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Royaumes d'ombre et de lumière

Roger ZELAZNY

Titre original : Creatures of Light and Darkness, 1969
Première parution : Doubleday, 1969   ISFDB
Traduction de Mélusine CLAUDEL
Illustration de Serge BIHANNIC

DENOËL (Paris, France), coll. Présence du futur précédent dans la collection n° 142 suivant dans la collection
Dépôt légal : septembre 1993, Achevé d'imprimer : septembre 1993
Roman, 226 pages, catégorie / prix : 2
ISBN : 2-207-50142-6
Format : 11,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction

Autres éditions
   DENOËL, 1972, 1973, 1983, 1990
   in Seigneurs de lumière, 2009

Quatrième de couverture
Anubis, Maître de la Maison des Morts, ressuscite Wakim et le rend invincible avant de le charger d'une mission capitale : il devra se rendre dans les Mondes du Milieu pour y découvrir et détruire le Prince Qui Fut Mille. Osiris, Maître de la Maison de la Vie, a eu vent de la chose et envoie à son tour son fils Horus pour devancer Wakim dans l'accomplissement de sa tâche. Mais leur ennemi commun, qui contrôlait le partage de la vie et de la mort, a disparu à la poursuite d'un ancien dieu : La Chose Qui Hurle Dans La Nuit, laissant son monde surpeuplé étouffer sous un trop-plein de vie. Avant même de pouvoir se mesurer au tout-puissant Prince Qui Fut Mille, les deux Héros auront à subir des épreuves sans nombre.
 
L'auteur
Roger Zelazny, né en 1937, est un des grands noms de la science-fiction contemporaine. Le plus gros de son œuvre repose sur une savante exploitation des mythologies de l'humanité : hindouiste (Seigneur de Lumière), égyptienne (le présent volume), indienne (L'Œil de Chat) et para-celtique (la série des Princes d'Ambre).
Critiques
     Anubis et Osiris se partagent la domination de l'univers connu. L'un est le seigneur de la Maison des Morts, l'autre de la Maison de la Vie. Entre ces deux royaumes s'étendent les Mondes Intermédiaires où vivent les mortels. Or, Anubis a un compte à régler avec un certain Prince qui fut mille, réfugié quelque part dans ces territoires. Il dépêche un envoyé du nom de Wakim pour le détruire. Osiris, qui a vent de l'opération, mandate son fils, le dieu Horus, pour accomplir la même tache.

     Dans cet ouvrage dédié à son ami Delany, postérieur à Seigneur de lumière, Zelazny se livre à la fois à un exercice de relecture de la mythologie égyptienne et à une expérimentation littéraire. Séquences romanesques, dialogues de théâtre et poésies forment un patchwork narratif déroutant. La new wave bien sûr est passée par là.

     La première moitié du livre se dévore d'une traite. On admire la scène initiale se déroulant dans la Maison des Morts, et notamment la danse des trépassés qui évoque le clip de Thriller avant la lettre, ou encore le combat temporel entre Wakim et le Général d'Acier (un cavalier d'acier) — qui préfigure un passage d'Hypérion de Dan Simmons.

     Malheureusement, la suite de l'intrigue se perd dans un carrousel cosmique difficile à appréhender. De nouvelles entités surgissent brutalement de nulle part, Wakim se révèle être un dieu amnésique, et devient paradoxalement un personnage secondaire au mépris de toute règle romanesque... Au terme de la lecture, les dieux de Zelazny nous semblent bien lointains. Comme si l'écrivain avait jeté en vrac sur la table tous les matériaux d'un puzzle non reconstitué. Cependant, dans American Gods, dédié à l'auteur d' « Ambre », Neil Gaiman se souviendra du Général d'Acier en rédigeant une scène délirante où des divinités à forme humaine enfourchent des chevaux de foire dans un site sacré pour retrouver leur apparence première !

     Malgré ses imperfections, Royaumes d'ombre et de lumière ne manque pas d'exercer une attirance sur le lecteur. Comment l'expliquer ?

     Ce roman, à l'instar de Seigneur de lumière, par exemple, est tout d'abord un théâtre des rêves. Plusieurs éléments nous y invitent : la discontinuité de la narration, l'émergence impromptue de personnages pittoresques mais sans épaisseur psychologique, des situations dramatiques mais sans contenu émotionnel véritable, et enfin une topographie inexistante. Bien entendu, l'épopée de Wakim s'inspire très librement du Livre des morts. Mais nous tenons peut être là un des secrets de fabrication des textes de Zelazny, à savoir que les objets narratifs (situations, personnages) sont constitués d'images mentales, ce qui en fait leur force et leur faiblesse.

     Dans le même ordre d'idée, Royaumes d'ombre et de lumière peut s'interpréter comme le récit d'un conflit psychique (Jean-François Jamoul et Yves Frémion utilisent le terme de voyage mental), thème déjà abordé dans Seigneur de lumière.

     Théâtre des rêves, Royaumes d'ombre et de lumière est également un exercice de style étonnant, l'œuvre d'un poète doué qui aurait pris les habits occasionnels de romancier, même si ses audaces stylistiques ne s'accordent pas toujours à son sujet.

     Qu'on en juge :

     Poésie épique : « Oyez la clameur qui monte de Bliss : ce sont des cris qui retentissent dans la foire de la Vie. »

     Poésie intimiste : « Entre vous et moi, / Les mots, / Comme du mortier, / Séparant, soudant entre eux / Ces éléments de cette structure qui est nous. »

     Poème en prose : le chapitre intitulé « Le réveil de la sorcière Rouge ».

     De ce roman passionnant, mais inégal, on retiendra un exercice de style où surgit par fragments une espèce de magie.

Jean-Louis PEYRE
Première parution : 1/7/2009 dans Bifrost 55
Mise en ligne le : 4/11/2010

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