FINITUDE Dépôt légal : 2004 Première édition Recueil de nouvelles, 224 pages, catégorie / prix : 17 € ISBN : 2-912667-18-6 Format : 12,1 x 17,0 cm Genre : Fantastique
« L'automate resta assis, immobile pendant cinq longues secondes, et alors très lentement, très précautionneusement, très mystérieusement, il se pencha en avant et dit d’une voix creuse et spectrale qui semblait venir des entrailles de la terre : « je suis hanté... »’’
Tel est le monde de W.C. Morrow, peuplé d’automates hantés, de suicides commercialisés, de pendules vengeresses, un monde où rôde la folie, où le fantastique se mêle au quotidien.
Oubliées pendant plus d’un siècle, les nouvelles de ce recueil, neuf petites merveilles à l’efficacité et à la précision impeccables, viennent d’être exhumées par un éditeur de Seattle. Elles sont traduites ici pour la première fois.
W. C. Morrow, qui avait lu les nouvelles d’Edgar Poe, celles de son ami Ambrose Bierce, mais aussi quelques français comme Vidocq ou Gaboriau qu’il cite, s’est forgé un style qui lui est propre. Il a même créé un genre que l’on pourrait appeler le fantastique policier ou peut-être déjà le thriller. Il a eu l’intuition de quelques-uns des grands thèmes qui baliseront la littérature de genre au XXème siècle : l’angoisse urbaine, la folie meurtrière, et ce mystère qui n’est jamais si opaque que lorsqu’il est à portée de main, derrière une porte, dans la pièce du fond ou dans le comportement d’un proche.
Alfred Jarry ne s’y était pas trompé, lui qui affirmait à propos d’un recueil paru en France en 1901 : « On n’a encore rien écrit de pareil ». Ces nouvelles inédites le confirment.
William Chambers Morrow est né en Alabama en 1854. A 24 ans, il s’installe à San Francisco et collabore à de nombreux journaux auxquels il donne ses nouvelles. Quelques-unes seront rassemblées en volume, en 1896, sous le titre Le singe, l’idiot & autres gens. Mais il se désintéresse peu à peu de son œuvre littéraire pour se consacrer au journalisme, plus lucratif. Lorsqu’il meurt en 1923, ses nouvelles fantastiques, l’essentiel de son oeuvre littéraire, sont encore dispersées dans les journaux. Il faudra attendre le XXIème siècle pour qu’elles renaissent.
1 - Jean-Baptiste DUPIN, Avant-propos, pages 5 à 7, introduction 2 - L'Automate hanté (The Haunted Automaton, 1885), pages 9 à 29, nouvelle, trad. Jean-Baptiste DUPIN 3 - La Pendule infidèle (The Unfaithful Clock, 1893), pages 31 à 52, nouvelle, trad. Jean-Baptiste DUPIN 4 - L'Ombre fatale (The Gloomy Shadow, 1887), pages 53 à 66, nouvelle, trad. Jean-Baptiste DUPIN 5 - Un Mystère à South Park (A Mystery of South Park, 1893), pages 67 à 94, nouvelle, trad. Jean-Baptiste DUPIN 6 - La Femme dans la pièce du fond (The Woman of the Inner Room, 1891), pages 95 à 122, nouvelle, trad. Jean-Baptiste DUPIN 7 - Un Point de vue inhabituel (An Uncommon View of It, 1880), pages 123 à 148, nouvelle, trad. Jean-Baptiste DUPIN 8 - L'Étrangleur écarlate (The Red Strangler, 1891), pages 149 à 178, nouvelle, trad. Jean-Baptiste DUPIN 9 - Le Cambrioleur possédé (The Haunted Burglar, 1897), pages 179 à 187, nouvelle, trad. Jean-Baptiste DUPIN 10 - La Compagnie générale de déchargement (The Removal Company, 1891), pages 189 à 222, nouvelle, trad. Jean-Baptiste DUPIN
Critiques
Et on reparle de William Chambers Morrow après la critique de Le Singe, l'idiot et autres gens in Bifrostn°34. Tout comme l'ouvrage de chez Phébus, Dans la pièce du fond est un recueil de nouvelles, mais ce coup-ci tous les textes sont inédits en langue française. A la dernière page on apprend que ce livre a été « achevé d'imprimer une effrayante et glaciale nuit de décembre MMIII sur les mystérieuses presses de Plein Chant à Bassac (Charente) ». Ambiance. Voilà un magnifique objet — tête de mort et végétation maléfique en couverture — qui réserve quelques frissons au fil de ses neuf nouvelles (vingt pages en moyenne), parmi lesquelles on découvre une pendule reproduisant une pendaison miniatures tous les soirs à 11h30, un automate hanté et cette fameuse (car terrifiante) femme dans la pièce du fond... Ma nouvelle préférée restant « Un Mystère à South Park », où l'on assiste à l'arrivée d'un étrange bateau et de sa capitaine à San Francisco à la fin du XIXe siècle. Neuf bijoux à l'écriture ciselée, fort bien traduits, qu'apprécieront tout particulièrement les lecteurs d'Edgar Allan Poe et les fans de littérature gothique.