DENOËL
(Paris, France), coll. Présence du futur n° 604 Dépôt légal : février 1999, Achevé d'imprimer : février 1999 Première édition Recueil de nouvelles, 176 pages, catégorie / prix : 3 ISBN : 2-207-24800-3 Format : 11,0 x 18,0 cm Genre : Fantastique
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Quatrième de couverture
La peur et l'horreur sont là, habitant la vie de tous les jours, se dissimulant derrière les objets les plus quotidiens. Les jouets par exemple. La peur et l'horreur sont les compagnons de l'enfance. Jadis on s'amusait à se faire peur, maintenant on joue à épouvanter et à tuer son petit camarade, sa soeur, son frère... Le gris des choses est trompeur, l'habitude est un maquillage habile, la banalité un masque commode derrière lequel les démons travaillent à notre perte. Il faudrait rester vigilant, faire quelque chose... Mais quoi ? Et puis, n'est-il pas déjà trop tard ?
Des nouvelles pleines d'une menace sournoise et envahissante, des histoires placées sous le signe du malaise. Le cauchemar au quotidien.
Jean-Pierre Andrevon est l'auteur français le plus publié en Présence du Futur — ne passez pas à côté de son roman Sukran, récompensé par le Grand-Prix de la Science-fiction française 1990. Peintre, chanteur, anthologiste, critique, il fait partie de ces auteurs à conviction dont chaque texte dénonce l'injustice, la barbarie, l'idiotie de l'homme pour mieux lui rendre hommage. On peut le qualifier, non sans humour, d'humaniste cruel.
1 - Le Téléphone sonne, pages 7 à 36, nouvelle 2 - La Neige, pages 37 à 51, nouvelle 3 - Un Enfant solitaire, pages 53 à 85, nouvelle 4 - La Nuit des petits couteaux, pages 87 à 94, nouvelle 5 - Apparition des monstres, pages 95 à 112, nouvelle 6 - Belle et sombre, pages 113 à 121, nouvelle 7 - Les Crocs de l'enfance, pages 123 à 175, nouvelle
Critiques
Andrevon est un auteur, pas simplement un écrivain. C'est dire qu'il ne se contente pas de traiter habilement des variantes sur des thèmes connus pour fabriquer de jolies menuiseries textuelles. Auteur, il engendre un univers personnel où il met en situation nombre de ses propres fantasmes, mais avec assez de maîtrise pour les garder quand même à distance, pour permettre une élaboration secondaire qui permet au lecteur de les partager et d'en jouir.
Le titre du recueil, Les crocs de l'enfance, est aussi le titre de la dernière des sept nouvelles publiées ici. On retrouve avec plaisir quatre textes repris de livres aujourd'hui introuvables. Ces textes fonctionnent comme des cauchemars d'enfance pour la plupart — ce que le dessin de couverture marque expressément. Et comme dans les contes de fées, ces cauchemars mettent en scène des enfants en proie à l'innommable. Un enfant solitaire conte l'histoire d'une vie banale et sordide, qui s'épuise en quelques heures, dans un univers de toute-puissance et de solitude : les adultes n'y sont que des objets incompréhensibles, mais utilisables. En revanche, La nuit des petits couteaux dont le titre rappellera quelque chose à ceux qui ont étudié (ou vécu) la naissance du nazisme, montre la force collective des enfants qui, là aussi, aboutit à une sorte de toute-puissance. Apparition des monstres est une variation en forme de nouvelle sur un thème andrevonien, celui du retour des dinosaures comme dans Ils sont rev.... Mais c'est ici vu par le regard d'un enfant qui se retrouve seul, lui aussi. Les crocs de l'enfance montre l'osmose entre imaginaire et réalité dans un combat fratricide entre une petite fille et son jaloux de frère, sous le regard vide de la mère qui — comme pour Un enfant solitaire — ne peut comprendre quoi que ce soit à cette lutte : elle se passe pourtant sous ses yeux mais dans un autre univers. Quant à Belle et sombre, c'est une histoire de monstre ou de sorcière, mais on l'ignore jusqu'au bout.
Restent deux textes dont l'un, Le téléphone sonne, est extrêmement angoissant. Ici pas d'enfants, mais un adulte. Il est pris dans le même type de cauchemar, celui de la répétition. Avec des démarches à accomplir, qui l'amènent à prendre conscience qu'il est mort. Il se réveille alors. Mais, comme au début, le téléphone sonne... et le cauchemar recommence. Sans fin. Évoquons enfin La neige, un texte que je n'ai pas aimé parce que j'y suis resté étranger. On a chacun ses zones d'accroche avec un thème, un écrivain. Et là, je bute. Cela n'enlève rien aux qualités de terreur de l'ensemble des textes et au plaisir que l'on peut prendre à en partager l'horreur secrète.