Les survivants du grand cataclysme ont été recueillis par les draags, géants bleus aux yeux rouges, qui les ont emmenés sur leur planète, où le temps s'écoule beaucoup plus lentement que sur la Terre.
Asservis, domestiqués, ils sont devenus des oms, des êtres dégénérés au service de leurs nouveaux maîtres.
Mais peu à peu, menés par le jeune Terr, petit om d'une intelligence supérieure, ils retrouveront le goût de la liberté et affirmeront leur humanité face aux draags.
Sous le titre La planète sauvage, Oms en série a été porté à l'écran en 1973 par René Laloux sur des dessins de Roland Topor.
Né en 1922, Stefan Wul a publié entre 1956 et 1959 onze romans qui constituent l'essentiel de son œuvre. La spontanéité et la constante inventivité qu en émanent font de cet auteur l'une des figures les plus attachantes de la science-fiction française.
Critiques
Oms en série, adapté en dessin animé par Topor et Laloux sous le nom de la Planète sauvage (prix spécial du Festival de Cannes 1973) présente un scénario qui pourrait a priori paraître classique. Les hommes ont régressé, après quelque catastrophe dévastatrice, au point d'en avoir perdu la conscience de soi qui les différencie des animaux. Devenus souffre-douleurs ou animaux choyés d'une espèce extra-terrestre géante, ils tenteront de recouvrir leur humanité perdue, dans une sorte de Rédemption par le Savoir et la révolte. On pourrait presque, à lire les premières phrases, être tenté de dédaigner ce roman en le pensant destiné aux enfants. Stefan Wul a ceci de commun avec les peintres naïfs que son oeuvre semble être un geste spontané, simple, presque ingénu tellement il se passe d'oripeaux stylistiques ou autres fioritures littéraires. Un pur produit de l'imagination, sans goût particulier pour la contrainte des règles du bien écrire. Non que Oms en série soit mal écrit. Non, simplement, il ne s'embarrasse pas de chercher un beau verbe lorsque « faire », « être », « avoir » ou « dire » peuvent faire l'affaire. On en a presque l'impression, au fil des pages, de remonter aux temps de nos lectures d'enfance.
A bien y regarder, cependant, la naïveté du style cache, outre une belle histoire bien agréable à lire (ce qui n'est pas à négliger), une assez grande profondeur d'idées. Loin de nous expliquer la régression des hommes par la simple allusion à une catastrophe nucléaire, comme tant d'auteurs de l'après-Hiroshima, c'est toute une théorie de l'entropie sociale que Wul nous bâtit là. Qu'advient-il des civilisations quand elles ont achevé l'édification d'un système de lois et de modes de vie dans lequel elles se trouvent à l'aise ? Voilà la question à laquelle Wul s'efforce de répondre. De la même manière, le lien établit entre la vitesse de rotation de la planète et le rythme de vie des créatures qui la peuplent, même s'il n'est pas toujours très cohérent, ne manque pas d'intérêt. Il permet en tous les cas de proposer une solution originale (du moins pour l'époque) au problème de l'organisation et de la réussite d'une rébellion des faibles contre les forts. Le Savoir et la Volonté sont de bien belles choses, mais elles ne suffisent pas sans la complicité du temps. Voici un autre thème récurrent qui traverse ce roman et lui donne une toute autre dimension qu'un Terre, Champ de Bataille, par exemple, construit sur le même schéma, mais où seul le courage, la ruse et la force brutale permettent de triompher des grosses brutes qui dominent les hommes.
Malgré toutes ses qualités, Oms en série reste cependant davantage un roman d'initiation à la science-fiction qu'une grande oeuvre que l'on pourrait lire et relire sans jamais s'en fatiguer. Le terme le plus adéquat pour le qualifier est sans doute « léger ». Léger comme un plaisir délicat que l'on aurait bien tort de ne pas s'offrir. Mais léger aussi parce que, sans doute, un peu insubstantiel. A conseiller sans aucun doute à de jeunes lecteurs ou plus généralement à des novices en science-fiction, à savourer aussi, mais sans trop en attendre, par des lecteurs plus avertis.
Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantesAlbin Michel : La Bibliothèque idéale de SF (liste parue en 1988) Association Infini : Infini (3 - liste francophone) (liste parue en 1998)