Ce volume d'œuvres choisies espère donner la place que Jean Muno mérite dans la littérature, alors qu'un prix Jean Muno voit le jour et que la pièce de théâtre Caméléon, une adaptation scénique de certains de ses textes, est à nouveau à l'affiche. « Si plusieurs de ses livres ont eu du succès et ont été couronnés par des prix littéraires — note Jean-Baptiste Baronian dans son Panorama de la littérature fantastique de langue française au sein de notre collection — , ils n'ont toujours pas hélas la large audience dont ils devraient bénéficier. Jean Muno était pourtant soucieux d'écrire pour le public, pour des acteurs et non pas pour des groupuscules et des chapelles littéraires qui, peut-être, auraient fabriqué une aura autour de son nom et lui auraient conféré un statut factice ».
Jean Muno est un écrivain qui refuse le monde tel qu'il est et propose par son écriture d'en vivre un autre, un monde imaginaire. Celui-ci pourtant puise ses racines dans le quotidien, ce qui le rend accessible au lecteur. « Il est amuseur et moraliste », soulignait Jacques De Decker, entendant par cette affirmation que l'auteur dénonce dans un style alerte et ironique la bêtise humaine.
Il est né le 3 janvier 1924 à Molenbeek (Bruxelles). Ses premiers écrits sont publiés en 1945 dans la presse sous le pseudonyme de Jean Muno, du nom d'un village de la Gaume. Parallèlement à une brillante carrière de professeur, il publie plusieurs romans, Le Baptême de la ligne (1955) et Saint-Bedon (1958). Il reçoit plusieurs prix : en 1963, le prix Gilson de la Communauté radiophonique des Programmes de langue française pour la pièce Comptine et le prix Rossel pour Histoires singulières. En 1981, il devient membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Son dernier roman Jeu de rôles est publié en 1988, quelques semaines avant son décès, le 6 avril.