Audrina a sept ans. Enfin, c’est ce dont elle croit se souvenir, car elle souffre d’immenses trous de mémoire, des mois entiers disparaissant de son esprit. Elle vit dans un foyer un peu spécial, avec son père, sa mère, sa tante Ellsbeth et sa cousine Vera, que l’on fait passer pour sa sœur car elle a été conçue hors mariage. Vera qui est particulièrement méchante avec elle, mais dont les os sont si fragiles qu’elle se casse régulièrement bras et jambes. Et, surtout, elle vit dans l’ombre d’Audrina première, sa grande sœur morte avant sa naissance dont elle a repris le prénom, et à laquelle son père voue un culte.
Audrina n’a pas le droit de sortir de chez elle, d’aller à l’école, ni surtout de traverser le bois dans lequel sa grande sœur serait morte. Et elle a encore moins le droit de parler avec des garçons. Mais elle désobéit et fait la connaissance d’Arden, un gentil gars un peu plus vieux qu’elle, dont la mère ancienne patineuse atteinte de gangrène a perdu les deux jambes…

C’est à la faveur du retour en force de l’horreur que certains vieux livres de ce genre sont réédités ces derniers mois. Ma douce Audrina en fait partie, paru en collection Épouvante au milieu des années 80. Et l’épouvante, on en a à haute dose avec ce texte aux personnages tous plus tordus les uns que les autres. Le roman aligne les blessures, les morts, les relations sexuelles malaisantes et quelques autres horreurs à un rythme régulier, plongeant le lecteur ou la lectrice dans un univers glauque à souhait, menant Audrina de Charybde en Scylla. Mais Virginia C. Andrews, dont c’était le quatrième roman, était une écrivaine accomplie ; on accroche tout de suite à cet univers gothique, aux mystères qui entourent l’héroïne et son étrange famille et on a du mal à lâcher le livre avant la fin. Alors certes, on ne lirait pas ce genre d’histoires tous les jours, mais ce roman lugubre fonctionne très bien et enfonce bien des romans plus récents à base de familles dysfonctionnelles….