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Dans la gueule du dragon

Laurent GENEFORT

Cycle : L'Espace entre les guerres vol. 1 


Illustration de Jean-Jacques CHAUBIN

FLEUVE NOIR / FLEUVE Éditions (Paris, France), coll. SF n° 56
Dépôt légal : novembre 1998, Achevé d'imprimer : novembre 1998
Première édition
Roman, 224 pages, catégorie / prix : 35 FF
ISBN : 2-265-06553-6
Format : 11,0 x 17,5 cm
Genre : Science-Fiction

Sous-collection Space.


Autres éditions
   in L'Espace entre les guerres. L'intégrale, CRITIC, 2020

Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
Laurent Genefort vit en région parisienne. Lauréat 1995 du Grand Prix de l'Imaginaire, c'est un éclaireur de la nouvelle SF française. La galaxie n'est pas trop vaste pour ce créateur d'univers, fils spirituel de Stefan Wul (Niourk), de Frank Herbert (Dune) et de Bruce Sterling. A 30 ans, il a produit près de 20 romans et ne cesse, livre après livre, d'affiner l'exploration de ses mondes foisonnants, toujours prétextes à l'aventure et au voyage. Enquête en terre de feu dans le présent ouvrage avec le risque, à chaque page, de plonger dans la gueule du dragon.
 
     Cette planète de magma en fusion au sein d'un système solaire en formation est une succursale de l'enfer. Pourtant, la vie s'est établie. Une colonie a pu se développer sur une île artificiellement refroidie flottant sur l'océan de lave. Mais l'assassinat consécutif de deux gouverneurs sonne le glas du bel équilibre. Jarid, enquêteur extraordinaire, doit découvrir quelle faction politique a intérêt à mettre le feu aux poudres. Il en va de la survie des habitants... à commencer par la sienne.
 
D'où vient que les space opera de Laurent Génefort sont si crédibles ? Pour l'écriture de chaque livre, des heures passées avec des scientifiques.
Critiques
     Après le monde gazeux des Croisés du vide, voici une planète en fusion, où s'accroche une colonie humaine : Genefort aime les milieux extrêmes. Les remerciements finaux soulignent les conseils scientifiques dont il a bénéficié, entre astrophysique et vulcanologie, mais qu'on ne s'inquiète pas, la science digérée et assimilée se traduit par la cohérence du décor et des situations, et non par une érudition plaquée ou un didactisme facile, étrangers à l'auteur. Et l'effort de ce dernier ne s'arrête pas à la documentation. On voit s'esquisser la psychologie du personnage principal, enquêteur envoyé sur cette planète après l'assassinat d'un gouverneur, et ses problèmes avec son monde d'origine. On voit surtout apparaître des groupes politiques qui ont une réelle originalité, ne démarquent pas benoîtement nos partis terriens, et existent en fonction de l'environnement local, de ses contraintes, des options qu'y ont les hommes. S'y ajoutent les conflits inhérents à un univers où des sociétés privées « transmondiales » sont toutes-puissantes, et à leur domination examinée sans angélisme ni grandiloquence, à travers les yeux de ceux pour qui c'est là une situation « normale », et qui peut faire réfléchir aux rapports entre État, politique et entreprise. Dans le format d'un Fleuve, tout cela n'est qu'esquissé, mais épaule fortement une histoire elle-même assez solide. On peut toujours se lancer de confiance dans la lecture d'un roman de Genefort. On peut aussi espérer que ses potentialités et ses esquisses de réflexions, de plus en plus en plus manifestes, se concrétiseront dans de très grands romans. Il suffirait peut-être qu'il s'en donne, ou qu'on lui en donne, et l'espace et le temps, ces deux matières premières de la SF qui manquent souvent à ses serviteurs.

