Paru il y a plusieurs années dans les pays anglo-saxons, ce premier tome de la série Rigante s'inscrit dans le genre de la fantasy en vogue ces derniers temps. Le lecteur y retrouvera donc des créatures magiques, les Seidhs, qui cohabitent avec de nombreux autres peuples humains : d'abord celui du héros, Connavar, qui semble être un rassemblement de tribus ; ensuite celui du conquérant Jasaray qui nous rappelle étrangement les Romains ; enfin d'autres peuples, moins détaillés, mais qui auront pourtant leur rôle à jouer.
L'histoire débute alors que Connavar n'est qu'un jeune garçon. Connavar s'amuse, Connavar aime ses parents, Connavar court, Connavar rencontre la sorcière, Connavar monte à cheval, Connavar grandit. Connavar est un jeune homme. Connavar craint que son père n'ait été un lâche, Connavar sauve un faon, Connavar reçoit un poignard magique, Connavar rencontre Banouin le marchand, Connavar est fort, Connavar est habile, Connavar aide un handicapé, Connavar nage, Connavar lutte, Connavar se fait des amis, Connavar se fait des ennemis, Connavar est amoureux, Connavar combat l'ours, Connavar se fait une réputation, Connavar part avec le marchand Banouin...
Les mille et un détails de la vie de Connavar, et du peuple Rigante au sein duquel il grandit, bâtissent peu à peu une image qui s'anime dans notre esprit. Si en lui-même chaque événement est relativement banal, leur accumulation finit par donner vie à Connavar dans nos cœurs, et finalement nous sommes surpris d'être touché par ce monceau de clichés qui mèneront Connavar du statut de petit garçon à celui de roi des Rigante, comme l'annonce immédiatement l'introduction.
Le style n'est ni particulièrement agréable, ni déplaisant. Le lecteur surfe librement sur des pages bien rythmées où Gemmel sait faire alterner habilement des scènes d'action et d'autres plus intimistes. Le chaos des émotions et le choc des batailles va crescendo pour culminer en une résolution qui annonce le volume suivant mais achève néanmoins l'ascension du héros dans la hiérarchie de son peuple, et clôt le destin de nombreux personnages secondaires, mais néanmoins attachants.
Après le cycle de Drenaï encore dans les mémoires, nous découvrons ici un roman simple mais efficace qui devrait faire des adeptes parmi les amateurs de fantasy. Sans offrir la complexité d'un G.G. Kay, ni le souffle d'un Tolkien, Gemmel sait accrocher le lecteur avec des éléments qui semblent sincères et logiques. Rajoutons une grande facilité de lecture, des personnages bien campés, des rebondissements, des mystères, des drames, des vengeances : nous pourrions même espérer lire une suite ! Où Connavar verrait son peuple attaqué, où Connavar rassemblerait ses armées, où Connavar se battrait, où Connavar serait blessé...
Antoine ESCUDIER (lui écrire)
Première parution : 1/1/2005 nooSFere