Aujourd'hui encore on raconte cette histoire, dans les caravanes, au plus profond du désert : la légende d'Alaet... La formidable destinée de ce guerrier-larron débute dans les méandres de Karnab la Magnifique. Un grand péril plane sur la cité, car, en son centre, le Château cannibale s'étend inexorablement, rongeant un à un les quartiers de la ville...
Quel mystère préside donc à l'engloutissement de Karnab ? Pour le découvrir, Alaet devra combattre par l'épée et la magie la sombre forteresse, au risque de périr comme meurt la cité... Ainsi débute la première aventure d'Alaet en les terres de Wethrïn.
Ainsi naît la légende.
A la découverte d'une nouvelle fantasy aux accents de Mille et Une Nuits, un nouveau monde-univers par Laurent Genefort.
Critiques
Changement. C'est sans doute le mot qui résume le mieux ce nouveau roman de Laurent Genefort. L'un des acteurs les plus doués de la nouvelle SF française profite de son incursion dans la collection Abysses de la librairie des Champs Elysées pour nous offrir une histoire « terrestre » sur laquelle souffle un sympathique petit vent de fraîcheur. En fait, depuis L'Opéra de l'Espace, Laurent Genefort n'était plus parvenu à retenir l'attention de votre serviteur de la première à la dernière page de ses récits. Non pas que la qualité littéraire des Croisés du Vide soit mise en cause, mais on discernait parfois, au détour de quelques intrigues, une routine habilement dissimulée sous de foisonnantes descriptions. Ici, tout semble rentrer dans l'ordre ! Le Château Cannibale raconte comment un voleur à la petite semaine, sorte de croisement entre le Alladin de Walt Disney et l'archétype du héros hitchcockien (à qui l'on n'a rien demandé mais qui se retrouve embarqué malgré lui dans une histoire incroyable), se voit confier la mission périlleuse de découvrir ce qui se cache derrière les remparts d'un palais qui ne cesse de grandir. Comme toujours avec Laurent Genefort, vous en dire plus serait vous gâcher une partie du plaisir : celui de la découverte d'un univers haut en couleur, mélange habile de folklore oriental et de croyances occidentales. Mais je m'en voudrais tout de même de ne pas vous signaler que Le Château Cannibale est également une petite perle d'humour noir, une dimension du fantastique que Laurent Genefort avait très peu explorée jusqu'ici. En toute honnêteté et sans délirer, ce petit opus mériterait de tomber entre les mains de Terry Gilliam. Chiche qu'il en tomberait amoureux et le porterait avec brio au grand écran...
En attendant, faites-vous votre propre cinéma, c'est déjà le pied.
Genefort est allé musarder du côté de l'heroic-fantasy, explorant les marges entre vivant et inanimé. Le château du titre a besoin d'esclaves pour grandir toujours plus et suinte d'humeurs diverses, ses murs avalent les êtres vivants pour en digérer le squelette, certains sangs allègent les pierres, des démons animent des golems, une racine sensible à la magie s'installe en symbiote dans un humain, des objets s'insurgent, etc. Une forte gamme d'humanoïdes, dont certains quasi-minéraux, s'agite parmi tout cela. Bref, on a du Brussolo light, moins morbide que le vrai, et avec des morceaux de Genefort dedans. On n'est pas volé, on ne s'ennuie pas, la métaphore centrale est filée efficacement et les créations annexes sont assez nombreuses pour rassasier. N'empêche qu'on peut préférer la SF, et attendre que notre sans doute meilleur auteur de space-opera y revienne. Vite.