Tad WILLIAMS Titre original : To Green Angel Tower, 1993 Première parution : New York, USA : DAW Books, mars 1993 (roman coupé en quatre pour l'édition française)ISFDB Cycle : L'Arcane des épées vol. 5
POCKET
(Paris, France), coll. Science-Fiction / Fantasy n° 5701 Dépôt légal : octobre 2000, Achevé d'imprimer : septembre 2000 Partie de roman, 448 pages, catégorie / prix : 10 ISBN : 2-266-08860-2 Format : 10,7 x 17,7 cm✅ Genre : Fantasy
La résistance s'organise sur la Pierre de l'Adieu où se rassemblent tous ceux qui s'opposent ou désirent simplement survivre aux desseins maléfiques du Roi souverain Elias et du Maître de la Main Rouge, le mort vivant Ineluki. Simon a enfin réussi à rejoindre Binabik et le prince Josua, et s'apprête à vivre une cérémonie qui va changer sa vie ; mais d'autres sont encore très loin de Sesuad'r.
La princesse Miriamélé et le moine Cadrach, qui croyaient avoir trouvé refuge sur le navire du marquis Aspitis, découvrent chaque jour un peu plus son vrai visage. Mais comment s'échapper d'un bateau en pleine mer ?
Malgré l'orage qui menace tout Osten Ard, la situation des rebelles pourrait sembler s'être améliorée depuis la découverte de leur refuge transformé en place forte. Mais ce serait compter sans l'armée du Roi souverain qui s'approche pour écraser ce dernier espoir...
L'arcane des épées, premier cycle romanesque de Tad Williams, avec ses personnages complexes, son dechaînement de forces maléfiques et de batailles grandioses, a séduit d'emblée un très large public. Les amoureux de Tolkien ont salué en lui un digne successeur du maître de la fantasy moderne.
1 - Appendice (1993), pages 403 à 427, notes, trad. Jacques COLLIN
Critiques
Ce roman est le cinquième tome français de l'Arcane des épées, c'est-à-dire la première partie du troisième roman original de cette gigantesque saga (les deux premiers ont été coupés en deux pour l'édition française).
Le prince Josua, le jeune Simon et certains de leurs amis se sont réfugiés dans une place forte, où ils tentent de constituer une armée pour défaire le roi Elias, frère de Josua et allié du Roi de l'Orage. La princesse Miriamélé est embarquée sur un bateau et doit faire face aux avances de son propriétaire. Le duc Isgrimnur l'attend dans une auberge, en compagnie d'un ancien héros légendaire, Camaris, et d'un membre de la Ligue du Parchemin. De son côté, Elias envoie un commando afin de tuer Josua et les siens. Il y a aussi des soldats partis chercher de l'aide, un noble rendu aveugle qui erre dans le château d'Elias, le magicien noir Pryrartes qui fomente les pires méfaits... Compliqué, n'est-ce pas ? Aussi est-on content de trouver dans les premières pages le résumé des épisodes précédents, qui nous présente également les multiples personnages. Ensuite, on peut se glisser dans le roman, dont on se doute qu'il va encore être empli de bruit et de fureur. Et l'on n'est pas déçu. Les aventures individuelles foisonnent, notamment celles vécues par Miriamélé, qui réussit à s'enfuir de son navire et à retrouver Isgrimnur. Néanmoins, la situation de Josua et de Simon n'évolue quasiment pas. Pourtant, ce tome fait près de 400 pages ! C'est sans doute le principal défaut de cette saga : le délayage. L'auteur a un souffle épique puissant et un fort pouvoir d'évocation, certes. Mais lorsqu'on s'aperçoit à la fin d'un tome que les forces en présence sont quasiment les mêmes qu'au début, on est en droit de se demander à quoi sert ce livre. Comme ce troisième roman sera découpé en quatre parties ( !) en version française, ce premier volume n'est finalement qu'une sorte de prologue. Espérons que cette tendance au « tirage à la ligne » et à la complexification gratuite s'effacera dans les prochains tomes au profit d'une intrigue plus consistante.
