P.Y.A.F. (Productions Yves A. Frémion)
, coll. Carnets roses n° 2 Dépôt légal : 2ème trimestre 1984 Première édition Anthologie, 128 pages, catégorie / prix : 38 FF ISBN : 2-905106-02-6 Genre : Science-Fiction
Sous-titré : "une anthojolie de Yves FREMION".
Quatrième de couverture
Dans le mouvement de la nouvelle S-F française, les femmes ont joué leur rôle. Phénomène modeste par le nombre, il fut important par l'originalité. Il existait des anthologies de S-F féminines sur le marché français. Mais elles étaient entièrement anglo-saxonnes.
Yves Frémion avait enquêté sur une génération d'Amazonardes — les jeunes auteurs de S-F françaises. Son questionnaire envoyé aux six qui avaient, à cette époque, publié professionnellement avait fait l'objet d'un numéro de SF & Quotidien (TITRE EN ITALIQUES MERCI). Cette enquête méritait d'être republiée, avec une nouvelle de chacune des auteurs.
Deux d'entre elles, qui avaient entre temps cessé d'écrire, se sont remises à l'écriture à cette occasion. Si l'une d'elles nous a quittés depuis, une autre a fait une spectaculaire percée dans le roman. Les deux dernières la talonnent de près. Il est temps que les éditeurs et les critiques se fassent l'écho de ces voix. Elles sont de notre continuum...
1 - Yves FRÉMION, J'ai vu de la lumière et je suis entrée..., pages 9 à 14, préface 2 - Yves FRÉMION, Questionnaire, pages 15 à 43, entretien 3 - Sylviane CORGIAT, Quelqu'un de vivant, pages 45 à 53, nouvelle 4 - Muriel FAVAREL, Les Af'icains, pages 55 à 60, nouvelle 5 - Danielle FERNANDEZ, L'Hôpital des exclus, pages 61 à 73, nouvelle 6 - Johanne MARSAIS, La Poupée, pages 75 à 84, nouvelle 7 - Julie MONTANIÉ, Au ciel comme sur Terre, pages 85 à 102, nouvelle 8 - Joëlle WINTREBERT, Tristes tropismes, pages 103 à 118, nouvelle 9 - Christine POUTOUT, Gueules d'amazonardes, pages 119 à 126, portfolio
Critiques
Les évidences se créent et perdurent avec une extrême facilité dans le monde de la SF. L'une des plus récentes a trait aux difficultés croissantes que rencontrent les écrivains francophones du genre pour publier. Je ne conteste pas la réalité du phénomène, effectivement un recul général de l'édition de SF en langue française est manifeste, mais je m'oppose à la réaction unanime consistant à déplorer le fait sans chercher la moindre réplique. Pourtant ces répliques existent. Sans se laisser vider de sa substance par le compte d'auteur. Elles ont nom Mouvance, plus récemment Espaces Imaginaires ; ce sont les petites éditions régionales (Goupil. Valéry) lorsqu'elles sont bien administrées ; c'est, enfin, de l'ordre de l'initiative. Voici une anthojolie d'auteurs féminins signée Frémion. C'est plus utile que de pleurer sur son sort.
Les amazonardes rassemble Corgiat, Favarel, Fernandez, Marsais, Montanié et Wintrebert. Si tout n'y est pas du plus haut niveau, rien n'y est négligeable. Il n'y a que deux textes inédits, mais tous les autres méritaient une seconde carrière, ailleurs qu'en fanzine ou dans Libé.
Il y a le prétexte, évidemment. Une antho de femmes. Ce n'est pas la première ni sans doute la dernière. L'enquête de Frémion, somme toute intéressante, contient également quelques niaiseries, d'ailleurs soulignées par les intéressées elles-mêmes dans leurs réponses. La critique de base que l'on pourrait opposer à son entreprise repose sur une sorte de malentendu. En fait, l'antho féminine dans son principe est-elle une machine de combat ou conforte-t-elle un sub-ghetto ? Que toutes les six, elles écrivent de la SF (et sans pour autant, comme tiennent à le préciser certaines, y avoir été “ amenées ” par leurs mecs), en quoi cela fonde-t-il une bataille féministe ? Et leur présence ne serait-elle pas plus signifiante dans les lieux mêmes (revues, anthos) où s'expriment leurs collègues mâles — plutôt qu'au sein d'un ouvrage qui leur est réservé (et ce verbe est employé à dessein) ?
Cette question ne met évidemment nullement en cause l'aspect esthétique
des textes, ni leur réussite, qui sont affaires de goût. Elle est d'ordre stratégique. Et cette solution ne me paraît pas nécessairement évidente. On a droit à une bonne dose de lecture, certes, mais les textes seraient-ils d'origine sénégalaise ou hermaphrodite qu'il y aurait lieu de les approcher avec le même détachement.
Réaliser aujourd'hui une antho d'écrivains femmes me semble, pour conclure, insister sur le caractère Insolite de leur écriture. L'écrivaine (comme dit Groult) aura gagné sa bataille lorsqu'on ne soulignera plus son sexe.