2027. A la suite d'un étrange séisme, Néo-Tokyo est rayé des cartes. Comme dans
Akira ? Non, car douze heures plus tard Néo-Tokyo réapparaît, comme si de rien n'était ! Magie ? Non, Réalité Virtuelle ! Et douze heures plus tard, le cycle infernal redémarre. Comme un disque rayé.
Créée par le groupe Satori (un des plus puissants conglomérats Keiretsu de la planète), Virtualopolis est la première cité virtuelle en ligne. Mais infectée par un mystérieux virus, elle "plante", entraînant dans un coma profond des milliers de connectés de par le monde. Sans nul doute un nouvel épisode de la Guerre des Méga-Corporations (la Réalité Virtuelle -
vachuru en japonais - représente un marché de 13000 milliards de News Yens). Comment sauver tous ces malheureux crashés dans le cyberspace ? En retrouvant le président de Satori qui possède les codes d'accès permettant de "rebooter" Virtualopolis. Telle est la mission qui est confiée à Frank
zen Gobi, le "détective de la conscience". L'ennui, c'est que le big boss a disparu lors de la dématérialisation de Néo-Tokyo !
Au vu de ces quelques lignes, on pourrait penser que
Le Seigneur du Rim est un simple thriller virtuel japonisant... Mais au fur et à mesure de la lecture, l'intrigue explose en une multitude de pixels et de coups de théâtre, et on se rend vite compte que l'auteur louche plus du côté de Pierre Dac que de celui de William Gibson ! Les inventions loufoques abondent : la thermocybernétique permet d'absorber les excès de karma virtuel, on télécharge les projections astrales, des moines thibétains mettent au point une architecture-système appelée Tantrix basée sur les méthodes tantristes de visualisation (c'est le traitement de conscience !), les sushis sont interactifs (avant de les manger, on communique avec le karma du poisson), etc. Bref, un délire cyberpunk fort réjouissant (dans la lignée du
Samouraï virtuel de Neal Stephenson, paru récemment en Ailleurs et Demain, mais en nettement moins maîtrisé cependant; la fin est d'ailleurs passablement bancale, mais bon ...) et on ne s'étonnera pas que Robin Williams en ait acquis les droits cinématographiques.
Mais que cette réalité virtuelle la plus débridée (si j'ose dire) ne nous fasse pas oublier la question ultime du roman : l'étape suivante de l'évolution de l'humanité n'est-elle pas sa pure et simple numérisation ?
Denis GUIOT
Première parution : 1/12/1996 dans Galaxies 3
Mise en ligne le : 1/1/2000