Voici le cinquième épisode d'un vaste feuilleton épique, dont je ne saurais vous résumer pertinemment l'intrigue. Sachons seulement que les deux fils du défunt roi Jean se disputent la couronne d'Erkynée, et par la même la domination sur tous les peuples du monde connu d'Osten Ard. L'un d'entre eux, Elias, subit l'influence du prêtre renégat Pryrates, et sert indirectement un déplaisant représentant de la race des immortels. L'autre, Josua, a pris la fuite à la tête d'un petit groupe d'hommes et de femmes courageux (aidés d'une poignée de trolls) et s'est réfugiée dans une ancienne et lointaine citadelle, en attendant de pouvoir rassembler la résistance. Parmi les individualités éparpillées qui pourront contribuer à cette résistance, on relève les noms de Maegwin, princesse du royaume envahi de Hernystir, Tiamak, un lettré des marais du sud, et Miriamélé, la propre fille d'Elias qui a fui son père.
Ce volume suit essentiellement les aventures du jeune Simon, qui à la suite des hauts faits accomplis lors des quatre volumes précédents, est adoubé chevalier par Josua ; et de Miriamélé, prisonnière sur un bateau en haute mer, et proie des attentions malhonnêtes du propriétaire de celui-ci, le marquis Aspitis. Quant aux Epées-talisman, on en parle beaucoup, on les voit peu, et on se doute qu'il faudra encore un moment avant que les bons de l'histoire remettent la main sur une collection complète. Ce qui ne nous empêche pas d'entrevoir les heurs et malheurs d'une bonne demi-douzaine d'autres pro — et antagonistes. Ce qui est beaucoup, d'autant plus que chacun est accompagné d'un certain nombre de faire-valoirs comiques, seconds couteaux ou autres vrais ou faux amis. Le moine Cadrach est un des plus hauts en couleurs, avec son lamentable passé de déchéance totale d'un intellectuel (il fit un jour partie de la Ligue du Parchemin) dissous dans la drogue (le vin, dans cet univers de basse technologie).
Vierge de la lecture des épisodes précédents — fort doctement synthésisés en une dizaine de pages denses à l'ouverture du livre — ignorant du nombre et de la teneur de ceux qui suivront la fin, abrupte et lourde de suspense, du présent tome, je me sens comme un badaud, le nez collé sur une somptueuse tapisserie, qui n'en apercevrait que trois points rouges, un fil jaune, et deux traits bleus. Ce sont des sagas où il faut se plonger ; tout est fait, selon les recettes éprouvées de la fantasy, pour que livre s'enfle en univers (cartes en frontispice, glossaires en annexe, et une liste de personnages qui frise le dictionnaire, tout en comportant au moins une omission notable).
Tad Williams a une écriture confortable, un peu trop chargée des clichés rhétoriques moyenâgeux de la « high fantasy », moyennement servie par une traduction parsemée d'anglicismes. Ces clichés ne se muent pas nécessairement en clichés de pensée ; les personnages les plus batailleurs répugnent profondément à la guerre, par exemple. Toutefois, tout à son honneur perdu de princesse, Miriamélé vire au mélo avant de se révéler femme d'action. Le cadre de l'histoire est calqué sur le Moyen-âge européen, avec des langues inventées qui ont des consonnances empruntées au latin, au gaélique, à la vielle langue scandinave... Et, sur cet échantillon, je n'arrive pas à discerner l'originalité de la lutte entre Bien et Mal par humains et créatures magiques interposées qui se livre sur Osten Ard. Rien à voir avec Terremer, par exemple ; une lecture agréable, mais moins forte que celle, disons, de Bordage.
Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantesJean-Pierre Fontana : Sondage Fontana - Fantasy (liste parue en 2002) pour la série : L'Arcane des épées André-François Ruaud : Cartographie du merveilleux (liste parue en 2001) pour la série : L'Arcane des épées