Quatrième de couverture
Yazaki se confie à Michiko, une journaliste japonaise installée à New York. Pourquoi a-t-il été SDF ? Quelle est la nature de la passion jalouse et dévorante qui l'a lié à Reiko et dont il prétend avoir réussi à guérir ? Quel rôle a joué sa rencontre avec Johnson, un autre sans-logis, qui, en phase terminale d'un sida, finit par se suicider ? Réflexion sur les métaphores du désir, de la jouissance et de la souffrance, Melancholia décrit le lent processus de fascination exercé par le récit de Yazaki sur Michiko. Mais sous l'apparente sincérité des propos de Yazaki se cache la possibilité d'un nouveau piège, l'occasion d'un jeu pervers redoublé, comme en témoigne le coup de théâtre des dernirèes qui plongent brutalement le lecteur dans l'horreur. On ne souffre réellemment, comme on ne jouit d'ailleurs, que de son imagination, semble le leitmotiv de ce second volet de la trilogie — avec Ecstasy paru en mars 2003 et Thanatos à paraître en 2004 — regroupée par Murakami sous le titre « Monologues sur le plaisir, la lassitude et la mort ».
Critiques
Second volet des « Monologues sur le plaisir, la lassitude et la mort » après Ecstasy (critique dans Bifrost 32) et en attendant Thanathos, Melancholia nous invite à retrouver Yazaki, le producteur de comédies musicales accro à la coke, au pognon et au sadisme haut de gamme. Yazaki a fait fortune puis a (presque) tout perdu avant de devenir un faux SDF à New York. Confronté à la journaliste Michiko venue l'interview, il va raconter sa vie, sa haine viscérale de Béjart et surtout sa lassitude, son immense lassitude... Il est souvent difficile de s'intéresser à ce second monologue, logorrhée sans fin d'un homme dépourvu de la moindre qualité, nihiliste et cynique, dont la philosophie pourrait se résumer ainsi : « comme la vie c'est de la merde, amusons-nous en surfant sur la vague puante, en faisant souffrir les faibles, ceux à qui il reste un peu d'espoir ». Ecstasy était un Murakami Ryû moyen traversé par quelques fulgurances inoubliables. Melancholia (publié en 1996 au Japon) est carrément anecdotique malgré deux ou trois passages qui emportent le morceau, notamment la scène de soumission de la pauvre Sanae Kanamori, et l'apparition du couple de Hongrois anti-SDF, méchamment équipé question quincaillerie. Quant à savoir si Yazaki va réussir à sauter Michiko avant la page 253 (visiblement, la seule chose qui intéresse l'auteur... et le lecteur potentiel), je resterai muet comme la tombe... CID VICIOUS Première parution : 1/1/2004 dans Bifrost 33 Mise en ligne le : 1/3/2005
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