Les signes sont formels, la Quatrième Ère s'achève. L'événement est d'importance car à chaque changement d'Ère une race disparaît. Qui, entre les humains, les homules ou les trolques va subir le sort effroyable ? Pour en connaître le nom, un huluth de magiciens, avait formé une Élue. Mais après l'assassinat de celle-ci, il missionne, en catastrophe, un groupe disparate composé d'un jeune marchand, révélé comme nouvel Élu, d'une magicienne mineure, d'une fillette sur laquelle pèse une malédiction, d'un trolque et d'Alaet.
Après moult péripéties, luttes titanesques contre Menatorn et son groupe des Obscurs, ils prennent connaissance du nom. Mais celui-ci est inattendu : il est inconnu et ignoré de tous !
Pour contrer la malédiction, le groupe doit continuer sa quête et aller au Medlahd, là où tout va se jouer. Mais la route est longue, nombreux sont les périls qui menacent les voyageurs et les appuis rares... De plus, le Medlahd est le pays de la guerre permanente. C'est un territoire composé de comtés où : « La guerre passait avec la régularité et la méticulosité propres aux fléaux naturels. »
Chacun fourbit ses armes en vue du conflit final, l'ultime signe. Alaet et ses compagnons peuvent-ils continuer à lutter contre Menatorn, le plus puissant de tous les magiciens ?
Les univers de Laurent Genefort, qu'ils soient de SF ou de fantasy, sont toujours novateurs, avec des composantes peu communes. S'il nous a montré, quelquefois, qu'il maîtrise des intrigues se déroulant à huis clos, dans un cadre restreint, il révèle, par contre, son grand talent dans la « démesure ». Laurent Genefort a besoin de grands espaces pour exprimer toutes ses capacités de création, d'imagination.
Avec Les Ères de Wethrïn, il se place une nouvelle fois à l'échelle d'un continent et s'attache à la survie d'un ensemble de races. Il nous régale à concevoir des faunes et des flores inédites, puisant pour cela, outre dans son imagination fertile, dans un existant terrestre peu connu dont il amplifie des prédispositions et les spécificités. Il en est ainsi des rajouls, un mélange de tigre, d'homme aux capacités physiques étonnantes.
La Guerre de l'Aube révèle d'autres facettes d'Alaet, qui se trouve ici engagé dans une quête qui ne le concerne pas. Il lui donne un profil plus ambiguë, plus équivoque. La palette des caractères de ses personnages est très variée, et si le méchant est vraiment méchant, les bons, par contre, ont des attitudes qui ne sont pas aussi honnêtes qu'il le faudrait.
L'auteur a une approche de la magie fort différente de celle des ses collègues, presque surprenante. Il fait, par exemple, des entités vivantes des sortilèges qui n'obéissent que par contrainte.
Il met toujours une certaine distance vis-à-vis du rôle héroïque de ses personnages, les faisant s'interroger, douter d'avoir réalisé ce qu'ils ont fait. Il ne perd jamais de vue la dimension « humaine » de ceux-ci.
Avec ce cycle, Laurent Genefort démontre, si besoin était, qu'il sait faire preuve d'innovation dans tous les genres littéraires. C'est un auteur complet qui nous offre une fresque passionnante.
Serge PERRAUD
Première parution : 12/9/2006 nooSFere