En rejoignant le Chasseur Lent,
Shade et les Zapmen sont devenus des Guerriers du Réel.
Leur mission ? Ramener à la vraie vie les drogués
du cyberspace car, à haute dose,
la Réalité Virtuelle transforme les individus en zombies... Mais d'Inner City à Slum City en passant
par un petit village breton, parviendront-ils à échapper
à NetWatch, la redoutable police
des Réseaux, qui n'apprécie pas du tout
leurs actions ?
Les Guerriers du réel est le dernier volet (et quel volet !) de la trilogie cyberpunk des Zapmen, qui compte Slum City, Le Chasseur lent et la nouvelle Traque dans Babylone (in Villes au bord du futur, même collection). Métamorphosés par leur vie en Basse Réalité (le monde réel), les Zapmen brouillent les repères entre virtuel et réel chez les Inners immergés en Haute Réalité, sous la direction du Chasseur lent. Leur but : désintoxiquer ces nouveaux zombis afin de ramener la vie dans des villes désolées et recréer du lien social. Traqués par les polices de Maya, poursuivis par Kris, l'héroïne d'Inner City (J'ai lu, pour les grands), l'agent de Mens Sana, ils quittent la Bretagne pour se replier sur Slum City où rien ne va plus : la Grande Zora et son gang menacent leur refuge, l'Usine. Heureusement, Shade et ses Zapmen ont grandi ; libérés de la tutelle de leurs aînés, ils ont de la ressource et sauront triompher de toutes les embûches de ce roman rythmé pour... pour quoi au fait ? Ici, aucune victoire éclatante et moraliste, dans les dernières pages. Non, à la fin, tout reste à faire. Jack, le Chasseur lent et les Zapmen ont juste commencé à semer les graines du doute sur la Haute Réalité. Car derrière le roman d'aventures, l'auteur poursuit sa réflexion sur les questions que nous pose déjà le virtuel : désertification des campagnes, déshumanisation des villes, accès à l'information, avènement d'un monde à deux vitesses, etc. Jamais manichéen, il rapproche les dangers et les bienfaits du virtuel. Il compare les ghettos de Slum City, l'univers déshumanisé d'Inner City et la lente agonie d'une province devenue brousse, avec leurs périls comme leurs îlots de vie, l'Usine de Slum City, les mamans de Ze Cat et Miniboute, Betsy et Alice, les mamies maladroites à la tendresse exacerbée résolument ancrées dans notre bon vieux xxe siècle. Le monde est devenu fou, mais rien n'est perdu. Avec cette trilogie inventive et enlevée, Jean-Marc Ligny aborde l'une des grandes questions du monde moderne, sans tomber dans les pièges habituels du thème. Des romans intelligents aux personnages attachants. Incontournable.