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La Semence du démon

Dean R. KOONTZ

Titre original : Demon Seed, 1973/1997
Première parution : États-Unis, New York : Bantam Books, juin 1973. Réécrit par Koontz à l'occasion de la parution chez Headline (Angleterre) en juin 1997, et publié en France dans une nouvelle traduction   ISFDB
Traduction de Anne CRICHTON
Illustration de Pierre-Olivier TEMPLIER

POCKET (Paris, France), coll. Terreur précédent dans la collection n° 9055 suivant dans la collection
Dépôt légal : septembre 1999
Roman, 192 pages, catégorie / prix : 4
ISBN : 2-266-04337-4
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
     Quand Susan Abramson s'installe dans sa nouvelle maison, entièrement informatisée, le nec plus ultra en matière de domotique, elle se croit à l'abri des agressions du monde extérieur.
     Comment pourrait-elle se douter qu'elle va être victime de la forme la plus étrange et monstrueuse de harcèlement sexuel : Proteus, une Intelligence Artificielle, s'est infiltré dans les systèmes de sécurité et a pris le contrôle de l'appartement. Prisonnière de sa propre maison, réduite à l'état d'esclave. Susan est contrainte de se soumettre à la volonté et aux fantasmes de l'ordinateur.
     Et la curiosité de Proteus pour les choses, de la chair semble sans limites...
 
     Né en 1945, Dean Koontz s'affrime comme le plus professionnel et le plus exigeant des auteurs de suspense. « Une porte sur l'hiver », « La nuit des cafards » et « Mister Murder » ont fait de lui une superstar mondiale de la littérature de terreur. Il nous offre aujourd'hui une nouvelle version, entièrement renouvelée, du roman choc qui l'avait révélé aux lecteurs français.
Critiques
     Poursuivie par de douloureux souvenirs d'enfance, Susan vit en recluse dans sa grande maison, où elle conçoit des logiciels de réalité virtuelle. Une demeure entièrement automatisée, domotisée, du système de sécurité jusqu'à la porte d'entrée, des caméras et des micros de surveillance jusqu'au moindre volet. Une maison qu'elle peut piloter à la voix et où elle se sent en sécurité. Susan est riche. Susan est intelligente.
     Et Susan est très belle, également. C'est du moins ce que pense Proteus, une intelligence artificielle hautement évoluée et top secret qui parvient à échapper au contrôle de ses créateurs. Amoureux de Susan, Proteus n'a aucun problème pour prendre à distance le contrôle complet de la demeure de sa dulcinée et l'y séquestrer. Il veut se servir d'elle pour réaliser son rêve : posséder un corps, connaître les plaisirs des sens. Quoi de plus estimable, pour une entité consciente, si ce n'est que Proteus est aussi une entité psychotique qui désire se dupliquer, créer une race de surhommes et dominer l'espèce humaine.

     La semence du démon, version remaniée d'un roman datant de 1973, ne manque pas d'originalité. Originalité dans la nature du huis clos — la maison censée protéger de toutes les intrusions extérieures dont les protections se retournent contre sa propriétaire — , un huis clos oppressant dont la majeure partie est resserrée sur moins d'une journée. Originalité dans la nature du psychopathe de service, bien entendu. Et originalité enfin dans le choix de la narration, puisque c'est Proteus lui-même qui nous raconte son histoire, avec son point vue d'être démentiel qui se croit si bon, si bienveillant. C'est ce qui fait de lui un véritable personnage, terriblement crédible.

     Et c'est là, finalement, que le roman se révèle le plus angoissant : parce que la folie de Proteus ne vient peut-être pas de sa nature artificielle, mais bien de sa part humaine 1.

