Kev Moncrieff débarque sur la planète Arcadie pour faire fortune et ne s'en cache pas. Il découvre un petit monde clos et ensoleillé où les gens mènent une vie paisible et provinciale ; leurs grands-parents furent d'héroïques pionniers, mais qui s'en souvient ? Ce serait le bonheur sans le terrible Effet de Relais, qui se produit tous les cinquante-deux ans et cause des ravages épouvantables : Arcadie n'est pas la Terre. Alors c'est la débandade. Les colons fuient la planète. L'économie s'effondre. Et les derniers Arcadiens ne voient pas d'autre solution que de passer contrat avec l'Organisation Hetherington, qui s'engage à remettre la planète en état de marche. Elle a de gros moyens : les brontomaches, les amorphes, etc. Et des méthodes un peu abruptes. Les Arcadiens se seraient-ils donné un régime totalitaire par mégarde ? Kev n'y pense guère. Il est tombé follement amoureux, comme un gamin. Et il ne voit pas le piège qui se resserre...
Michaël Coney, né en 1932, est un écrivain anglais qui a résidé tour à tour aux États-Unis et au Canada. Depuis ses débuts en 1969, il s'est imposé par des qualités plutôt rares en S.F. : vocation pour le romanesque, art de camper les personnages, variété des registres (ironie pour peindre la banalité, romantisme pour la tendresse), goût des mondes cohérents qui se répondent d'un roman à l'autre.
Critiques
Arcadie est une planète sans histoires ; du moins, en apparence. Car, tous les cinquante-deux ans, se produit l'Effet de Relais, phénomène encore mal connu qui pousse les colons à s'entretuer ou à offrir leurs corps aux squalenoirs. Si bien que la population diminue. Ceux qui meurent ne sont pas remplacés. Ceux qui émigrent, pas davantage.
Arcadie, peu à peu, se meurt. Mais voilà que l'Organisation Hetherington se présente. Elle achète la planète pour une durée de cinq ans, bien décidée à la remettre à flot et à en tirer de gros bénéfices. L'Organisation ne manque pas de moyens : les brontosaures mécaniques, les aquamoissonneuses et les amorphes, ces créatures qui deviennent ce que vous désirez, inconsciemment, qu'elles soient, et que Michaël Coney avait déjà mis en scène pour la première fois dans L'Image au miroir (Ed. OPTA) : roman qui retrace la découverte des amorphes sur Marilyn, leur planète d'origine.
Pourtant, les ennuis ne font que commencer pour tout le monde...
L'auteur oriente les agissements de ses personnages et l'atmosphère de ses décors de façon à ce que l'on y voit une chronique d'une sous-colonie arcadienne. Les conflits internes se succèdent et se ressemblent. Bien sûr, il y a des aspects intéressants dans ce traitement mais rien qui puisse prétendre à faire palpiter le cœur du lecteur. C'est lent, un peu monotone. Seule l'une des révélations finales, inattendue, aura la force d'ébranler l'indifférence, engendrée par la lecture, et celle de colorier un paysage pâle aux particularités peu convaincantes.
Le point le plus positif de ce roman tient en fait dans les individus qui s'y meuvent et qui, heureusement, ont de la substance. Mais cela suffit-il à pallier le manque de dynamisme général qui caractérise ce livre et qui en affaiblit la portée ?