Avec
Extermination, nous saluons le retour dans le domaine du Fantastique de l'un des auteurs qui fut l'un des piliers de la collection
Angoisse. Outre la série des
Atomos, qui a connu un certain succès dans notre pays (cette série fut même adaptée en bande dessinée par les éditions ARTIMA/AREDIT), André Caroff avait livré dans cette collection une dizaine de livres qui étaient de bons récits populaires, avec des intrigues toujours très originales. Aussi est-ce une bonne chose que de le voir revenir au Fantastique après un intermède par la SF où il n'était pas vraiment dans son élément. Juste retour aux sources par conséquent.
Si le retour d'André Caroff est une bonne chose, il n'empêche que ce nouveau roman pose une question angoissante. Et si André Caroff nous avait pondu un de ces gores infâmes, tout sanguinolent de nullité ? L'exemple des Verteuil nous autorisait à nourrir quelques craintes en ce sens... Et bien, qu'on se rassure ! André Caroff n'est pas tombé dans le piège de la facilité. Il a très bien compris que la collection Gore doit avant tout promouvoir le Fantastique populaire et tenter, tant bien que mal, de remplacer la collection Angoisse. Son livre décevra les amateurs de charcutages infantiles, mais comblera les autres, c'est-à-dire la grande majorité des lecteurs.
Le récit se déroule en Allemagne, à notre époque, dans un petit village, sur les lieux mêmes qui, pendant la Seconde Guerre Mondiale, ont été le théâtre d'affreux crimes de guerre nazis. Les descendants des officiers SS — ceux-ci avaient massacré des juifs — vivent dans un lotissement et côtoient les descendants des rares juifs qui ont échappé à cet holocauste. Tout est pour le mieux dans ce lotissement jusqu'au jour où la mémoire du passé se réveille. Alors commence une série d'évènements insolites. Tout tourne autour de cette enfant au comportement inquiétant, Steffi Muller (curieusement devenue Steffi Graf au bas de la page 119, André Caroff serait-il amateur de tennis ?... A moins que ce ne soit une erreur du typo Graf ?...)
Du fantastique, du vrai, et rien que cela, tel est le contenu de ce livre. Pour un retour aux sources, André Caroff s'en tire plutôt bien. C'est une bonne chose et cela laisse augurer de bonnes surprises à l'avenir.
Un autre ! monsieur Caroff. C'est tout ce que l'on demande.
Frédéric KURZAWA
Première parution : 1/4/1989 dans Fiction 407
Mise en ligne le : 25/3/2007