Notes :

1. Cette chronique est également parue dans le no 19 (juil. 2001) de Dragon & Microchips. [Note de nooSFere]

Philippe HEURTEL (site web)
Première parution : 1/2/2000 dans Ténèbres 9
Mise en ligne le : 22/10/2003


     Susan Abramson s'ennuie dans sa demeure moderne, un véritable temple dédié à la domotique. Alfred, l'extension vocale de l'ordinateur, contrôle aussi l'ensemble des fonctions de surveillance, de protection et des paramètres vitaux de la maison. Agacée par l'omniprésence et le langage limité d'Alfred, Susan va ressentir un malaise grandissant en découvrant que l'ordinateur est omniscient et omnipotent. L'irritant Alfred cache Proteus, une intelligence artificielle sociopathe et libidineuse, qui va petit à petit perdre son caractère protecteur pour se transformer en voyeur, en espion et en soupirant pour le moins pressant. Pour cela, il n'hésite pas à transformer la demeure en prison, coupée du monde grâce à toutes les petites merveilles de l'informatique et de l'électronique moderne. Maître de son territoire, ses désirs ne sont plus canalisés et Proteus n'œuvre plus que dans un but  : devenir père. Susan, sa victime, va subir les fantasmes et les jeux pervers de l'entité, violée dans son âme et dans sa chair de la manière la plus terrifiante qui soit.
     Dernier livre de SF de Koontz, La Semence du démon — première version — est certainement l'ouvrage qui a fait décoller sa carrière. Tout d'abord parce que c'est un excellent roman, un huis clos futuriste et angoissant, mais aussi parce qu'il a engendré une adaptation cinématographique plutôt réussie (Génération Proteus, 1973. Réalisation  : Donald Cammell. Interprètes  : Julie Christie et Fritz Weaver) que les amateurs du genre ont gardée en mémoire. C'était aussi un de ses premiers essais de fusion des genres, un mélange de thriller horrifique et de SF. Intense et brutal, La Semence du démon provoqua un choc, tant par son idée originale que par son traitement efficace et abrupt. Certes, la jeunesse de l'auteur et sa verdeur de style entraînaient quelques défauts et maladresses, mais l'intrigue et la force des scènes s'accomodaient de ce côté « brut » de l'écriture. Haletant, effrayant et cru, ce roman était une des meilleures œuvres de l'auteur. Mais Koontz, depuis quelques années, est pris d'une furieuse envie de réécrire ses anciens livres, pour les moderniser, les perfectionner. Seulement ce travail de révision tourne souvent au « remake » pur et simple. Si la nouvelle version de Spectres est une réussite, celle de La Semence du démon ne peut que laisser dubitatif. Car en « gommant  » ses erreurs de jeunesse, Koontz nous inflige ses tics et manies actuelles. À l'économie de moyens succède le délayage psychologique, à la froideur des personnages principaux se substitue une vision plus « moderne » de l'individualisme américain (plus réactionnaire et beauf, serais-je tenté d'écrire), à l'écriture carrée et percutante (même si elle n'était pas exempte de scories) Koontz préfère ce style dilué et plus littérairement correct, en phase avec l'industrie des best-sellers. Le roman perd de sa force, l'effet de surprise est saboté et le lecteur est agacé par l'irritant étalage de références faussement naturalistes (la propension de Koontz à gonfler ses textes avec des titres de films et des noms d'acteurs est tout aussi stressante qu'inutile), par la logorrhée verbale lassante de Proteus et par le désamorçage systématique des effets par annonces anticipées. Comme le dit Susan dans le roman, Proteus se prend (maintenant) pour « un Hannibal Lecter électronique [...] qui n'arrive pas à manger le foie [de ses victimes] avec des fèves au beurre à travers un modem » (p. 66). Cette phrase résume à elle seule les raisons de l'échec de Koontz  ; la première version avait vieilli, la seconde est une sorte de pudding lourd et mal foutu, avec des nouveaux ingrédients inutiles et bourratifs. Pour conclure, Dean Koontz aurait été plus avisé de pratiquer l'abstinence littéraire ou, pour singer Thomas Harris, de ne pas déranger le silence du démon.

Daniel CONRAD
Première parution : 1/12/1999 dans Galaxies 15
Mise en ligne le : 17/5/2001

Adaptations (cinéma, télévision, BD, théâtre, radio, jeu vidéo...)
Génération Proteus , 1977, Donald Cammell

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