Sous-titré “ roman des temps légendaires ”, cet énorme roman français de 728 pages ne pouvait qu'attirer l'attention des amateurs de SF et de Fantasy. Et c'est bien à ce dernier genre que Célubée appartient (peut-être sans le vouloir). Il se présente comme un récit dicté à un scribe par une jeune femme, suivante d'une princesse d'un pays de l'Antiquité simplement nommé le Royaume. S'il ne s'agissait que d'un récit portant sur les événements de la Crête ou de la Grèce Antique, Célubée ne serait qu'un roman historique de plus. Seulement, il est impossible de dire à quelle époque de l'histoire de l'humanité peuvent bien appartenir ce Royaume et cette Cité, aux noms étrangement génériques. On a bien des éléments qui pourraient appartenir à des civilisations Antiques ou pré-Antiques, mais l'intemporalité demeure cependant.
Le récit de Coelia n'est pas le seul du roman : un autre récit apparaît à l'intérieur du premier, celui que faisait le poète Anticléridès, d'abord sur sa vie antérieure, puis sur la vie d'un pays encore plus ancien que le Royaume, Célubée, dont on ne sait trop s'il sort de l'imagination du poète ou d'archives depuis longtemps illisibles... La réalité du second récit prend de plus en plus de solidité, et le mythe ( ?) de Célubée envahie peu à peu la réalité du Royaume...
Réflexion sur les mythes et sur le pouvoir, ce roman est aussi un double récit d'aventures passionnant, et une recherche étrange sur les rapports entre les récits. Le style frais, lumineux, contribue beaucoup à l'envoûtement que dégage ce livre, hors du commun. Subtilement, Célubée parle au lecteur, qui en sortira forcément légèrement transformé. C'est là le rôle des livres vraiment importants.