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La Croisade de l'idiot

Clifford Donald SIMAK

Titre original : The Worlds of Clifford Simak, 1960
Première parution : New York, USA : Simon & Schuster, 1960   ISFDB
Traduction de Elisabeth GILLE
Illustration de Arlette BOUDIER

DENOËL (Paris, France), coll. Présence du futur précédent dans la collection n° 52 suivant dans la collection
Dépôt légal : septembre 1983, Achevé d'imprimer : août 1983
Réédition
Recueil de nouvelles, 260 pages, catégorie / prix : 7
ISBN : 2-207-30052-8
Format : 11,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
Quand on s'embarque pour une expédition interstellaire sur un astronef-robot, omniscient et tout-puissant, il est déconseillé de le traiter en personne humaine et de lui appliquer le diminutif trop féminin de « Lulu ». Sait-on jamais quelles illusions romantiques, quelles nostalgies sentimentales peuvent rôder sous la carapace métallique d'un robot qui a trop lu de romans d'amour ?
 
L'auteur :
Ecrivain américain né en 1904 dans le Wisconsin, l'un des pionniers de la science-fiction, Clifford D. Simak est aussi l'un des talents contemporains les plus féconds et les plus divers. Sa production importante, marquée par une sensibilité généreuse et lucide, est jalonnée de chefs-d'oeuvre, dont un grand nombre ont paru dans Présence du Futur.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - La Croisade de l'idiot (Idiot's Crusade, 1954), pages 11 à 28, nouvelle, trad. Elisabeth GILLE
2 - Le Zèbre poussiéreux (Dusty Zebra, 1954), pages 29 à 60, nouvelle, trad. Elisabeth GILLE
3 - Honorable adversaire (Honorable Opponent, 1956), pages 61 à 77, nouvelle, trad. Elisabeth GILLE
4 - Lulu (Lulu, 1957), pages 79 à 128, nouvelle, trad. Elisabeth GILLE
5 - La Grande cour du devant (The Big Front Yard, 1958), pages 129 à 189, nouvelle, trad. Elisabeth GILLE
6 - Copie carbone (Carbon Copy, 1957), pages 191 à 239, nouvelle, trad. Elisabeth GILLE
7 - Le Père fondateur (Founding Father, 1957), pages 241 à 254, nouvelle, trad. Elisabeth GILLE
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition DENOËL, Présence du futur (2001)

     Dans ce recueil de sept de ses nouvelles des années 1950. Simak déploie son talent de conteur, utilisant la gravité ou l'humour pour faire passer en filigrane sa conception de l'existence.
     On peut distinguer un thème commun dans les quatre premiers textes : celui de la difficulté de comprendre ou de communiquer avec l'Autre, que cet autre soit humain ou extraterrestre. Dans la nouvelle éponyme qui ouvre le livre, un idiot du village, subitement doté de facultés surhumaines, décide de rendre le bien pour le mal en forçant incognito les habitants de sa bourgade à devenir honnêtes... pour s'étonner ensuite de capter moins de pensées heureuses ! Une histoire au regard à la fois cynique et sensible sur l'homme et son égocentrisme, malheureusement affaiblie par le changement de point de vue qu'impose le placage d'une inutile explication science-fictive des nouvelles capacités de Jim.
     Le Zèbre poussiéreux nous place dans un décor assez inhabituel chez l'auteur, la maison, qu'on imagine située dans une banlieue résidentielle, d'une famille de la middle-class américaine. Le père découvre dans son cabinet de travail un moyen d'échanger des objets avec... quoi ? Un autre monde ? Une autre dimension ? Quoi qu'il en soit, le voilà décidé à faire du troc. Des associés jouant aux apprentis sorciers, un ton léger, voilà qui n'est pas sans rappeler La clef laxienne. Mais Simak est moins grinçant, plus optimiste que Sheckley.
     Remâchant sa rancœur, le général Flood d'Honorable adversaire doit procéder à un échange de prisonniers avec les Fivers, qui ont battu la Terre à plate couture. Tout le déroute chez ces Fivers qu'on pourrait croire « conçu[[]s] et habillé[[]s] dans le dessein délibéré d'offenser un œil militaire ». Et tout, bien sûr, repose sur un énorme malentendu, comme Flood finira par le comprendre... Un happy end ? Que nenni, puisque, après s'être rendu coupable d'anthropomorphisme, le représentant de la Terre imaginera sans coup férir comment tirer avantage du malentendu.
     Lulu est le titre de la quatrième nouvelle et le surnom donné par son équipage au robot-astronef qui les emmène en expédition dans l'espace interstellaire. Hélas, gavée de romans sentimentaux lors de son “éducation”, voilà que la machine se déclare soudain amoureuse des trois hommes et décide de les enlever. Comment faire entendre raison à une femme amoureuse, fût-elle réduite à une personnalité adoptée par un robot ? C'est le ressort de cette histoire désopilante.
     Le Prix Hugo a récompensé en 1959 La Grande cour de devant, texte au charme simakien incontestable (en dépit de l'absence de robots). Qu'on en juge : c'est l'histoire d'un petit brocanteur et réparateur qui vit paisiblement dans la vieille demeure familiale et qui, droit dans ses bottes, aidé de son fidèle chien et de l'idiot du village, armé de son expérience du troc, fera face aux responsabilités qu'il estime lui incomber quand s'ouvre inopinément chez lui un passage vers un autre monde. Toute la philosophie de Simak est là.
     Vient ensuite Copie carbone. Le titre livre un indice de la solution du mystère auquel est confronté cet agent immobilier à qui un étrange individu vient proposer de louer à un prix ridicule des maisons d'un lotissement de luxe... et revient quelque temps plus tard lui enjoindre de les relouer, les maisons étant toujours vides... Un texte gentiment moralisateur à la lecture agréable, sans plus.
     Le recueil se termine en beauté avec Le Père fondateur, texte court dont je me refuse à dévoiler ici le contenu de peur d'en gâcher le plaisir de lecture. Simak y confronte de façon terriblement empathique la fragilité de l'individu humain, désormais immortel mais toujours animal social, à l'immensité de l'univers dans lequel l'Humanité s'est lancée à la conquête des étoiles.

