Il est là, au-dessus d'eux depuis un an, ombre menaçante, sourde et muette. Tous attendent un signe, un message de ses occupants. Vont-ils envahir la Terre, sont-ils bienveillants ou hostiles ? Nul ne le sait. Le vaisseau ne part pas, et les Voyageurs se taisent...
Jusqu'à cette étrange nuit. La nuit du rêve. On apprend alors pourquoi ils sont venus. Ils proposent aux hommes ce que seuls les dieux possèdent : l'éternité. L'éternité... mais à quel prix ?
Il n'y en a qu'un sur dix mille pour s'interroger. Et refuser. Matt Wheeler, par exemple. Qui voit ses collègues, ses amis, et jusqu'à sa propre fille, se transformer en êtres qui ne sont plus tout à fait humains.
Résister ? Mais comment ? Comment sauver l'humanité ?
Né en 1953 en Californie mais vivant aujourd'hui à Vancouver, Robert Charles Wilson s'est imposé comme l'une des têtes de file de la science-fiction canadienne avec des romans tels que Mysterium, BIOS, Darwinia ou Les Chronolites, qui lui ont valu de nombreux prix littéraires.
Critiques
Les extraterrestres sont arrivés, on ne voit longtemps que leur énorme vaisseau, le temps que tout le monde s'énerve et qu'à Washington certains rêvent de putsch. Puis c'est le contact. Avec chacun. L'offre de l'immortalité, contre une mutation de l'humanité : cela renvoie aux Enfants d'Icarede Clarke, en 1953. Mais en 1992, Wilson a ajouté l'angoisse face à l'inéluctable empoisonnement de la Terre par l'homme. Il a aussi choisi de se centrer sur une petite ville de l'Oregon (malgré, aussi, un ex-colonel très perturbé ou le président des États-Unis), et aussi de suivre ceux, un sur 10 000, qui refusent l'offre. D'où une série de portraits : vieille fille mystique, post-adolescents paumés, ours solitaire, médecin dévoué (forcément), le colonel suscité, etc. On marche. Tant pis si c'est du soap opera. Margot a bien le droit de pleurer ! S'ajoutent des images fortes, préfiguration des Chronolithes, président revenant à ses 12 ans pour courir le pays en VTT ou femme devenant pour quelques heures papillon... D'autres semblent ratées, comme les peaux vides laissées par les partants, horrifiant les « vrais » humains. On teste d'ailleurs là le revers de la médaille : les humains réfractaires, sympathiques ou exaspérants ou bizarres ou psychopathes (d'où d'ailleurs des drames), bref très différents les uns des autres, sont aussi tous semblables, car tous persuadés que les autres ne sont plus humains, sans qu'on puisse expliquer leur choix, alors qu'il est trop rare pour plaider le hasard, même si ce pourrait être un beau pied de nez à tout déterminisme mécaniste. L'arbitraire peut gêner, comme l'impossibilité de voir en quoi les autres ne sont plus humains, affirmation qu'en fait rien n'appuie fors leur indifférence à l'argent, mais on supposera qu'alors l'auteur ironise. Bon, c'est sans incidence sur le romanesque, sans doute peu gênant pour le consommateur de thriller, et peut même faire digérer le roman par les allergiques à la SF. Mais cela reste un problème pour l'amateur, et empêche ce roman d'être abouti et vraiment marquant ; il est vrai que Robert Charles Wilson a fait du chemin depuis, et que s'il lui reste encore à s'améliorer, on parie pour cela sur ses prochains livres. Et en attendant, même anecdotiques, ses gammes antérieures restent bien agréables.