Pour moi qui écume les vide-greniers et les Emmaüs, trouver des Françaix, des Génefort, des Valéry et autres Gudule dans cette jolie collection a toujours relevé de la facilité. En revanche, les Lambert me demeuraient invisibles, à tel point que j'en avais fini par conclure que soit personne ne les avait achetés, soit on les conservait jalousement tellement ils étaient « bons ». Enfin ma patience de fouineur a été récompensée : j'en ai trouvé deux... qu'une bibliothèque municipale mettait au rebut.
Je ne sais trop quelle merveille j'attendais... mais le fait est que je me trouve avec deux livres que je n'oserais même pas offrir aux enfants de quelqu'un que je déteste.
Antarès, agent spatio-temporel autoproclamé, et sa collègue Johanna sont kidnappés par un nommé Hermann qui est la version masculine de Hermione, une camarade d'Antarès lorsqu'ils avaient vingt ans de moins. La jeune femme souffre d'une maladie dont le père d'Antarès est la cause : elle change régulièrement de sexe. Sur le vaisseau d'Antarès tout le monde s'affole : la trace de l'agent a momentanément disparu. Mais on le repère vite et l'équipage peut à nouveau le suivre sur Altaïr, dans le laboratoire de son père où Johanna et lui sont désormais atteints de la même maladie qu'Hermione (passage dans lequel Antarès fait preuve d'une incommensurable bêtise doublée d'un machisme). Altaïr, là où la nature a heureusement repris ses droits et chasse les humains sans violence, alors que leur intrusion a été douloureuse.
Il faudra la traîtrise d'un homme d'Hermann pour arrêter ce dernier et l'audace d'Antarès braquant contre lui-même l'arme de son père pour que tout rentre dans l'ordre...
Scénario intéressant ? Sans doute mais, pour ce qui est de sa mise en récit, on pourra douter sérieusement des capacités d'écriture du duo Lambert/Bishop. Pourquoi ? Parce que le résultat ressemble à ces mauvais westerns où le doublage « yankeese », c'est-à-dire invente un langage qui ne relève ni du français ni de l'anglo-saxon. Ici, cela donne l'impression d'une troupe théâtrale d'amateurs ne parlant qu'une fois sous les projecteurs. Les expressions familières pour ne pas dire triviales sont nombreuses et pas toujours bienvenues. Si, par exemple, on accepte « qu'elle envoya »au diable« « avec guillemets à l'appui, on comprend mal : « Pas moyen de faire un pas sur cette planète sans que des flammèches ou des flaques d'eau me collent au train ! » qui relève de la trivialité, de l'oral et non de l'écrit.
Scénario intéressant ? Peut-être, mais pour ce qui est de son traitement, on cherche encore une exploitation intelligente. Exemple : sur la planète Altaïr, les éléments ont adopté un comportement humain et individualiste, exactement comme s'ils n'avaient pas eu à subir la volonté de domination des mêmes humains — barrages, etc. Le rapport masculin/féminin reste inchangé (Antarès est borné et bien sûr Johanna intellectuellement riche et curieuse de tout) même s'il semble inversé.
Bref, j'imagine mal un professeur des écoles proposant une lecture intelligente de ce livre ou alors juste pour rire...
Noé GAILLARD
Première parution : 2/2/2010 nooSFere