DENOËL
(Paris, France), coll. Présence du futur n° 575 Dépôt légal : janvier 2000, Achevé d'imprimer : janvier 2000 Roman, 208 pages, catégorie / prix : 1 ISBN : 2-207-25064-4 Format : 11,0 x 18,0 cm Genre : Science-Fiction
Serge Brussolo a connu un succès considérable auprès du grand public avec ses romans policiers et ses romans historiques. Il a aussi signé quelques-uns des plus beaux romans de S.-F. et de fantastique du catalogue Denoël, entre autres Ma vie chez les morts et Boulevard des banquises.
Halte au scandale du gaspillage ! Désormais la Société Protectrice des Objets veille... Que diriez-vous d'être couplé à une tasse de façon que la moindre fêlure de la porcelaine se répercute sur votre propre squelette en une superbe fracture ouverte ? Imaginez le cauchemar, imaginez d'autres associations/répercussions, avec des vêtements, des disques, une maison... Attaque en règle de la société de consommation ou fable ambiguë, Les lutteurs immobiles est une réussite de plus à porter au crédit de Serge Brussolo.
Nous voulons coupler l'homme avec la nature ! Coupler des populations entières avec leur site de résidence ! Comprenez-vous réellement l'impact qui se produira sur les mentalités si casser la branche d'un arbre, c'est se casser le bras ! Si écrire des graffiti obscènes sur un mur aboutit à se retrouver tatoué de ces mêmes graffiti ! Si marcher sur une pelouse jusqu'à la rendre aussi pelée qu'un sol de terre battue se traduit en retour par une série de calvities précoces ! Telle est la nouvelle trouvaille brussolienne : avec l'aide de microprocesseurs et d'un effet de biofeedback, la population, couplée aux objets qui l'entourent, doit prendre garde aux déprédations, sous peine de les voir se reproduire sur sa chair... Encore un nouveau tour de magie des fantasmes de l'auteur, acharné à bafouer cette enveloppe charnelle qui est le réceptacle de toutes ses hantises. De plus en plus fort ! Serait-on tenté d'écrire. Car voilà un Brussolo parfait : pas trop long, bourré de trouvailles en chaînes, et qui plus est plein d'un humour sous-jacent qui semblait parfois se perdre dans ses romans précédents.
Un groupe de parias servant de cobayes à ces expériences permet de resserrer la seconde moitié du roman : le héros, couplé à un char d'assaut, voit sa peau se durcir jusqu'à devenir une statue, une fille couplée à ses vêtements se brûle quand elle les repasse, se couvre de plaies quand elle les déchire, etc. Ni cri écologique (respectons la nature ou la nature se vengera), ni réification de l'objet (casser quelque chose à quoi l'on tient, c'est s'amputer soi-même), Les lutteurs immobiles est tout simplement un bel exercice de style, sans doute le meilleur Brussolo du Fleuve, où comme toujours l'auteur se parle à lui-même : si je casse ma machine à écrire, je ne pourrai plus faire du Brussolo.