L'histoire se passe dans un pays d'Amérique Latine qui n'existe que dans la tête de Philippe de Boissy. Ce qu'il s'y passe ? Un peu de guerre, beaucoup d'espionnage, un brin de dictature, une larme de savant fou, une pincée de dérision, un soupçon de violence, un gramme de tendresse. Agitez le tout et Le lapin montre les dents...
Vous l'avez compris, résumer cet ouvrage n'aurait pas rimé à grand chose car si l'on peut mettre un scénario en boîte, cela est impossible avec un style. En effet, c'est bien le style de l'auteur qui importe ici, presque plus que l'histoire elle-même, même si elle chante les louanges de la liberté et crache sur les bottes cloutées du totalitarisme.
Il est vrai que l'écriture au JE offre des possibilités que le IL et le ELLE ne peuvent apporter. Ça diminue la distance qui sépare l'écrivain du lecteur. Ça libère l'auteur d'une barrière, ça confère à la fiction un air de réalité.
Mais s'agit-il vraiment d'une œuvre de Science-Fiction ? Non, sûrement, peut-être pas... Bof. Le débat n'est guère reluisant. On s'en moque, après tout. Est-ce de la fiction ? C'est même pas sûr. Sait-on seulement ce qui se trame dans les laboratoires de toutes les armées du monde ?
Un roman un peu long parfois, un peu flou aussi, mais un roman fort et bon qui en dit long sur les ambitions des Editions de l'Aurore et de sa collection Futurs.
Le petit monde de la Science-Fiction a besoin de bouger, qu'on le secoue comme un prunier car il s'endort sur ses lauriers. Eh bien voilà, un vent coulis se lève sur le genre. Retenons nos chapeaux et prions pour qu'il ne s'essouffle pas tout de suite.
Éric SANVOISIN
Première parution : 1/12/1988 dans Fiction 403
Mise en ligne le : 22/3/2003