Après quelques essais dans la littérature générale, le roman policier et la science-fiction, Marc Agapit, de son vrai nom Adrien Sobra (1897-1985), s'est consacré exclusivement au fantastique de 1958 à 1974, publiant quarante-trois romans dans la collection « Angoisse » du Fleuve Noir. Ensuite il n'a plus rien écrit. Les quatre romans réunis dans ce volume sont très représentatifs du style « Agapit », un ton à nul autre pareil qui fait de cet écrivain un cas à part dans le fantastique français. On est plongé dans une atmosphère pesante et surréaliste où le tragique le dispute à l'épouvante — La Bête immonde préfigure le roman d'horreur moderne — , et la moindre des surprises est de constater que le narrateur peut être une femme décapitée (Agence tous crimes) ou un tout jeune fantôme, curieux et craintif à la fois (Greffe mortelle). L'auteur exprime généralement, outre quelques obsessions personnelles qui l'amènent à revisiter l'histoire d'Œdipe (Piège infernal), une vision pessimiste de l'être humain prisonnier de son destin, et qui vivant comme mort est sans cesse manipulé.