L'aventure du trouveur de feu me fut donnée en rêve, une nuit de 1972. Il paraît que les songes nocturnes sont brefs. J'ai pourtant le sentiment que celui-là occupa l'entière durée de mon sommeil.
Je fus le témoin de son déroulement, de la première à la dernière image. Tout m'était offert. Le monde inconnu de Maïni, l'oiseau Toumbo protecteur, la destinée du jeune Izahi aux prises avec ses ennemis Dagans, les dévoreurs. J'avais le privilège d'errer parmi les acteurs sans jamais intervenir dans la tragédie, sauf un instant : quand Izahi et ses compagnons sont descendus dans les labyrinthes de la citadelle à la rencontre de Dame Enlila, j'étais l'un d'eux, cheminant au cœur du monde, convaincu de vivre un événement terrible et sacré.
Je me suis réveillé avant la fin de l'histoire et me suis efforcé de me rendormir, espérant qu'elle me serait révélée. Le rêve reprit là où il m'avait laissé.
C'est dire que ce roman n'en est pas vraiment un, et qu'en quelque manière je n'en suis pas l'auteur, mais le scribe. Qui est-il, celui qui l'inscrivit en une nuit dans mon esprit ? Je souhaite que chacun en juge selon son intuition et les battements de son cœur.
H. G.
Henri Gougaud. Né à Carcassonne en 1936. Journaliste, homme de radio et de télévision, auteur de chansons, Henri Gougaud a déjà publié au Seuil un roman, Le Grand Partir (grand prix le l'humour noir, 1978), et L'Arbre à soleils (1979), recueil de légendes du monde entier. Henri Gougaud a reçu la bourse Goncourt de la nouvelle 1977.