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Les Chemins de l'espace

Colin GREENLAND

Titre original : Harm's Way, 1993
Première parution : HarperCollins, 1993
Traduction de Patrick MARCEL

J'AI LU (Paris, France), coll. Millénaires n° (6028)
Dépôt légal : février 2000
Première édition
Roman, 396 pages, catégorie / prix : 79
ISBN : 2-290-30483-2
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     L'empire britannique déploie sa puissance et sa magnificence à travers l'univers. Ses colonies et ses ambassades sont en liaison avec le coeur de l'empire, Londres, grâce aux grandioses voiliers spatiaux qui bravent les marées de l'espace, guidés par le talent des membres de la Très Respectueuse Guilde et Très Méritoire Hiérarchie des Pilotes de l'Ether.
     Sur Port de Haut, modeste embarcadère en orbite autour de la Terre, Sophie Farthing mène une existence misérable en compagnie de son père, veilleur de nuit et opiomane halluciné, qui lui a un jour révélé que sa mère avait péri dans le naufrage d'un célèbre yacht stellaire.
     Mais un jour, Sophie croise la route de M. Cox, le redoutable délégué de la Guilde, qui semble connaître beaucoup de réponses... Alors la jeune fille se lance dans un périple sans trève sur les traces de ses origines, de la Lune à Londres, et de Mars, où elle connaîtra les anges sauvages et le dieu du Puits Noir, à Io.

     Né dans le Kent en 1954, Colin Greenland est l'auteur de nombreuses nouvelles qui l'ont imposé comme l'un des grands écrivains steampunks de ces dernières années. Dans Les chemins de l'espace, il donne sa vision baroque d'une aventure à la croisée des chemins entre Dickens et Silverberg.
Critiques
     Le père de Sophie Farthing lui a toujours dit que sa mère — un ange — était morte dans le naufrage de l'Hippolyte, un yacht stellaire. Mais la rencontre de Sophie (espèce de cendrillon steampunk) avec M. Cox, l'homme aux dents de fer, lui laisse entrevoir que son père lui a menti et que la bague qu'il lui a confiée est la clef de ses origines. S'ensuit une quête de la vérité à travers l'éther, sur de superbes voiliers spatiaux vers Mars, Io... Livre étonnant (ne vous laissez pas abuser par le démarrage laborieux), alchimie réussie de Dickens et de space opera archaïque, le tout agrémenté d'une faune complexe digne de la meilleure fantasy, ces Chemins de l'espace captivent sans mal. Reste que l'on préférera lire — malgré le prix exorbitant, 165 FF — Le Pays de Cocagne du même auteur chez Payot « SF », sans doute moins fusionnel, moins original, mais autrement plus ambitieux.

CID VICIOUS
Première parution : 1/7/2000 dans Bifrost 19
Mise en ligne le : 3/10/2003


     Le XIXe siècle, voilà l'avenir. Parce qu'après la chute du Mur, on voudrait refermer la parenthèse de bruit et de sang ouverte en 1914, que le web-optimisme renvoie à la deuxième révolution industrielle de l'électricité et du pétrole, que la SF est née du roman d'aventures (lisez ou relisez l'article de Dominique Warfa dans Les Univers de la science-fiction), que mieux vaut détourner et réécrire le passé que prophétiser un avenir aléatoire et que la nostalgie est toujours ce qu'elle était. D'où le steampunk dans ses multiples variétés. D'où les ordinateurs chez Victoria, ou, ici, l'Empire britannique, la marine à voiles et les docks de Londres étendus au système solaire, avec escarbilles, crasse, yachts et paquebots, guilde d'assassins se faisant greffer de nouveaux visages un peu comme Chéri-Bibi (Fatalitas  !), gentlemen, catins et cousettes. Tout cela supposant que l'auteur et les lecteurs accordent une réalité aux vieilles théories qui remplissaient l'espace d'un éther subtil, pour en faire une sorte de mer, et que nul ne s'interroge trop sur le temps nécessité par les traversées. On y a ajouté des extraterrestres en masse  : des faunes, des Ophiqs changeant de couleur selon leurs sentiments, des simili-opossums bleus, des autruches quadrupèdes, de redoutables brutes à tête en forme de marteau avec un œil globuleux à chaque bout, ou, longuement décrits, les anges sauvages de Mars, rapaces primitifs mais attachants. Et une héroïne-narratrice orpheline de mère, que l'on suit à la recherche de son identité, d'une station orbitale minable jusqu'à Io en passant par la Lune, Mars et divers vaisseaux dont celui d'une cantatrice. Tout cela est explicitement placé sous le signe de Defoe et de Robinson, maintes fois cités, et implicitement sous celui de Dickens. Une culture anglo-saxonne permet sans doute de mieux apprécier le jeu littéraire, mais tel quel, on a un livre tout à fait prenant, qui adapte au lecteur d'aujourd'hui les merveilleux romans d'autrefois, quand on ne s'embarrassait guère des faits, de la réalité astronomique, de la stérilité tristounette des planètes et des contraintes technologiques, pour déployer des images, entre préraphaélisme et gravures anciennes — avec, sans honte, une pointe de kitsch, un peu comme chez Robida...