Gilles GOULLET (site web)
Première parution : 1/4/2001
dans Bifrost 22
Mise en ligne le : 17/12/2002


Edition DENOËL, Présence du futur (1962)

    Comme « Pèlerinage à la Terre » de Robert Sheckley (même collection), le reproche que l'on pourrait adresser à ce recueil est de rassembler des histoires pour la plupart déjà parues dans la revue « Galaxie ». Mais la médiocrité bien connue des traductions de « Galaxie », le fait aussi que chaque texte y était plus ou moins mutilé, rendent la chose moins regrettable.

    Et puis la bibliographie des œuvres de Clifford Simak en français n'est pas si abondante que l'on ne voie avec plaisir s'y inscrire un nouveau titre.

    Des sept longues nouvelles réunies ici, six avaient donc connu dans « Galaxie » des fortunes diverses. Ci-dessous les données bibliographiques les concernant :

    « La croisade de l'idiot » (n° 20 de « Galaxie », même titre) ; « Le zèbre poussiéreux » (n° 16, sous le titre : « Z comme zèbre ») : « Honorable adversaire » (n° 36, même titre) ; « Lulu » (n° 47, sous le titre : « Le robot sentimental ») ; « Copie carbone » (n° 51, sous le titre : « Le Martien se trompe de plan ») ; « Le père fondateur » (n° 46, sous le litre : « Le père de tous »).

    Un septième récit, « La grande cour du devant » – le plus long d'ailleurs du recueil – est inédit en français.

    S'il faut juger la qualité de ces histoires, on notera qu'elles sont situées dans un registre mineur, fort éloigné de la dimension philosophique de « Demain, les chiens », qui reste à ce jour le chef-d'œuvre de l'auteur. Il s'agit surtout ici de science-fiction divertissante, d'aimables exercices de style composés avec cette décontraction qui est le produit d'un métier affiné. Rien n'est forcé, rien n'est laborieux dans ces pages, mais tout semble couler de source, grâce à une habileté narrative dont la suprême vertu est de rester dissimulée derrière les apparences de la simplicité. Voilà qui contraste avec les dédales où nous entraînent souvent certains auteurs chevronnés.

    Pourtant l'apparente facilité et l'absence de sophistication de ces nouvelles ne doivent pas faire illusion : en les examinant, on s'aperçoit du soin avec lequel chacune d'elles est composée, depuis l'introduction « accrocheuse » jusqu'à la chute harmonieusement amenée, en passant par toutes les phases de l'exploitation progressive de la situation.

    Que ce soit l'histoire d'une invasion avortée de la Terre (« La croisade de l'idiot »), du troc par téléportation entre un Terrien et un mystérieux Correspondant galactique (« Le zèbre poussiéreux »), de la rencontre d'une race extra-terrestre qui pratique la guerre comme un jeu (« L'honorable adversaire »), des démêlés d'un groupe d'humains avec un astronef-robot sentimental (« Lulu »), du tunnel établi, dans la quatrième dimension, entre la Terre et un autre monde (« La grande cour du devant »), d'un agent immobilier qui se trouve amené à louer des maisons situées dans le continuum espace-temps (« Copie carbone ») ou enfin de l'étrange illusion dont est victime un homme sur une planète (« Le père fondateur »), les sujets utilisés ici par Clifford Simak sont toujours simples au départ, mais leurs développements sont imprévus et mis en scène de manière à la fois fantaisiste et attachante.

    Dans ces développements, l'élément humain est prédominant ; au premier plan, figurent constamment les réactions des personnages face aux situations. Et ces réactions sont caractérisées par un bon sens et un matérialisme à tous crins qui donnent une tournure très particulière au récit : quel que soit le danger en puissance qu'y représente l'intervention des « autres mondes », elle ne semble pas en définitive être beaucoup plus qu'un problème à élucider, aux yeux du héros. La notion de peur lui est totalement étrangère. C'est qu'en fait les extra-terrestres de Simak, malgré leurs pouvoirs bizarres, sont en général inoffensifs, soucieux de commerce ou d'amusement plutôt qu'avides de destruction.

    Au total, cette anthologie est conçue de manière à distraire le lecteur, tout en ouvrant à son imagination des horizons suffisamment variés. Elle permettra à l'amateur de Clifford Simak de prendre patience en attendant la nouvelle édition, prévue pour 1962 au « Rayon Fantastique », de son meilleur roman : « Dans le torrent des siècles ».

    Ajoutons que la traduction due à Élisabeth Gille est dans l'ensemble aisé, et qu'elle respecte avec naturel la fraîcheur et la fluidité du style de Simak.

Alain DORÉMIEUX
Première parution : 1/1/1962
Fiction 98
Mise en ligne le : 2/1/2025

Prix obtenus par des textes au sommaire
La Grande cour du devant : Hugo novelette, 1959

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