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La Cybériade

Stanislas LEM

Titre original : Cyberiada, 1965
Première parution : Cracovie, Pologne : Wydawnictwo Literackie, 1965   ISFDB
Traduction de Dominique SILA
Illustration de Éric SCALA

GALLIMARD (Paris, France), coll. Folio SF précédent dans la collection n° 193 suivant dans la collection
Dépôt légal : octobre 2004
Recueil de nouvelles, 368 pages, catégorie / prix : F9
ISBN : 2-07-030014-5
Genre : Science-Fiction

Autres éditions
   ACTES SUD, 2024
Sous le titre Cybériade
   DENOËL, 1968
        sous le titre La Cybériade, 1980, 1985

Quatrième de couverture
     Tyrans de toutes les planètes, unissez-vous ! Et en cas de problème — si vos sujets vous manquent de respect, si vos voisins vous agacent, si vos courtisans vous barbent — n'hésitez pas à faire appel à Trurl et Clapaucius, les deux constructeurs cosmiques ! Avec leur imagination débordante, leur technique hyper-perfectionnée, leur science insondable, ils sauront toujours vous tirer d'affaire !
     À moins qu'ils ne vous mettent dans un pétrin pire encore...

     Petit chef-d'œuvre d'humour pince-sans-rire, roman philosophique dans la lignée des Voyages de Gulliver — avec deux robots déjantés dans les rôles-titres — , La Cybériade dévoile une facette inattendue de l'auteur de Solaris.

     Né en 1921 en Pologne, Stanislas Lem est l'un des auteurs les plus respectés de la science-fiction. Médecin de formation, passionné de philosophie, de cybernétique, de physique et de biologie, mais aussi humoriste à ses heures, il est l'auteur de quelques-uns des plus grands chefs-d'œuvre du genre.
Critiques

    Stanislas Lem est un auteur aimant l’humour et l’ironie. Il connaît également ses classiques et aime beaucoup les contes philosophiques tels que pouvaient les écrire Rabelais, Montesquieu ou Voltaire. La preuve ? La Cybériade, recueil de quatorze nouvelles de taille variable. Toutes mettent en scène Trurl, souvent accompagné de son confrère, ami et rival, Clapaucius. L’un et l’autre sont des constructeurs de machines plus étranges les unes que les autres. Et avec à chaque fois une bonne leçon de morale qui peut leur être infligée ou réservée à leurs clients indélicats. Comme nous sommes dans un livre de science-fiction, au moins dans la forme (dans le fond, la science y est très farfelue), les différents personnages sont eux-mêmes des robots ou des machines même s’ils se comportent parfois comme des êtres de chair et de sang.

    Au fil des nouvelles, Lem va en profiter pour raconter les travers de ses concitoyens, mais également en filigrane ceux de la société dans laquelle il vit, à savoir la Pologne des années 60, sous la coupe de l’URSS et d’un communisme autoritaire. Il choisit pour ce faire d’utiliser tous les registres possibles de l’humour : de l’absurde aux jeux de mots en cascade en passant par le comique de situation, mais jamais le graveleux. La conception même des machines (dont un lance-bébés !), les problèmes à résoudre et même la description de l’univers (avec une population d’un État entier tenant dans une boîte à chaussures) relèvent du loufoque, et c’est ce qui fait une grande partie de la séduction de ces textes. Admirons au passage le travail de Dominique Sila, qui, dès la première nouvelle, a dû se livrer à des contorsions linguistiques pour restituer la saveur du texte original en restant compréhensible.

    En revanche, gare à l’indigestion, mieux vaut picorer dans cette Cybériade plutôt que la dévorer d’une traite. Elle est peut être savoureuse, mais les aventures de Trurl et Clapaucius finissent par écœurer à être consommées d’un coup, et par barbouiller le lecteur au point qu’il ne se souviendra plus des différents événements et mélangera les noms et les péripéties, comme une Forêt noire trop riche et trop sucrée.

Stéphanie CHAPTAL (site web)
Première parution : 1/10/2021 dans Bifrost 104
Mise en ligne le : 17/1/2025


     Ce sont des contes. Avec monarques, cours et royaumes, armes et édits, monstres et dragons, et même vœux à exaucer. De la fantasy, donc. Un prince est amoureux de l'héritière de l'empire ennemi, un roi n'aime rien tant que jouer à cache-cache, un autre cherche désespérément un monde à opprimer, un démon dévide tous les secrets de l'univers devant un pirate aux cent yeux et, de façon générale, les souverains essaient d'échapper à leurs obligations pécuniaires. Et si les machines sont omniprésentes, beaucoup seraient remplaçables par des enchantements façon Mille et Une Nuits, depuis les cormes à échanger les personnalités jusqu'au royaume lilliputien contenu dans une boîte, en passant par la machine à versifier sapant le moral de tous les poètes, le conseiller mécanique par ailleurs télépathe ou des juristes verbeux.

     Reste qu'il s'agit de machines. Y compris les personnages récurrents, Trurl et Clapaucius, constructeurs de ces invraisemblables machineries, vieux amis se détestant cordialement, et dont on apprend petit à petit (ou dès la quatrième de couverture) la réalité mécanique et l'appartenance à une de ces civilisations robotiques se succédant tous les 50 000 ans depuis la disparition des blafards (nous, quoi...). On ne s'étonnera pas que l'électrorimeur soit équipé d'égocentriseurs à introversions, avec leurs compresseurs narcissiques, que le rendement effectif du féminotron atteigne 96% dans le spectre voluptuaire pénétrant, ni que la théorie générale des dragons ait été élaborée à l'École supérieure de néantologie, qu'iceux dragons soient (im)probabilistes, ou que les démons soient magiques mais aussi thermodynamiques, anticlassiques et statistiques (et aient quelque lien avec celui de Maxwell).

     Ces machines d'avant l'électronique généralisée (l'ouvrage est de 1965) relèvent donc du n'importe quoi systématique. On le sait dès le début, dès qu'une machine haute de huit étages ne s'avère capable que d'additionner deux et deux en se trompant et en se fâchant contre qui en fait la remarque, ou qu'une autre, pouvant créer tout ce qui commence par un « n », produise du néant et prive l'univers des merveilles que sont les baillons et les scontrelles. On ne peut que se réjouir. Et admirer le travail du traducteur, entre néologismes, approximations, jargons, noms de royaumes en avalanche, vers canularesques ou grandiloquents, etc. etc. etc. Le tout pour la jubilation du lecteur, qui a bien le droit de ne pas être sérieux. Et de se délecter de cette fantasy à réserver aux amateurs de SF...

Éric VIAL (lui écrire)
Première parution : 1/3/2005 dans Galaxies 36
Mise en ligne le : 16/1/2009

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