Sur Ardecam, la mode était aux concerts-suicide et aux implants de sauterelles. Mais on n'avait pas encore légalisé le meurtre. Pour quelles raisons avait-on assassiné Mordecai Klikovitch, le plus sulfureux des grands chefs d'orchestre, dans les sables de Pater Profundus ?
Seul Harry Nelson, musicologue aux bien étranges facultés, pouvait aider la police musicale à résoudre cette énigme. On avait déjà tout exploré, en vain. Sauf, peut-être, les cimetières.
Posséder une ouïe surdéveloppée qui détecte le moindre défaut dans un morceau de musique est une véritable bénédiction pour le critique musical Larry Nelson. Mais à chaque instant de sa vie, son don devient un calvaire et il ne peut le supporter que grâce à une prothèse auditive dont l'efficacité diminue jour après jour. Un soir de représentation de la 10e Symphonie de Beethoven, une œuvre inconnue de tous et retrouvée mystérieusement, Klikovitch, le chef d'orchestre renommé, est retrouvé mort dans sa loge. Larry est le premier sur les lieux du crime où la victime, dans un dernier souffle, lui joue un si bémol au piano. Un indice mystérieux qui va guider Larry sur le chemin d'une découverte bouleversante...
Michel Honaker aime à distribuer avec parcimonie les éléments qui permettent au lecteur de s'emparer entièrement de son roman, et d'en comprendre toute la teneur et l'ampleur. Ici, il dessine d'abord un personnage torturé par un handicap particulier, et par le biais d'une écriture toute en finesse et en musicalité, il nous dévoile les mystères du son et de son influence sur l'âme. Puis, habilement, il bascule dans le thriller, créant de nouvelles ambiances sans en faire trop, plaçant ses éléments les uns après les autres, lentement, doucement, sûrement, jusqu'à obtenir enfin un mélange efficace qui vous explose à la figure. Puis, subrepticement, il nous glisse de l'espionnage, une conspiration qui se révélera gigantesque, et une fin en apothéose. Une fin intrigante et qui laisse le champ ouvert à tous les possibles.
Les mots tourbillonnent, les phrases coulent, les paragraphes valsent. Le texte est un pur ravissement. C'est inventif, c'est surprenant, c'est envoûtant. On en redemande.