Éric VIAL (lui écrire)
Première parution : 1/3/1999 dans Galaxies 12
Mise en ligne le : 15/12/2000


     Jarid Moray est un employé de la Semeru, une de ces entreprises multimondiales colossales et toutes puissantes dont l'étendue des possessions se compte en nombre de planète. Mais pas n'importe quel employé. Moray appartient à cette caste de politiciens d'élites, médiateurs hors-pair, que les multimondiales délèguent dans l'une ou l'autre de leurs précieuses colonies en cas de troubles politiques majeurs.
     Muspellsheim, dans le système en formation Pelé, est une boule de lave éruptive, un enfer de chaleur radioactif agité de gaz mortels. Ces conditions pour le moins radicales n'ont pas empêché les humains de s'encrer en une colonie de cinq millions d'âmes dans le ventre d'Ymir, île artificielle réfrigérée en permanence, sorte de vaisseau géant naviguant sur les mers de roches en fusions de Muspellsheim. C'est une évidence : à Ymir, on rigole pas tous les jours. D'autant que les gouverneurs de la colonie ont depuis quelques temps la fâcheuse habitude de se faire assassiner. Et les factions indépendantistes, non contentes de s'entre-tuer, de commencer à poser des problèmes plus que sérieux au gouvernement officiel maintenu sous le potentat de la Semeru. Intrigues politiciennes, meurtres, velléités indépendantistes, séditions : c'est un boulot pour Jarid Moray, le super enquêteur...

     Ainsi, après les jungles, l'espace profond, les mondes gazeux ou bien encore de glace (cf. « La fin de l'hiver » dans Bifrost 10), voici venir la lave et la chaleur insoutenable d'une planète en fusion. C'est l'évidence, Genefort aime à placer le cadre de ses histoires S-F dans des environnements extrêmes — à tel point qu'on en viendrait presque à se demander ou se situera l'action de son prochain bouquin... dans le cœur d'un soleil, peut-être ?

     Le problème qui se pose dans le cas d'une semblable démarche est double. D'abord, trouver le juste équilibre narratif entre le cadre et l'intrigue, c'est à dire faire en sorte que l'importance sciemment donnée au décor ne fasse pas passer la trame de l'histoire en arrière plan. Second point : s'attacher à la cohérence et à la vraisemblance scientifique sans pour autant trop en faire (sous peine d'être confronté au premier point évoqué plus haut). Et force est de constater que Genefort se sort ici plutôt bien de cet exercice périlleux (qu'il pratique depuis un bon moment, rappelons-le).
     L'histoire matinée de polar du présent roman se tient de bout en bout, et ce en dépit de certaines chutes de rythmes et quelques scènes visuellement peu claires. Quant au personnage de Jarid Moray il sait se faire attachant (on remarquera d'ailleurs qu'au fil des textes, l'auteur maîtrise de mieux en mieux le relief et l'épaisseur de ses protagonistes). Bref un roman sans génie narratif mais efficace, d'une lecture agréable, ce qui n'est déjà pas si courant ces derniers temps au Fleuve Noir...
     Reste l'aspect de la cohérence scientifique de Dans la gueule du dragon. Et là, vraiment, rien à redire. On sentait déjà, dans les dernières œuvres de l'auteur, romans ou nouvelles, poindre ça et là la rigueur de la hard science. Néanmoins on ne peut s'empêcher de considérer le roman ici critiqué comme l'avènement réel de l'argument scientifique dans l'œuvre de Genefort, en espérant assister à la naissance du premier véritable auteur de hard science de la nouvelle vague de la S-F francophone. Amen, alléluia, il était temps !

     Et on se prend à rêver à un Genefort aussi ambitieux dans le domaine narratif qu'il peut l'être dans son approche d'une science-fiction scientifiquement solide, un Genefort maniant les niveaux de lectures et les trames imbriquées comme il le fait des concepts scientifiques. Patience, un jour viendra...

ORG
Première parution : 1/12/1998 dans Bifrost 11
Mise en ligne le : 1/11/2003

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