De la nouvelle de science-fiction au récit gothique, Emmanuel Thibault aborde ici, avec un égal bonheur, presque tous les aspects des littératures de l'imaginaire : Pour la gloire des Glômes révèle enfin dans ses moindres détails la terrifiante vérité sur les enlèvements par les extraterrestres, Cimia nous conduit au coeur d'une cité maudite comme auraient pu en imaginer Lovecraft ou l'un de ses confrères de l'époque héroïque du fantastique américain, Nécrophagie, sans doute le texte le plus dérangeant du recueil, offre une vision dantesque où se mêlent intimement vie et mort dans la mystérieuse alchimie de la décomposition... Malgré la noirceur de ces récits, l'humour ne sera pas en reste dans cet étonnant florilège d'un écrivain trop rare, féru de philosophie et passionné de fantastique, dont nous sommes particulièrement fiers de publier le premier livre.
Joseph Altairac
Emmanuel Thibault, photographe basé à Paris, exerce dans les domaines de la mode, du design et de l'art contemporain. Impliqué depuis de nombreuses années dans les activités éditoriales de l'Oeil du Sphinx, vous le retrouverez à la rédaction de nos fanzines comme Dragons & Microchips et Murmures d'Irem.
1 - Alain LE BUSSY, Préface, pages 5 à 6, préface 2 - Pour la gloire des Glômes, pages 7 à 41, nouvelle 3 - Jack le jaguar et les vampires, pages 43 à 80, nouvelle 4 - Sauvez Kiki, pages 81 à 105, nouvelle 5 - Le Monde oublié, pages 107 à 110, nouvelle 6 - L'Histoire du vampire à grande bouche, pages 111 à 129, nouvelle 7 - L'Absente, pages 131 à 135, nouvelle 8 - Mandragora, pages 137 à 138, poésie 9 - Goth verdammt, pages 139 à 150, nouvelle 10 - Nécrophagie, pages 151 à 159, nouvelle 11 - Cimia, pages 161 à 170, nouvelle 12 - Une histoire sans commencement, pages 171 à 179, nouvelle 13 - À bord du vaisseau noir, pages 181 à 199, nouvelle
Critiques
Ce recueil d'un relativement jeune auteur — son premier texte publié le fut dans le fanzine d'Alain le Bussy, Xuensé, en 1997 — parcourt toute la gamme de l'imaginaire : du fantastique à la science-fiction, de l'humour au drame, avec quelques excursions poétiques. En général, pour un nouvel auteur, l'écueil est représenté par l'originalité de la thématique choisie. Ici, Emmanuel Thibault évite de tomber dans le piège, en proposant certaines idées assez inédites, comme « L'histoire du vampire à grande bouche », relecture fantastique d'une histoire drôle bien connue ayant pour protagoniste habituel une grenouille, ou encore « Nécrophagie », sans doute le meilleur texte du recueil, où un homme fait son royaume d'une décharge de lépreux agonisants sur le bord d'une falaise. Néanmoins, certaines nouvelles manquent d'une idée forte : la fin de « Pour la Gloire des Glômes », satire agréable au demeurant, se devine quasiment dès la première page ; quant à « Jack le jaguar et les vampires », la chute n'est pas à la hauteur de l'ambiance prenante que l'auteur réussit à instiller. On signalera également au sommaire un récit d'inspiration lovecraftienne (tendance Randolph Carter), « A bord du vaisseau noir » et un autre marqué du sceau de Clark Ashton Smith, « Cimia ».
En somme, un recueil assez inégal, toutefois porté par un style certain, et qui propose plusieurs écrits intéressants, de ceux qui font espérer qu'Emmanuel Thibault — plus à l'aise dans le fantastique que dans la science-fiction — a encore une marge de progression importante, et saura nous délivrer un jour des textes vraiment aboutis.