Depuis que sa mère est morte, Joachim est un enfant solitaire, coincé entre un père dépressif et une école où chacun semble avoir pitié de lui. Un jour, il découvre dans le parc voisin une sorte de météore, ou plutôt un drôle d'objet qui semble s'être posé en douceur... Et s'il s'agissait d'une forme de vie extraterrestre ?
C'est une histoire d'une touchante simplicité que nous conte Jean-Pierre Andrevon, celle d'une rencontre avec l'Autre, un étranger si différent qu'il est difficile à appréhender, à comprendre, mais que l'on peut apprendre à aimer en dépit des obstacles. Une histoire qu'un lecteur habituel de SF pourra juger rebattue puisque c'est presque LE récit de science-fiction par excellence, popularisé entre autres au cinéma par E.T. — un film d'ailleurs cité par l'auteur.
Mais dans ce récit d'amitié et de solidarité, qui condamne fermement toute espèce de racisme, on peut aussi voir la métaphore d'une autre rencontre : celle de la lecture et plus encore de la SF. En effet, le rocher que découvre Joachim est un objet aussi fermé que peut le sembler un livre. Comme pour la lecture, il faut faire un effort, apporter de l'énergie et creuser pour arriver à entrer en contact avec ce météore. Ce contact établi, le rocher-créature projette des images dans l'esprit du garçon, ce type d'images qui peuvent surgir lorsqu'un texte vous pénètre. Et au bout de l'effort, il y a la récompense : on peut tout à coup explorer le système solaire, découvrir un autre monde insoupçonné, voire même voyager dans le temps ! N'est-ce pas ce que fait tout lecteur de SF de façon régulière ?
Ce Visiteur est donc un excellent récit d'initiation, écrit avec beaucoup de sensibilité, qui transportera le lecteur des ombres d'un quotidien morose vers les lumières vives de l'imagination. Il s'adresse en priorité aux jeunes qui ne connaissent pas la SF ou qui en ont une opinion négative : malgré son classicisme et son apparente simplicité — ou plutôt grâce à eux — , il pourra en convertir plus d'un à la SF généreuse et ambitieuse que l'on affectionne.
Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 1/3/2001 dans Galaxies 20
Mise en ligne le : 3/6/2002