devant de la scène et permettent au jeune lecteur de réfléchir par lui-même sans jamais s'ennuyer.
     Bref, Colin a réussi avec astuce à trouver le subtil et parfait équilibre entre fantasy et SF, entre gravité et enchantement. Ce superbe roman, envoûtant de bout en bout, peut se dévorer dès dix ans et sans limite d'âge car il a la grâce et l'universalité des grands classiques indémodables de la littérature enfantine.

Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 1/5/2002 dans Faeries 7


     Menacé de disparition depuis que l'humanité, trop tournée vers la science et occupée à suivre ses mauvais penchants, a cessé de croire en lui, le peuple Annwyn a émigré dans un univers parallèle. À Paris, sous l'occupation allemande, certains d'entre eux, encore bloqués sur ce monde dont les portes de passage sont en train de se fermer, réclament l'aide du grand-père d'Adrien. Mais celui-ci est décédé et c'est Adrien qui se portera au secours des représentants du petit peuple dont la situation est d'autant plus critique que les Siths, terrifiants monstres antédiluviens, se sont allié aux nazis pour les exterminer.
     La thématique n'est pas nouvelle, non plus que le message adressé à l'humanité sous forme d'avertissement. Mais sur cette trame usée, Fabrice Colin brode un récit original lui permettant d'aborder des questions essentielles, souvent absentes de la littérature pour la jeunesse. Le racisme et l'intolérance, traités sans lourdeur, le refus d'une dichotomie bons/méchants trop simpliste, à travers l'amitié d'un Français et d'un Allemand, ou la description de soldats sous les traits de jeunes hommes qui n'ont rien demandé, en sont quelques unes.
     Le thème de la mort, en particulier, est traité sous des angles inédits : il est rare, en littérature pour la jeunesse, que le héros adolescent tue un adversaire ou soit confronté, en cours de récit, au décès d'un de ses proches. C'est avec sensibilité et gravité que Fabrice Colin aborde ces situations, et même avec une certaine poésie, qui font de cette fantasy urbaine un roman sympathique.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/3/2002 dans Galaxies 24
Mise en ligne le : 11/9/2003


     Ce roman est le premier que F. Colin écrit pour la jeunesse. Il nous entraîne dans le Paris sombre et froid de l'occupation, au cœur de l'hiver 1942. Le narrateur est un jeune garçon de douze ans, Adrien Berthelot qui vit avec sa grand-mère malade. Il reçoit un étrange message destiné à son grand-père mort dix ans plus tôt émanant d'un certain Leydamoon, appartenant au peuple Annwyn. Celui-ci demande de l'aide afin de quitter la Terre où son peuple se sent menacé car plus personne ou presque ne croit plus en l'existence du Petit peuple. Adrien, gamin débrouillard et inventif, se lance aussitôt dans l'aventure et avec l'aide de quelques humains qui savent encore rêver, il va tenter de réaliser l'engin qui permettra à ses nouveaux amis de gagner une terre plus propice. Mais, pour cela, il devra affronter les Siths, de redoutables créatures alliées aux nazis, qui n'hésitent pas à lancer dans la bataille d'horribles monstres ptérosauriens ...
     Un excellent roman, dans la veine des meilleurs Adèle Blanc-Sec de Tardi, qui se déroule dans un Paris insolite, où l'intérêt du lecteur ne faiblit pas une seule seconde, tant l'intensité de l'action est sans cesse relancée. Le jeune héros est un personnage très attachant, qui met toute son énergie à combattre le mal et à laisser place au rêve. A partir de 11 ans.

Catherine GENTILE (lui écrire)
Critique déjà parue sur ce site
Parution sur nooSFere : 1/1/2002 InterCDI 175
Mise en ligne le : 1/3/2002


     Il n'est pas habituel en ces pages de chroniquer des livres pour la jeunesse, mais que voilà un su-per-be petit roman. Et je pèse mes mots. Plusieurs jours après, je suis encore sous le charme.

     Nous sommes à Paris en 1942, en plein cœur donc de la période d'Occupation. Parmi les alliés occultes des Nazis figure un peuple maléfique, les Siths. Ceux-ci cherchent à la fois à torturer des âmes humaines et à récupérer celles de leurs « compatriotes » les fées (ici nommées les Annwyns)... Les dernières fées qui, sentant que le monde est en voie de « technologisation »/dépoétisation trop rapide pour leur survie, veulent partir vers la Lune, leur domaine. Mais un seul humain pourrait leur venir en aide — et il est mort il y a 20 ans !

     C'est donc son petit-fils, Adrien, qui, ayant reçu l'étrange courrier destiné à son grand-père, va essayer d'aider malgré tout ces êtres ni vieux ni jeunes, de petite taille avec les oreilles pointues.

     Mais que peut un gamin tout seul ? Il sera secondé par quelques personnages étonnants — tels que le docteur Véronèse (un gros médecin excentrique qui se prend à l'occasion pour le peintre), le mystérieux Baron de Martelle (dont le père aurait rédigé un livre secret dévoilant une partie du mystère de l'existence d'autres peuples sur Terre que les humains), son serviteur noir et son sympathique crocodile, un vieux marionnettiste juif, et une technologie à base de fantômes captifs (capturés avec un aspirateur à esprits, au cimetière du Père Lachaise)... Ils vont affronter de nombreux périls : les soldats allemands, les monstrueux Siths (dont le visage n'est qu'ombre tourbillonnante), plusieurs dinosauriens volants reconstitués, et un mystérieux sous-marin qui hante la Seine... Les trésors d'inventivité déployés par Colin dans un si court roman sont étonnants — c'est presque trop, l'auteur « gâche » des tas de bonnes idées dans une intrigue qui aurait pu être beaucoup plus longue. Je crois bien que la littérature pour adultes ne nous habitue plus à tant de richesse : voilà un auteur qui n'économise pas son talent.

     Superbe, lyrique, captivant, astucieux, sans condescendance envers son jeune lectorat (ni dans le style, ni dans l'intrigue), ce roman n'est pas une addition mineure à l'œuvre de plus en plus passionnante de Fabrice Colin, mais bien une nouvelle réussite. Bon nombre des obsessions de l'auteur s'y retrouvent, d'ailleurs, à commencer par la bombe d'Hiroshima — qui doit marquer la fin des Annwyns. Les Enfants de la Lune peut être comparé sans ridicule aux meilleurs ouvrages anglo-saxons équivalents — Colin aime et comprend la fantasy, il nous le prouve ici avec un réjouissant brio.

André-François RUAUD (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/1/2002 dans Bifrost 25
Mise en ligne le : 8/9/2003

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