Pierre Stolze est un auteur inclassable. Ce qui nous évite toute tentation classificatrice à son égard. Qu'il en soit ici remercié. Ses écrits sont à son image : toujours présents là où on ne les attend pas. Son dernier (court) roman, La maison Usher ne chutera pas, vient d'être publié par une minuscule maison déjà citée ci-dessus, Destination Crépuscule, dans une édition au tirage ultra limité : 144 exemplaires. Vous devrez donc vous battre pour l'acquérir et c'est tant mieux : Stolze se mérite.

     La quarantaine pas vraiment sportive, rééducateur en psychomotricité, amoureux d'une donzelle qui n'entend lui céder que s'il lui passe la bague au doigt, amateur de bon vin, Rodrigue Müller est littéralement persécuté par un père tyrannique, parfait exemple du vieil emmerdeur. Un jour qu'il a encore cédé aux exigences de son « vieux » et qu'il tond la pelouse, Rodrigue aperçoit un début d'affaissement, près d'un bouleau. Jour après jour le trou s'agrandit, à mesure qu'un fossé d'incompréhension et de rancune se creuse entre le père et le fils. Finalement, c'est un gouffre profond de plusieurs kilomètres ( !), aux parois tranchées avec une précision extrême, qui sépare la vieille maison Usher (du nom de jeune fille de la mère de Rodrigue, première femme de son père qui disparut un jour sans plus jamais donner signe de vie) du reste de l'univers. L'armée intervient en vain : impossible d'approcher. Seul Rodrigue parviendra à pénétrer dans la maison, qu'il trouve déserte. Féru d'ésotérisme autant que de théories scientifiques avant-gardistes, et donc soupçonné d'être à l'origine de tous ces événements inexplicables, son père a disparu. Et le gouffre de continuer de se creuser. Rodrigue est désormais prisonnier de la maison et doit affronter son destin : la maison Usher chutera-t-elle ou pas ?