BRAGELONNE
(Paris, France) Dépôt légal : janvier 2005 Première édition Roman, 192 pages, catégorie / prix : 13 € ISBN : 2-915549-09-5 Genre : Fantasy
Quatrième de couverture
Depuis la disparition de sa forêt de Brocéliande, M. Merlin s'est réfugié dans la station de métro du même nom, dans le 18e arrondissement de Paris, avec tout son état-major. Lui, il s'est approprié le banc au bout du quai. Ses trois fées, Vivi, Moorgën et Clochette, ont élu domicile dans les poubelles. Bref, rien n'est plus comme avant.
A moins que.. Mais oui, le vieux Merlin a un plan pour le Renouveau, le retour de la Légende, les châteaux forts, les quêtes et tout et tout !
A la tienne et qu'ça saute !
Gudule est comme Balzac, mais en plus rigolote, avec une drôle de tignasse frisottée et des petites Iunettes. Après plus de cent romans pour les petits et les grands, des poèmes, des nouvelles, des BD, elle fait rien qu'à écrire, m'sieur ! Des histoires qui font peur et des qui font rire. Celle-ci, elle est bien graveleuse, pleine de jeux de mots foireux, politiquement pas du tout correcte et complètement délirante.
Critiques
On connaît Gudule comme auteur de romans pour la jeunesse, on sait également que sous le nom d'Anne Duguël, elle signe des œuvres pour adultes. Dans tous les cas, elle est auteur de fantastique et distille savamment terreurs et émois. Le crépuscule des dieux, la ménopause des fées se situe dans un tout autre genre, celui de la fantasy, et son registre est celui de la parodie.
L'enchanteur Merlin est devenu un alcoolo réfugié dans la station de métro de Brocéliande, avec ses trois fées : Vivi (qui fut Viviane), Clochette (à qui Peter Pan a donné le goût des enfants) et Moorgën (ex-Morgane, devenue pro-nazie). Sans être invisibles, ces dernières ne peuvent être aperçues des humains que si elles le souhaitent. Elles économisent leur pouvoir magique car celui-ci, à l'instar des ovaires chez les femmes, n'est pas inépuisable. Quand il s'étiole, c'est la ménopause.
Voilà-t-y pas qu'un jour Merlin trouve par hasard la carte orange d'une dénommée Linda Graal, elle-même en relation avec un certain Arthur Lancelot et une Geneviève, tenancière du bar Le Celtic, vite rebaptisée Dame Guenièvre par Merlin. Persuadé de pouvoir restaurer le bon temps de la chevalerie, il va donc s'ingénier à réunir tout ce petit monde pour le manipuler, avec l'aide forcée de ses trois fées. Mais bien sûr, rien ne se passe comme prévu pour nos héros... ni pour le lecteur qui aurait commis l'erreur d'aborder ce livre comme une réécriture des légendes arthuriennes, ou pire encore, comme le dernier roman fantastique écrit par l'un des meilleurs auteurs du genre. Car Gudule a changé de plume et adopté allègrement le style « bragelonnesque ». Jeux de mots à deux balles, situations burlesques, personnages grotesques sont les briques de ce livre dont l'humour fait office de ciment. Un humour au premier degré, volontiers grossier — au point que c'en devient presque artificiel. On apprécie ou non, mais le cocktail devrait faire des ravages chez les ados, à défaut de ravir leurs aînés.
Quelle mouche a donc piqué Anne Duguël ? Son pseudonyme de Gudule lui sert d'habitude à publier des livres pour enfants. Or, voilà qu'elle choisit « Gudule » pour publier un livre à ne pas glisser entre toutes les mains...
Parallèlement à des ouvrages de fantasy sérieux, les éditions Bragelonne s'amusent à se moquer de leur genre favori en publiant une série d'ouvrages parodiques. Mais la parodie est un art difficile : rares sont les auteurs à s'en tirer sans mal.
C'est le cas de Gudule. Savez-vous que les fées ont une réserve de pouvoirs magiques limitée ? Une fois cette réserve épuisée, elles ne peuvent plus faire de tours. Elles sont alors ménopausées. Vivi, Moorgën (autrefois Morgane) et Clochette sont trois fées qui veillent tant bien que mal sur Merlin. Le vieux sorcier est devenu un clochard alcoolique, qui survit dans une station de métro parisien. Un certain nombre de signes lui font croire que le passé légendaire va ressusciter. Il se lance alors à nouveau dans la quête du Graal... ou plutôt, de la Graal, Linda Graal, coiffeuse de son état, qu'Arthur Lancelot poursuit de ses assiduités...
On l'aura compris, Gudule métamorphose sous une forme triviale un récit héroïque. En usant d'un joli style, huilé d'un humour somme toute assez fin, l'auteur se livre à une féroce satire de la vulgarité de notre société contemporaine et de notre navrante humanité.