Un roman inédit et deux longs récits : toutes les couleurs de Jack Vance...
Les plus folles rumeurs courent sur le compte d'Earl Abercrombie. Milliardaire vivant reclus dans sa propre station spatiale, lieu sur lequel il règne en maître incontesté, collectionneur d'étrangetés, éminent zoologue, Earl Abercrombie est pour beaucoup une énigme, une légende vivante. Y compris pour Jean Parlier, jeune aventurière de dix-sept ans peu regardante, qui, pour la somme d'un million de dollars, est prête à tout, jusqu'à mettre Earl Abercrombie dans son lit. Et tant pis si c'est un monstre...
Réunissant un roman inédit et deux longues nouvelles, Monstres sur orbite célèbre une fois de plus l'immense talent de conteur d'un des derniers grands maîtres de la science-fiction et de la fantasy mondiales.
Jack Vance est né le 28 août 1916 à San Francisco, infatigable bourlingueur, marin chevronné, il cultive depuis toujours un goût marqué pour le dépaysement. D'où l'extraordinaire chatoyance de ses récits, particulièrement lorsqu'il s'attache à élaborer des peintures baroques de paysages imaginaires et de civilisations exotiques, dans le domaine tant du space opera ou du planet opera que dans celui d'une fantasy plus traditionnelle.
1 - Jacques GARIN, Fragments d'une Vancyclopédie biographique, pages 13 à 28, biographie 2 - Télek (Telek, 1952), pages 31 à 116, nouvelle, trad. Roland C. WAGNER 3 - Le Syndrome de l'homme augmenté (The Augmented Agent / I-C-a-BeM, 1961), pages 119 à 166, nouvelle, trad. Alexandre Stéphane GARCIA 4 - Monstres sur orbite - La station Abercrombie (Abercrombie Station, 1952), pages 171 à 243, nouvelle, trad. Roland C. WAGNER 5 - Monstres sur orbite - Cholwell et ses poules (Cholwell's Chicken, 1952), pages 245 à 308, nouvelle, trad. Roland C. WAGNER 6 - (non mentionné), Bibliographie, pages 311 à 311, bibliographie
Critiques
Quatre nouvelles dont trois inédites en français, c'est le menu proposé à l'occasion de ce croustillant recueil signé Jack Vance, œuvre de la bande du Bélial', qui poursuit son travail d'exhumation des grands classiques de la SF (cf. notre critique de LaPatrouille du Temps de Poul Anderson in Galaxies n°37).
Telek (1952) dégage une saveur indéniablement rétro. Certains humains ont développé un pouvoir psychique qui leur permet de dominer le reste du troupeau. Un groupe de brebis galeuses va essayer de s'opposer aux diktats de cette aristocratie psionique. Vance concocte ici une délicieuse recette sauce années 50, avec pouvoirs paranormaux à gogo ; astuce et humour contre force et vanité. Le syndrome de l'homme augmenté (1961) est aussi une histoire de pouvoirs qui montent à la tête du héros, à replacer dans le contexte de la guerre froide. On suit un agent très spécial chargé de remplacer un politicien africain (façon Kagemusha). Mais comment assurer une succession en douceur quand on n'entend rien au concept de gouvernance ? Difficile de faire illusion et de ne pas se mettre à dos tous les intrigants potentiels. Une bonne idée, déjà exploitée dans le Bifrost hors-série consacré à Vance en 2003, mais livrée ici dans une traduction qui ne reprend pas les modalités de la version VIE (restaurée).
Le diptyque Monstres sur orbite, formé par La station Abercrombie (1952) et Cholwell et ses poules (1952) se présente comme un space opera traditionnel, avec aventures et exotisme au menu, qui met en scène une héroïne bien dans le style de Vance : dure à cuir et d'un pragmatisme à toute épreuve. Dans le premier récit, Jean Parlier, l'héroïne en question, s'engage comme femme de chambre dans un complexe hôtelier satellisé en orbite terrestre où vit le milliardaire excentrique qu'elle doit séduire (contre monnaie sonnante et trébuchante). Une aura de mystère nimbe ce personnage dont on sait juste qu'il est un collectionneur fétichiste... L'argument scientifique, les respirations poétiques servent comme toujours de simple décor (certes inventif) à l'auteur qui préfère s'intéresser aux êtres humains et à la complexité de leurs rapports. La seconde nouvelle lui permet de prolonger délicieusement cet opéra tragi-comique, où il reprend et développe, tout en noirceur et avec l'ironie qui le caractérise, certaines énigmes évoquées précédemment.
Tout le talent de Vance transpire dans ce recueil, une pièce de plus à rajouter à sa panoplie d'écrivain accompli.