— Ce que je veux ?

Son visage s'était légèrement transformé. Il semblait à présent attendre avec impatience quelque chose qu'il avait souhaité depuis longtemps. Une flamme glacée dansait dans ses yeux. Greg le regarda avec effroi : il s'était mis entre les pattes d'un fou furieux.

— Je veux que vous choisissiez entre deux solutions. Ou bien vous restez ici, ou la police viendra vous cueillir dans quelques minutes... ou bien vous acceptez de vous incarner dans le corps de mon singe.

— Allez au diable ! geignit Greg.

D'Espart éclata d'un rire discordant.

— J'en viens... dit-il sèchement.

     Une fois encore, cette série ne choisit pas nettement entre le fantastique et la science-fiction : dans ce court roman paru en 1959 au « Fleuve Noir-Angoisse », s'il s'agit essentiellement de métempsycose, celle-ci reçoit une explication parascientifique : la maîtrise des ondes électriques permet à un magicien diabolique de « faire agir un corps à l'aide du cerveau d'un autre ». Ceci posé, c'est surtout la « chaîne de feu » des personnalités échangées qui est intéressante, et le suspens qui naît de la présence parmi elles d'un criminel. Mais le réalisme des détails — d'autant plus nécessaire que l'hypothèse est plus improbable — est gâché par de grosses erreurs sur le décor américain où l'auteur a cru bon de situer l'action (« dady », « All Saint's Day », « tubless », « gazoline », etc.). Au total, je suis loin de recommander ce Steiner là aussi chaudement que le Disque rayé (J'AI LU n° 657. cf. FICTION n° 273).