Né en 1934 dans le sud-ouest de la France où il vit, il a obtenu en 1960 le prix Jules Verne et en 1974, le premier Prix du meilleur roman français de science-fiction pour Le temps incertain. Sous le pseudonyme d'Albert Higon, il a publié aux éditions J'ai lu Les animaux de justice et Le jour des Voies.
Septembre 3301... Fuyant notre planète opprimée par les Solariens, ils ont atterri sur le monde de Soor où les Terriens possèdent des postes côtiers. Parmi eux, Greg, l'homme libre, et Maria-Linda, frappée par le malheur. Mais déjà le destin les sépare...
Pour s'être égarée hors de l'enclave, Maria-Linda est enlevée par les Kaerdug, le peuple de Soor. Une société fermée, sauvage et dominée par des femmes-lionnes qui s'adonnent à des jeux et des rituels de sang. Si belles et fières cependant que Maria-Linda, fascinée, voudrait leur ressembler, devenir l'une d'elles...
Greg est parti à sa recherche. La retrouvera-t-il et qui retrouvera-t-il ? La Terrienne qu'il aime ou une étrangère farouche et inaccessible ?
Jerry ouvre le livre en jetant les bases de noces somptueuses entre space opéra et complexité romanesque : deux protagonistes principaux. Maria-Linda et Greg Zaruel, et deux rivalités politiques au moins comme moteurs de l'action : celle entre la vieille planète urbaine de Terville et le reste du système solaire, celle entre les empires spatiaux des hommes et des Keraïni, les lionnes du titre.
Pourtant, l'éventail se referme au cours du livre, qui comme Le Jeu du Monde prend l'aspect d'un roman sur un mode mineur, aux péripéties dictées par le jeu, ici les cruels jeux de chasse et de sélection pratiqués par les Keraïni. Greg et Maria-Linda, transfuges par hasard ou par choix, se retrouvent pris dans une guerre interstellaire qui, alors qu'elle aurait fait les choux gras d'un space opéra classique, est reléguée par Jeury à quelques pages en fin de livre. C'est révélateur de la véritable orientation du roman, que je vois comme centré autour du personnage a priori falot de Greg, meneur empâté de bio-bêtes pour parcs de jeux qui saura et perdre ses kilos superflus, et absorber de force la culture étrangère des Keraïni... et en découvrir le défaut.
Ce n'est pas non plus par hasard que plusieurs passages ont pour narratrices une « féhim-haskera », représentante de l'union des deux races : Maria-Linda et Greg sont déjà des hybrides culturels, et c'est Greg, avec son refus de l'héroïsme clinquant, qui est le plus lucide et le plus sympathique. Ce n'est pas la première fois que la SF célèbre les hybrides, et le refus de l'héroïsme n'est pas neuf non plus, même s'il est rare dans le domaine du space opéra. Il n'en reste pas est rare dans le domaine de ce western de l'espace qu'est le space opéra : Greg Zaruel me rappelle le personnage incarné par Dustin Hoffman dans Little Big Man. Du coup, ce livre sans éclats en devient aussi sympathique que son protagoniste.