Éric VIAL (lui écrire)
Première parution : 1/6/2000 dans Galaxies 17
Mise en ligne le : 26/10/2001


     « Cher Lecteur, je pense que vous avez fait preuve d'une immense patience pendant tout ce temps, et cela a été très long, surchargé de petites complications, de digressions et d'infinis détails de choses ordinaires qui n'ont dû présenter aucun intérêt pour vous », nous dit la narratrice à la page 385. Nous sommes tentés de lui donner raison !

     Sophie est une enfant trouvée, mais elle possède fort opportunément une bague qui la mettra sur la piste de son véritable père… Voilà résumé en quelques mots le cœur de l'intrigue. On pourrait croire qu'il ne s'agit que d'un prétexte destiné à développer d'autres thèmes ou à animer un univers profondément original, mais il n'en est rien. L'histoire se contente d'exposer comment Sophie se révélera bien être la fille d'un important personnage, ce que tout lecteur un peu avisé aura compris dès la première page.

     Evidemment, l'intérêt pourrait résider dans l'ambiance XIXème siècle qui baigne le roman. Nous y retrouvons un Empire britannique qui a étendu son influence au système solaire, et l'astroport ressemble à un Londres brumeux, avec ses bas-fonds, ses prostituées, son voleur romantique… Un véritable Opéra de quat'sous… à deux balles ! La toile de fond n'est en effet que trop sommairement plantée pour retenir l'attention.
     S'agit-il d'un ouvrage de steampunk ? Pas vraiment, à mon sens. L'auteur se contente de transposer platement dans l'espace une intrigue victorienne, alors que dans le steampunk l'imagerie du XIXème siècle est souvent volontairement grossie et correspond davantage à une réinvention fantasmée.

     L'auteur agrémente néanmoins le récit de quelques aventures maritimes — sur les océans de l'espace —, ou de quelques éléments issus des romans d'apprentissage ou des récits de voyage (on assiste par exemple aux grandioses funérailles de l'Empereur de Mars…). C'est plaisant, mais cela ne suffit pas à masquer qu'il ne s'agit que d'une suite de clichés dont le seul intérêt est d'être relevés par une sauce science-fictive, avec quelques extra-terrestres pittoresques ou des gadgets comme le masque végétal, dans le but de remettre au goût du jour une intrigue qui a fait ses preuves, mais qui est aujourd'hui plus qu'éculée.

     Comme le suggère la quatrième de couverture, la comparaison avec Dickens s'impose, mais elle n'est pas à l'avantage de Greenland : nous ne retrouvons ni la verve ni le sens de la caricature qui rendent délicieux n'importe lequel des romans de Dickens. Les personnages n'ont pas la carrure ni la dimension tragique nécessaire pour transcender le manque d'imagination, et, comble de malchance, le récit est bavard et manque de rythme, avec des événements tellement prévisibles que l'on a du mal à patienter.

     En conclusion, ce roman séduira peut-être l'amateur de science-fiction capable de trouver une certaine fraîcheur à cette intrigue naïve, surtout s'il connaît peu la littérature du XIXème siècle. Les autres pourront l'oublier rapidement.

Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 15/4/2000 nooSFere


     Passons sur le titre français de ce roman, d’une platitude déconcertante, ainsi que sur une couverture tellement insignifiante qu’on pourrait la qualifier d’invisible. Intéressons-nous au contenu plutôt qu’au contenant.
     Les chemins de l’espace raconte l’histoire de Sophie Farthing, qui a vécu toute sa vie en compagnie de son père sur Port de Haut, un port spatial en orbite au-dessus de la Terre. Alors qu’elle a quinze ans, Sophie fait une étrange rencontre avec un personnage qui reconnaît la bague qu’elle porte, seul souvenir de sa mère disparue. Elle comprend alors que son père ne lui a pas dit la vérité sur ses origines et elle n’aura de cesse qu’elle n’ait appris qui était sa mère. Sophie quitte donc Port de Haut pour la première fois de sa vie et s’embarque avec toute sa candeur et sa naïveté dans une longue quête qui la conduit dans tous les coins du système solaire.

     Le plus souvent, c'est l'héroïne qui raconte son histoire. Et elle passe beaucoup de temps en descriptions de lieux, de personnages et de force détails souvent futiles. Cela permet de donner corps à un monde assez insolite, transposition de l’Angleterre Victorienne dans un cadre de space opera. Cet univers est celui d’un XIXe siècle un peu bizarre où les navires voguent de planète en planète sur les courants de l’éther et où l’on croise quelques extraterrestres. Mais ce décor baroque qui aurait pu être original reste une toile de fond sans véritable intérêt : il ne sert jamais de moteur à une intrigue qui aurait tout aussi bien pu se dérouler au ‘‘vrai’’ XIXe siècle sans que rien ne change vraiment.
     C’est là le principal problème : l’intrigue est bien trop mince et suit des chemins cent fois balisés. Le résultat de la quête de l’héroïne ne laisse guère de place au suspense, et dès le milieu du roman il n’y a même plus le moindre doute sur l’identité de ses parents. Dès lors, la suite de l’histoire se déroule sans grand intérêt, le récit ne réservant pas la plus petite surprise jusqu'à son inévitable et attendue conclusion.

     Reste un univers baroque décrit avec un vocabulaire particulièrement riche. Cela justifie-t-il un volume de 400 pages ?

Frédéric BEURG (lui écrire)
Première parution : 15/4/2000 nooSFere

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