La Bête avançait en se déhanchant sur de hautes pattes minces. Un insecte... Un insecte de dix mètres de haut, incandescent. Le corps rond, les pattes grêles, la tête hideuse et les quatre yeux rougeoyaient. Les mandibules béèrent sur un gouffre de flammes. Dans cette trappe ardente, des crochets cliquetaient. Les condamnés les plus proches du monstre hurlaient à s'en arracher la gorge. Leur chair se boursouflait de cloques grésillantes, leurs cheveux s'enflammaient. Une puanteur de viande calcinée racla les narines de Jalen. Comment vaincre une terreur aussi viscérale ? Il ferma les yeux.
Même quand il n'use pas de la virulence pratiquée dans L'autoroute sauvage,Gilles Thomas est capable de trousser d'excellents romans d'aventures « tout public » mais pas déshonorants pour autant ; ici, il traite le sujet favori de Jan de Fast : la présence secrète, sur une planète humaine au stade moyenâgeux, d'envoyés de la Terre impérialisante ; mais le récit est raconté du côté des « sauvages », ce qui nous vaut, sur le mode picaresque, batailles et péripéties brossées dans un style direct, accompagnées d'un point de vue idéologique sympathique. Un bon divertissement sans prétention.